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Mad Max 2: le défiMad Max 2 / The Road Warrior
George Miller — 1981 — 9.5/10
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Pour ce deuxième volet des aventures de Max, George Miller conserve Mel Gibson et les poursuites automobiles mais fait table rase d'à peu près tout le reste. On passe donc d'une société gangrénée par la violence, où les forces de l'ordre sont de plus en plus impuissantes face à des malfaiteurs en tous genres, à un monde post-apocalyptique peuplé de hordes au look S-M qui fera date. Ce qui impressionne le plus dans cette suite, c'est son rythme, George Miller conduisant son film véritablement pied au plancher. Après une introduction sur des images d'archives qui retranscrit le côté révolu des événements qui nous sont montrés (et pour cause, puisqu'elles sont bien antérieures à l'époque où le film a été tourné) et revient sur le passé de Max, on passe immédiatement à une poursuite en voitures entre Max dans son Interceptor et des ennemis dans deux voitures et une moto. Dès cette première scène, Miller développe le côté stratège de Max, qui se sert de son intelligence plus que des armes (on apprendra plus tard que son fusil n'est pas chargé) pour se débarrasser de ses ennemis - cf. la manière dont l'un d'entre eux tire sur l'autre après que Max ait freiné brutalement ou comment il envoie valdinguer la première voiture dans la seconde pour provoquer un accident. Cette première scène nous présente le changement de look du personnage : fini le premier de la classe, rasé de frais, bonjour les aspérités d’un personnage vieilli (il arbore des cheveux blancs), à la barbe de trois jours et visiblement marqué par la vie. Les véhicules possèdent, eux aussi, un côté vieilli, sale: l'Interceptor rutilant du premier fait place à un véhicule qu'on imagine usé par les kilomètres parcourus par Max.
Si le film connaît une accalmie suite à cette première scène, c'est pour mieux développer le personnage taciturne de Max, principalement à travers ses relations avec le capitaine de l'autogyre (aussi bavard que Max est mutique, caricatural par certains aspects mais profondément humain) et le garçon sauvage dont le côté marginal renvoit au statut de Max. La scène où Max et le garçon échangent uniquement par le regard lorsque Max actionne l'instrument musical, fait circuler quelque chose d'assez profond entre les deux uniquement à travers l'image et la musique sans qu'aucune parole ne soit prononcée. Miller profite de cette accalmie pour développer sa menace. Des méchants terrifiants qu'on découvre à travers les jumelles de Max, caractérisés d'emblée comme des bêtes sanguinaires, implacables, qui tuent quiconque croisera leur chemin. Amusant de constater que le clan des méchants est entièrement masculin, tandis que les gentils incluent plusieurs femmes, comme si les méchants possèdaient un côté destructeur, stérile tandis que les gentils se distingue non seulement par leur pacifisme, mais aussi par leur fécondité, source de vie et donc d'espoir. Le look S-M des méchants ne m'a pas paru particulièrement dater le film, contrairement aux pyjamas blanc des gentils le vieillissent davantage. Malgré son cul nul dans son pantalon cuir, Vernon Wells conserve son côté hargneux, bête assoiffée de sang. Les personnages sont réduits à des archétypes, où leur attirail résume leur fonction (la guerrière valkyrie, le chef, la jeune innocente), mais pas besoin de plus pour qu'ils existent: un seul plan, une seule réplique suffisent à les caractériser. Un constat également valable pour les méchants, notamment Humungus, sorte d'hybride mi-athlète mi-monstre défiguré. Comme le fait remarquer Papagalo, tous ces personnages ont été brisés par un drame, certains ayant décidé de préserver leur humanité, d'autres de s'adonner à leurs instincts primaire, avec Max au milieu qui trace sa route en solitaire, plus intéressé par l'essence que par l'idée de sauver des vies, avant de s'allier à la colonie de Papagalo. Miller laisser deviner l'existence de tout un univers en filmant un désert hautement cinégénique avec pour seul décor le fort que se disputent les deux clans. Un fort qui donne à Max Max 2 un aspect western, avec une horde d'indiens modernes qui cherchent à se l'approprier. La musique de Brian May, sans être géniale, possède un aspect tribal qui se marie bien avec les images de Miller.
Bien sûr, Mad Max 2 ne serait rien sans ses scènes d'action, notamment la poursuite finale, véritable morceau d'anthologie, festival de tôle froissée bien violent qui recèle de plans bien iconiques qui mettent en valeur Max, comme par exemple, celui où il sort de la cabine du camion pour tirer une balle dans le pare-brise d'une voiture. Elle est composée d'un ensemble de micro-péripéties qui la rendent ultra-dynamique, bien rythmée et parfaitement jubilatoire. Max finit bien amoché, son état physique étant de plus en plus délabré au fur à mesure que le film avance. Le film se conclut par un plan ultra-iconique de Max arrêté au bord de la route, entérinant son accès au statut de héros et le faisant définitivement rentrer dans la légende du 7 ème Art....
PS : Le revisionnage en HD donne vraiment une seconde jeunesse au film et permet de révéler des détails qui passaient inaperçus avant, comme le grincement de la jambe mécanique de Max qu'on entend jusqu'à ce que le mécano y applique de l'huile alors que Max s'apprête à traverser le campement ennemi de nuit.