[Alegas] Mes Critiques en 2015

[Waylander]

Un film qui sera à coup sûr rentabilisé, je ne vois pas le risque.

Pourtant, il a pas fait un carton non plus. 370 millions (pour 110 de budget) dans le monde c'est pas non plus la foire aux haricots. Le risque, tu le prends bien plus avec des films de 200 millions qu'avec des ovnis à 50. Les plus gros succès , proportionnellement aux budgets, ce sont justement les films style Cloverfield, Paranormal activity etc... Budgets de merde, matraquage promotionnel = gros succès. A l’inverse, John Carter, 200 millions de budget (284 millions bo mondial) , gros plantage. Idem avec les films des Wachos. Des trucs d'aspects commerciaux, gros budget mais le traitement ne plait pas, les promos n'ont pas aidés et il n'y a rien de pire et de plus dangereux pour un studio que de se planter avec des gros budgets. Pour rester sur du Cruise, Oblivion a rapporté 286 millions (mondial) sur 120 de budget. (et de mémoire les promos ne sont pas comptées dans les budgets).

[Mark Chopper]

Tu n'es pas sûr de cartonner, mais les gros plantages restent rares quand même...

Tu es sûr de vendre les droits aux chaînes de télé, tu vendras bien quelques DVD/blu-ray (moins qu'avant par contre)... Donc le carton n'est pas garanti, mais le remboursement pratiquement.

D'où la blockbustérisation du cinéma américain qui délaisse de plus en plus les budgets "moyens".

[Milkshake]

Oui le vrai soucis c'est que les budgets moyen entre 50 et 100 millions ont totalement disparue. Sauf si tu arrives à avoir un acteur consideré comme une star par le studio. Bradley Cooper pour American Sniper.

Du coup on a plus que du tout petit film ou du très gros films, il n'y a plus d'espace pour des films avec un peu d'ambition, adulte qui necessite un risque financier sans avoir forcément avoir le déluges de scènes d'actions, FX qui permette de vendre un gros film.

Le seul qui arrive à se débrouiller dans cette espace de plus en plus restrain est Fincher (et encore il est obligé d'adapter des bouquin populaire) il a vraiment une place privilégié avec des budget très confortable pour ce qu'il a à mettre en scène qui lui permettre d'assouvir ses besoins de perfectioniste et ses talents de formaliste. Il faut esperer qu'il puisse continuer à en profiter.

[Alegas]

tu te refais kung fu panda 2 pour comparer ?

Ma foi oui pourquoi pas, surtout que j'en garde un plutôt bon souvenir avec le bad guy et la storyline sur les origines du panda.

[Alegas]

Foxcatcher de Bennett Miller
(2014)

A la base, je n'ai pas l'impression que le cinéma de Bennett Miller soit spécialement ma came, ayant trouvé assez ennuyeux son Moneyball malgré des qualités évidentes. Ça se confirme ici, d'autant plus quand on se rend compte que ce Foxcatcher est tellement calibré pour des récompenses en tout genre qu'il en devient une totale caricature. C'est bête car le fait divers dont découle le récit ne manque pas d'intérêt, et avait possibilité de donner lieu à un film thématiquement très intéressant. Malheureusement, tout est traité de façon extrêmement grossière, que ce soit la relation père/fils, mentor/élève ou le complexe d’œdipe du personnage de Carell qui est une honte absolue en terme d'écriture (les scènes avec sa mère ou encore le passage où il libère les chevaux, c'est du facepalm approved). Tout est surligné de façon à ce que l'on comprenne bien que les personnages présentés ne vont pas très bien mentalement, mais pour autant on ne les comprend jamais, à l'image du dernier acte de Carell qui, présenté de cette façon, n'a ni queue ni tête. Même formellement il n'y a pas grand chose à retenir, le film étant une succession de plans fixes, pas étonnant que le film soit ressorti avec un prix cannois. A la limite, je pourrais dire que le casting est à sauver, surtout Ruffalo qui est impeccable. Tatum et Carrel font de leur mieux, mais ils ne sont vraiment pas aidés par l'écriture de leur personnage respectif qui sombre peu à peu dans le fucked up le plus total. Un énième film vendu comme un classique instantané, mais qui sera oublié dans deux mois.

3/10

[Alegas]

The Jericho Mile (Comme un homme libre) de Michael Mann
(1979)

A l'origine téléfilm qui dépassait largement la concurrence de l'époque, The Jericho Mile est devenu en quelque sorte, grâce à une sortie dans les cinémas européens, le premier long-métrage de Michael Mann, à l'instar de Duel pour Steven Spielberg. Si d'une part, je suis quelque peu déçu par cette production que j'aurais dû, à mon sens, découvrir plus tôt histoire d'éviter la comparaison fâcheuse avec ce qui va suivre, je ne peux m'empêcher d'une autre part d'être très surpris pour ce premier gros essai de Mann derrière une caméra. C'est bien simple, on y trouve déjà, à différentes doses, les qualités qui seront louées par la suite dans le cinéma de Mann. Dès le générique de début, on y trouve sa façon particulière par les inserts et la force du montage à définir un lieu où l'on a jamais mis les pieds. Dans le cas présent, la prison de Folsom donne à chaque minute l'impression d'une authenticité imparable, et souvent grâce à la force du détail, cette façon que Mann a de mettre en valeur des choses à priori inintéressantes mais qui font pourtant le sel de l'univers qu'il filme.

Du coup, et ce malgré des moyens qu'on imagine plutôt limités, Mann arrive néanmoins à afficher une qualité de mise en scène qui, à défaut de s'illustrer par une image léchée, va plutôt se jouer sur un montage efficace alloué à des compositions de plan où l'on sent déjà la forte inspiration d'un cinéma-vérité. Malheureusement, malgré ces qualités indéniables, difficile d'adhérer à l'histoire que l'on nous conte. Non pas à cause du script, qui est d'une certaine façon un brouillon de Ali où le héros utilise ses capacités sportives pour des raisons sociales et politiques, mais davantage à cause d'un sens de la narration trop classique (il ne faut pas oublier que le film était véritablement pensé pour une simple diffusion télévisuelle) et d'un casting beaucoup trop à la rue (la séquence clé voyant la mort d'un personnage important est ridiculisée par le jeu d'acteur très limite du protagoniste principal). Du coup, à mes yeux, difficile de trouver dans ce film véritablement plus qu'une curiosité pertinente qui annonçait déjà un grand réalisateur à venir.

5,5/10

[Alegas]

The Wolf of Wall Street (Le Loup de Wall Street) de Martin Scorsese
(2013)

Déjà la troisième vision en ce qui me concerne et c'est clairement de l'excellent Scorsese, un film qui prouve que, malgré son grand âge, le bonhomme fait cent fois mieux que la concurrence quand il s'agit de parler de mise en scène, de maîtrise du rythme ou encore d'application de l'humour dans un film pas si bête que ça. Ce qui me fascine dans ce Wolf of Wall Street, c'est véritablement sa capacité à allier deux facettes bien différentes. La première renvoie évidemment aux classiques scorsesiens que sont Goodfellas et Casino, puisqu'on y retrouve cette même construction en rise & fall, et surtout cette volonté de suivre des personnages franchement loin d'être empathiques. La seconde facette est beaucoup plus évidente, puisqu'il s'agit du registre comique du métrage, qui se révèle être à la surprise générale l'une des meilleures comédies sorties ces dernières années. Certains critiques ont cherchés une sorte de complaisance, voire une justification d'un mode de vie totalement barré, mais c'est mal connaître Scorsese qui n'a jamais souhaité porter de réel jugements sur les personnages qu'il décrivait, se contentant d'afficher leurs forces, leurs faiblesses et leurs contradictions pour les rendre plus humains, mais pas pour autant plus attachants.

Du coup, Scorsese signe une gigantesque fresque comique où un loser un peu plus intelligent et ambitieux que ses congénères va devenir l'un des hommes les plus riches du monde. On nage évidemment en pleine représentation satirique de l'american dream, poussé ici à son paroxysme au point de perdre toute valeur de moralité et de succomber à la folie des grandeurs. Si le film tire parfois un peu trop en longueur, c'est un défaut aisément pardonnable tant Scorsese se révèle généreux en situations comiques, le climax étant cette fameuse scène où Belfort doit retourner chez lui au plus vite malgré l'effet puissant de drogues périmées. Sur ce point, à condition d'avoir l'humour requis, le film est inattaquable : on est plié en deux du début jusqu'à la fin et ce, sans jamais avoir l'impression de regarder un film décérébré. Cerise sur le gâteau : non seulement la mise en scène de Scorsese est comme à son habitude : élégante et efficace, mais on a en plus l'une des performances les plus hallucinantes de DiCaprio, qui prend ici un gros risque pour sa carrière, mais qui s'avère néanmoins payant tant le bonhomme est ici tout simplement habité par une folie furieuse qui ne le quitte jamais. S'il y a bien un réalisateur à l'heure actuelle qui ne donne jamais l'impression d'avoir le plus gros de sa carrière derrière lui, c'est bien Martin Scorsese.

8,5/10

[lvri]

Il faut vraiment que je le revois ce film. J'ai aimé son comique, ses acteurs, sa mise en scène .... Mais le film est beaucoup trop long à mon goût.
Clairement, je passais par des moments "wahou" et me retrouvais la demi heure suivante à m'ennuyer, ce qui me sortais complètement du film. Et ensuite, je rerentrais dedans pour une nouvelle demi-heure. Bref, sentiments mitigés.

[Jimmy Two Times]

T'as un ticket pour le Mann?

[Alegas]

MP.

[Alegas]

It Follows de David Robert Mitchell
(2015)

A l'heure où le cinéma d'horreur stagne, est repris par des majors pour donner lieu à des produits de masse, et où les bonnes surprises se font de plus en plus rares, un film comme It Follows ne peut faire que du bien. Certains crieront à la reprise du genre par un cinéma clairement typé indépendant, mais ça serait limiter un film qui cherche surtout à créer l'effroi via un concept original, au contraire des films récents surfant sur la vague déjà-vue du paranormal. Pour n'importe qui ayant un minimum envie de voir le métrage, je déconseille fortement la recherche d'informations au risque de rater une surprise de taille une fois passé les premières quinze minutes. A partir de là, une fois son concept (simple au point de se demander pourquoi personne n'a essayé avant) dévoilé, le film part pour une heure de tension totale, un genre de frousse devenu vraiment rare ces dernières années.

Il faut dire aussi que le concept est formellement très bien exploité, au point qu'on en vient à scruter le cadre à la recherche de la possible menace, pour un résultat qui en surprendra certainement plus d'un. Dommage toutefois que le film parte dans quelque chose de plus attendu dans son dernier acte (on pense évidemment au films de genre 80's, voire aux productions Amblin sur un penchant horrifique) et que la mise en scène en fait parfois un peu trop dans le panoramique sans fin, sans quoi on aurait pu aisément déclarer qu'on tenait là un futur classique, d'autant que le film possède un fond plutôt appréciable sur la sexualité de la jeunesse américaine, ainsi qu'une BO de qualité ouvertement inspirée du travail d'un certain Carpenter. Une bonne petite surprise qui, je pense, pourrait être tout aussi appréciable à une seconde vision.

8/10

[Val]

Yep, il est vraiment à conseiller celui-ci, toutes les comparaisons faites avec Carpenter sont vraiment justifiées. Après son Myth of the Amercan Sleepover, Mitchell devient un cinéaste à suivre de très près. Il y a déjà beaucoup de progrès entre les deux films, je pense que d'ici quelques années, il est capable de nous pondre des chefs d'oeuvres.

[Alegas]

Ça vaut vraiment le coup d'oeil son premier ?

[Val]

C'est dans un genre assez différent et un peu inférieur à It Follows, mais c'est un chouette film, qui laisse un bon souvenir et mérite le coup d'oeil.

[Alegas]

Abre Los Ojos (Ouvre les yeux) de Alejandro Amenábar
(1997)

Un poil déçu dans le sens où j'attendais un film bien plus percutant. Le problème étant que j'avais déjà vu le remake il y a plusieurs années, et vu que ce dernier reprend absolument toute l'intrigue à la scène près, autant dire qu'il y a eu peu de surprises pendant la vision. Mais rendons à César ce qui est à César, pour un second film, c'est tout de même sacrément étonnant. Amenábar avait déjà réussi à se démarquer aisément de la production ibérique de l'époque avec son Tesis, ici il continue dans un certain cinéma de genre avec son traitement bien à lui. Ainsi, pendant tout le métrage on se demande si on est devant un simple drame, un thriller paranoïaque, un film fantastique, voire du cinéma d'anticipation, et finalement la grande force de Abre los ojos est évidemment de mêler le tout pour former une très jolie tragédie humaine qui questionne les limites entre réalité et rêve.

Si le film est impeccablement réalisé (la séquence de boîte de nuit est magnifique, idem pour ce final vraiment très beau malgré le fait que ce soit totalement anti-spectaculaire par rapport à ce qui a précédé) on note tout de même une photographie bien moins soignée que sur Tesis. Est-ce une volonté d'Amenábar ou bien un manque de budget, toujours est-il que le film se paye du coup un look un peu cheap (il faut dire que la copie dvd n'aide pas vraiment, vivement un BR) qui noircit un peu le tableau. Pour le reste, hormis les séquences avec le psy qui tirent un peu trop en longueur quand on connaît déjà la finalité, ce qui me laisse penser que le film, comme son remake, est un métrage qui vaut surtout pour sa première vision, c'est vraiment bon, notamment côté casting où le film est très solide (Noriega assure et Cruz a rarement été aussi belle à l'écran). Un bon petit film qui accuse un peu de son âge, mais qui confirmait le talent certain de son auteur.

7,5/10