[Alegas] Mes Critiques en 2015

[Alegas]

The Others (Les Autres) de Alejandro Amenábar
(2001)

Pas revu depuis au moins une bonne dizaine d'années. A l'époque, je me souviens avoir été très déçu vu que je ne connaissais pas du tout la vague horrifique espagnole et du coup je m'attendais à du film d'horreur basique. Aujourd'hui donc, je revois le film à la hausse, bien que ça reste à mon sens le moins bon film de son auteur. Ce qui m'a étonné surtout, c'est de constater que, au contraire de son précédent métrage, The Others est un film qui est bien plus intéressant à voir à une seconde vision. C'est un peu sa force et sa faiblesse, puisque un spectateur n'ayant aucune connaissance de la finalité a des chances de s'ennuyer, tant le script n'aboutit à rien de concret la majorité du temps, mais ça rend le métrage captivant une fois le twist connu, puisqu'on se rend compte à quel point le film est très solide dans sa façon de le dévoiler petit à petit (et autant la révélation est prévisible quelques minutes à l'avance, autant l'identité des autres est difficilement trouvable par soi-même).

Au final, le film est une jolie porte d'entrée aux States pour Amenábar qui a sûrement été déniché par Tom Cruise (qui officie en tant que producteur dans un film où joue sa compagne de l'époque, pendant qu'il joue et produit Vannila Sky, remake de Abre los ojos) et qui confirme son talent avec cette fois un budget à la hauteur de ses ambitions visuelles. C'est bien simple, le film est formellement inattaquable (photographie magnifique, mouvements élégants, montage impeccable) et ce, même lorsqu'il va jusqu'à citer assez souvent Shining. Même la direction d'acteurs est de qualité, avec une Nicole Kidman qui enchaînait à l'époque les rôles marquants avec brio. Si The Others n'est pas un film dont la réputation va se jouer sur la frousse, c'est plutôt dans sa façon qu'il a de poser aux États-Unis un traitement particulier de l'épouvante qu'il faudra se tourner. En ce sens, le film a clairement été le déclencheur de la popularité mondiale de l'horreur ibérique. Pas spécialement un grand film donc, mais un film important néanmoins.

7/10

[Alegas]

Un cœur en hiver de Claude Sautet
(1992)

Il fallait bien que ça arrive à un moment, me voici donc déçu par un Sautet à la réputation plutôt flatteuse (sans aller jusqu'à dire que c'est un chef-d’œuvre, c'est considéré assez unanimement comme un bon film). D'une certaine façon, j'ai un peu l'impression de voir un film semblable à Les Choses de la vie (on y retrouve ce même intérêt pour des personnages financièrement aisés mais qui gèrent très mal leur vie sentimentale) mais sans l'approche subtile de ce dernier. Du coup, Un cœur en hiver ne va jamais plus loin que son intention de départ et ses personnages, là où Sautet m'avait agréablement surpris dans sa façon de transcender un récit. Mais le plus gros défaut du métrage reste, à mon sens, cette froideur constante qui ne sied guère au cinéma de Sautet. Alors oui, on pourra dire que c'est raccord avec le personnage interprété par Auteuil, mais ça dessert grandement tout l'intérêt du film qui, du coup, se regarde avec un ennui poli.

Seules scènes se démarquant du reste : une violente dispute dans un lieu public où, enfin, on a réellement l'impression de voir les personnages exister, et une séquence finale renvoyant à Max et les ferrailleurs (et globalement, seule scène du film où le découpage de Sautet se distingue). Il faut dire aussi que l'empathie vis à vis des personnages ne fonctionne quasiment pas, ceux-ci ayant la faculté d'agacer en l'espace de quelques scènes, à l'image d'un dîner où des bobos balancent leur opinion sur la vie comme si c'était des vérités. Là encore, je comprend bien que c'est tout à fait l'intention de Sautet (la preuve étant que chacun de ces bourgeois dévoilent finalement une vie loin d'être dénuée de défauts) mais pour le coup, le propos prend trop le pas sur une émotion quasi-absente du métrage. Enfin, si Dussolier et Béart s'en sortent bien, Daniel Auteuil ressemble à une erreur de casting. Le bonhomme peut être bon, mais là il se contente d'afficher la même tête de scène en scène. A partir de là, difficile d'adhérer de quelques façons à son personnage.

5/10

[Dunandan]

J'ai bien envie de sauter le pas (...) avec ce réalisateur, il m'intrigue

[Alegas]

Mar adentro de Alejandro Amenábar
(2004)

Ça ne vole pas sa réputation, à savoir l'un des meilleurs films d'Amenábar, malgré un sujet dont on ne sait pas trop pourquoi le réalisateur a voulu se diriger forcément vers ce projet. Sur le papier, Mar Adentro peut faire craindre une énième histoire vraie sur un handicapé moteur, récits souvent utilisés pour faire pleuvoir des récompenses en tout genres. Mais c'est sans compter sur le réalisateur qui non seulement va à l'encontre du traitement généralement utilisé sur ce genre de films, mais aussi tout simplement le choix de son sujet, puisque l'on s'intéresse ici non pas à un homme qui va chercher à vivre malgré son handicap, mais à un homme qui veut mourir à cause de son handicap et ce, malgré son attachement à la vie qu'il mène. Un choix surprenant mais qui se révèle payant, tant le personnage de Javier Bardem (dans un de ses meilleurs rôles) apporte énormément de fraîcheur, puisque l'on se retrouve face à un protagoniste où ses choix sont questionnés, analysés et parfois contredis par ses proches. Il en résulte un plaidoyer (encore que le terme ne colle pas vraiment tant on est pas dans la démonstration) sur l'euthanasie, sujet étrangement trop peu traité au cinéma, et qui arrive à dégager une puissance poétique grâce à un Amenábar qui ose s'exprimer par des scènes lyriques s'inscrivant parfaitement dans le récit, mais aussi grâce à Mateo Gil qui arrive à déjouer tous les pièges de ce genre d'histoire, notamment en donnant à chaque membre de la famille une personnalité propre et une vision singulière du propos même du métrage. Et même si le film possède quelques défauts, notamment quelques longueurs, il s'impose aisément comme une réussite à bien des niveaux, prouvant au passage qu'il n'y a pas mieux qu'un réalisateur de genre pour transcender un récit à la base classique.

8/10

[Jimmy Two Times]

Pas du tout d'accord. Bardem est bon mais alors ça parle de la mort avec d énormes sabots. Tu parles de poésie? C'est de la pleurnicherie pour ménagère surlignée au stabilo. Il n'y a pas 1/10 de la poésie dégagée par un Hana-Bi, qui lui aussi parle de la mort. Et le film est bel et bien bâti pour ramasser les breloques. C'est plus un plaidoyer contre les films qui n'ont aucune prétention à être reconnu. Je le trouve indigeste pour ma part

[Alegas]

Bah ouais il y a clairement de la poésie dans la façon dont le personnage de Bardem s'échappe de son quotidien pour prétendre encore être réellement en vie. Le concept peut paraître facile, mais c'est particulièrement bien amené et efficace dans un genre où on se contente un peu trop souvent de la jouer réaliste à fond.
Après, j'ai jamais dit que le film était pas conçu pour avoir des récompenses, c'est le cas, mais pour le coup c'est fait avec une réelle sincérité (on sent que les persos et leurs relations intéressent le réal) et surtout sans chercher à pondre un film sans complaisance aucune, ce qui était le gros piège d'un tel métrage.

[Jimmy Two Times]

Pas convaincu. C'est espagnol donc t'as l'impression que c'est différent mais c'est la même recette formatée que les trucs hollywoodiens du même genre, à commencer par les grimades de Bardem. Mais c'est pas grave, la ménagère à le même droit de citer que le cinéphile averti

[Alegas]

C'est espagnol donc t'as l'impression que c'est différent mais c'est la même recette formatée que les trucs hollywoodiens du même genre

Non. Dans un film hollywoodien, tu aurais eu une mise en avant de la relation entre Bardem et la nana qui souhaite le faire changer d'avis.
Ici tu as une famille dont une partie considère que son choix est totalement immoral, et jamais le film ne donne tord à ces arguments. Bref, tu as un film qui fait exister les persos sans les exploiter (dans le sens péjoratif du terme) et qui ne se permet pas de les prendre de haut pour les juger.

[dagokhiouma]

décidément en ce moment je suis d'accord avec les avis de jimmy

une torture ce film, c'est d'un chiant ! du film d'auteur dans toute sa chiantitude (oui j'invente des mots on s'en fout tant qu'on comprend) et son développement capillo tracté m'a horripilé, et je parle pas du rythme sinon je vais me faire insulter. Une très grande déception, je m'attendais vraiment à autre chose d'Amenabar et de Bardem que ce film qui sonne hyper faux. Les effets de sentimentalisme, c'est bien quand ils ne se voient pas, c'est un boulet dans le cas contraire. Bref j'arrete là car mon but n'est pas de troller.

[caducia]

je l'ai vu il y a longtemps avec beaucoup d'appréhension, et au final j'ai beaucoup aimé. Parole de ménagère.

[Alegas]

Les effets de sentimentalisme, c'est bien quand ils ne se voient pas, c'est un boulet dans le cas contraire.

Ouais enfin faut pas déconner, Mar adentro c'est très loin d'être un tire-larmes (au contraire d'un The Impossible par exemple).

[Scalp]

Je l'ai pas vu et je le verrais jamais, entre le titre roumain et la tronche de triso de Bardem c'est bon quoi.

[Alegas]

Tant mieux.

[Alegas]

Bonjour sourire de Claude Sautet
(1956)

Oh mon dieu la grosse purge que voilà. Donc ici c'est ni plus ni moins que le premier long-métrage de Claude Sautet en tant que réalisateur, mais qu'il n'a jamais considéré comme tel, allant même jusqu'à le renier dans des entretiens. Robert Dhéry, qui devait initialement tourner le film, ayant quitté la production, Sautet, alors assistant-réalisateur, se retrouva au contrôle d'une comédie qu'il n'a jamais voulu, mais qu'il mènera à terme afin de prouver aux financiers qu'il est tout à fait capable de réaliser un long-métrage. Du coup, si le film a eu la qualité de permettre à Sautet d'entrer définitivement dans le monde du cinéma, c'est bien la seule chose positive que l'on trouvera à redire sur cette comédie qui prouve, à bien des égards, que le cinéma français n'a pas attendu ces dernières années pour entreprendre des comédies débilitantes dont il n'y a rien à sauver. Rien que le pitch annonce la couleur, puisqu'on se retrouve dans un pays fictif où une princesse n'arrive plus à sourire, et donc son père promet sa main à quiconque arrivera à la faire rire, ce qui donne lieu à la venue forcée de comiques pour permettre à des politiques scrupuleux d'épouser la promise. Sur cette idée de base à la limite du WTF, on entre dans une succession de scènes toutes plus embarrassantes les unes que les autres. Entre les plans en mode Benny Hill, les soi-disant passages comiques (mon dieu le moment où la porte d'une chambre est électrocutée, ça m'a donné envie d'arrêter le film sur le coup) ou le climax final à base de méchants enfermés dans une cage à gorille, on est vraiment devant un film qui sombre dans la bêtise et l'inutilité la plus totale, ce qui donne l'impression d'un très long film malgré le fait qu'il dure à peine 1H30. Le casting, j'éviterais d'en parler par charité. Une purge intégrale qui me fait regretter mon âme de complétiste.

0/10

[lvri]

De Funès n'arrive même pas à sauver ce film ?