La Forteresse Noire - Michael Mann - 1983
Pendant une vingtaine de minutes, je me suis dit que ça n'allait pas être si mauvais que ça. Aussi éloigné puisse être ce film de l'univers de Michael Mann, on décèle au détour de quelques plans sa patte graphique et technique inimitable. Des nazis, des forces obscures, un décor intriguant soit pas mal d'éléments pour susciter l'attention. Et puis tout part en sucette au fil de minutes qui deviennent de plus en plus gênantes. Le prototype du film malade (mais pas du grand film malade), à la production souffreteuse, au casting en roue libre et sûrement charcuté comme c'est pas permis par le studio. Si on ajoute la partition très peu inspirée de Tangerine Dream (et pourtant là encore, au début ça passe bien, et puis ça collait à merveille dans le Solitaire), on est pas loin du nanar. Scott Glenn et son perso deus ex machina instaure une certaine forme de malaise, il se prend pour Cyclops dans X-Men mais on ne saura jamais trop pourquoi. Sans parler du fait qu'il joue avec un balai dans le cul. Ian McKellen et sa fifille incarnent de bons boulets de services, eux aussi complètement largués dans une histoire qui les dépasse. A la limite, il y a Gabriel Byrne et Jurgen Prochnow qui ne sont pas trop à côté de la plaque mais ils semblent s'être trompés de film, et se croient dans un pur film estampillé WWII. En résultent des scènes complètement approximatives comme cette scène de cul qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Par moment, on se demande si c'est bien Mann qui est derrière la caméra, c'est limite gênant. Le suppôt de Satan a plutôt de la gueule mais dommage qu'il ne sorte pas plus de ses gonds. Au final, on a l'impression de mater un croisement parodique entre les Maîtres de l'Univers et Papa Schultz. Une curiosité dans la filmographie de son auteur mais surtout un terrible aveu d'échec, il n'y a qu'à voir la manière dont il le renie aujourd'hui.
3/10