[Alegas] Mes Critiques en 2015

[moricenlive]

Faut que je fasse mon coming out un jour sur ce que je pense de Leone, j'ai honte

Une critique du numéro 1 du top ?

Je serais pas méchant je mettrais 7 quoi, son meilleur film

Non mais après je vais même pas tomber dans le débat, c'est une question de sensibilité pour le coup, mais le cinéma de Leone, aussi carré peut il être, m'emmerde profondément.

j'attends ta critique avec impatience. Même si j'aime beaucoup il etait une fois dans l'ouest, les avis divergents sont intéressants. Et puis pour une fois, je serai dans le "bon" camp.

[Jimmy Two Times]

Avec ta note au Bon...tu es banni du bon camp à vie

[moricenlive]

Un jour viendra où je ré-écrirai des critiques.

[Alegas]

The Theory of Everything (Une merveilleuse histoire du temps) de James Marsh
(2014)

J'avais un peu d'espoir en allant voir le film, de me retrouver devant une petite surprise. Finalement, le projet est à l'image de ce que l'on pouvait craindre et on a à l'arrivée un biopic bien consensuel pour faire pleurer dans les chaumières. La vie de Stephen Hawking, ça a toujours été du Oscar approved, au point que c'est surprenant que Hollywood ne se soit pas approprié ce récit plus tôt. Évidemment, cela se confirme ici dans un film qui n'a finalement qu'une véritable originalité, celui d'offrir comme point de vue (mais pas exclusif) celui de l'ex-femme d'Hawking, qui a traversé avec lui toutes les épreuves que lui ont infligé son handicap. Côté Hawking évidemment, pas de surprise puisqu'on est vraiment dans le récit typique du handicap physique qui doit être transcendé par la force mentale. On navigue toujours dans le bon sentiment, dans la bonne situation qui arrivera à émouvoir le spectateur, et du coup le métrage tout entier souffre d'une artificialité qui ne lui sied guère, la preuve étant que les rares passages réellement émouvants le sont grâce aux acteurs, et non pas grâce au script. Finalement, c'est toute la storyline de la femme d'Hawking qui trouvera grâce à nos yeux.

Alors oui, on est toujours dans le bon gros mélo, mais un point de vue comme celui-ci dans une telle histoire (l'aide devenant finalement autant victime de ce handicap au quotidien) fait son petit effet, malgré un final qui pousse assez loin le sentiment d’incrédulité (il faut voir comment est traité le départ de la femme, ça passe comme une lettre à la poste). Côté réal, on pouvait clairement s'attendre à mieux de la part de James Marsh, qui s'était illustré dans le documentaire. Non pas que sa réalisation soit mauvaise, mais elle ne cherche finalement pas plus qu'à produire de belles images. En revanche, la force du film tient dans son duo qui mérite amplement ses nombreuses nominations. Felicity Jones, que je n'avais pas revu depuis son tout premier film, m'apparaît ici comme une excellente actrice, arrivant à porter la majorité du métrage sur ses épaules. Quand à Eddie Redmayne, il confirme tout le bien que je pense de lui depuis Black Death. Si son rôle est très hollywoodien dans l'esprit (never go full retard), il le gère avec grande prestance au point que, par moment, on a réellement l'impression de voir Hawking, et non pas son interprète. Du biopic largement oubliable donc, qui ne vaudrait pas grand chose sans son casting de qualité.

4,5/10

[comICS-soon]

L'histoire m'intéressait et j'avais envie d'aller le voir malgré la BA bisounours absolument à gerber. Mais du coup j'ai été en Albanie...

[lvri]

Une critique quasi en même temps, mais une note qui passe du simple au (quasi) double.
Peut être que je suis un peu tendre, mais pour le coup, je te trouve un peu dur quand même.
Mais bon, on ne peut pas tous avoir le même avis !

[Alegas]

Je peux comprendre qu'on aime hein, mais moi ça me saoule ce genre de films académiques qui ne sont faits que pour recevoir une pluie de récompenses.
J’espérais une surprise style Le Discours d'un roi, mais non.

[lvri]

L'histoire elle même est une histoire à Oscar. Tu auras beau la tourner dans le sens que tu veux, elle reste une histoire à Oscar (et autres récompenses).
Il faut que je revois Le Discours d'un Roi (que j'avais beaucoup aimé aussi), mais de mémoire, il suit exactement la trame que tu reproches à Theory of Everything non ?

[Alegas]

Le Discours d'un roi a pour lui un traitement déjà moins artificiel : les personnages existent vraiment parce qu'on ne cherche pas forcément à virer dans le pathos permanent. Et puis le contexte du handicap est original pour le coup alors que le Hawking on a déjà vu ça 1000 fois avant (en gros c'est un remake de My Left Foot ).

[lvri]

C'est vrai ça, Hawking aurait pu trouver un handicap plus original !

Theory of Everything ne tombe pas dans le patho permanent. L'histoire se suffit clairement à elle même pour émouvoir. Et l'excellent jeu des acteurs fait le reste. (Enfin c'est un avis personnel). Bon après il n'est pas sans défaut non plus et je suis conscient de ma possible surnotation.

Mais je vais quand même revoir Le Discours d'un Roi pour comprendre un peu mieux la différence que tu fais entre les deux

[Alegas]

The Imitation Game (Imitation Game) de Morten Tyldum
(2014)

Un peu déçu quand même au vu du potentiel du récit. Mine de rien l'Enigma c'est un aspect de la Seconde Guerre Mondiale assez peu évoqué au cinéma malgré son importance capitale, et en l’occurrence un film sur l'homme qui a réussi à la décrypter (ce qui évoquait forcément l'envers du décor d'un tel conflit) avait de quoi faire rêver. Malheureusement, un film produit par les Weinstein et évoquant un héros homosexuel oublié et snobé ne pouvait qu'aboutir à un pur film à Oscars, ce qui se vérifie pleinement ici. Alors pour un tel métrage, ça se regarde vraiment sans trop de problèmes, pendant une bonne heure le sujet est même bien traité (même si, évidemment, ça aurait été encore mieux fait avec un bon réalisateur à la barre) et les évocations des problèmes hiérarchiques et des services secrets via les personnages de Strong et Dance font plaisir (et puis le problème moral que dégage le décryptage d'Enigma est assez inattendu pour le coup). En revanche, le film devient nettement plus classique et moins réussi quand il s'agit de traiter son personnage principal. Si le fait de l'orienter vers un cas d'insociabilité passe encore (cela donne même quelques scènes plutôt drôles) c'est véritablement tout ce qui tourne autour de son trauma homosexuel qui fait chavirer le film (paye tes flashbacks inutiles).

De film d'espionnage, on passe dans les vingt dernières minutes en plein plaidoyer pour la cause homosexuelle, chose totalement inutile puisque le simple oubli du rôle du personnage suffit en guise de descente aux enfers. A ce titre, le carton final en devient presque risible tant on évoque en conclusion de métrage un aspect qui prend à peine vingt minutes de film. Bref, derrière cette storyline, on sent bien les Weinstein qui veulent brosser l'Académie dans le sens du poil, et c'est finalement ce qui dessert fortement le film, qui aurait pu être bien plus que ça. Côté réal, c'est assez quelconque et sa nomination à l'Oscar est tout bonnement incompréhensible. En revanche, c'est déjà mieux niveau casting où Cumberbatch est toujours aussi bon pendant que les seconds rôles sont très bien choisis. Quelques mots sur la composition de Desplat dont je ne comprend toujours pas la popularité. Alors oui, c'est joli, mais c'est jamais mémorable pour autant. Un petit film honnête, mais bon encore une fois ça mérite clairement pas toutes ses nominations.

6/10

[Alegas]

Godzilla de Gareth Edwards
(2014)

J'avais quelques craintes à le revoir celui-là, et à ma grande surprise je reste campé sur mes positions. Alors oui, ce n'est pas le blockbuster ultime qu'on pouvait espérer (ce n'est pas le digne successeur d'un War of the Worlds, que ce soit sur le ton ou la forme) mais ça reste pour autant un film à grand spectacle qui renie totalement une tendance du cinéma de ce genre qui consiste à offrir un déluge d'action mal branlée sans avoir de note d'intention ou même un semblant de propos. Si on peut reprocher à Godzilla énormément de choses, que ce soit son teasing permanent efficace mais terriblement frustrant, ou encore la faiblesse d'écriture de ses personnages, mais il faut lui reconnaître sa volonté de ne pas vouloir ressembler au blockbuster lambda contemporain, une initiative qui trouve grâce à mes yeux malgré tout les défauts du monde. Gareth Edwards, qui avait su déjà se distinguer avec un Monsters très loin du premier film de petit malin pour offrir finalement une histoire d'amour contemplative, met ici un point d'honneur à vouloir ressusciter en partie un blockbuster 80's spielbergien au point de citer en partie un certain Jurassic Park, voire un War of the Worlds dans sa façon d'évoquer une ambiance de fin du monde. Une tentative qui fait un peu trop par moment "Petit Spielberg Illustré", notamment dans la façon de caractériser une famille , mais qui s'avère néanmoins efficace.

Ce qui plaît surtout dans ce métrage, c'est son refus catégorique du second degré, à une époque où l'on se sent obligé de placer l'humour n'importe où pour forcément acquérir le public par la sympathie. Edwards se veut proche et respectueux du matériau original et cela se ressent à chaque moment, notamment dans l'iconisation d'une idole monstrueuse indéniablement réussie. Si le Godzilla version 2014 n'a pas un propos aussi puissance que le film original japonais (chose quelque peu difficile, tant le contexte actuel s'y prête difficilement), il a rarement été aussi réussi visuellement parlant, que ce soit via une direction artistique inspirée (un Godzilla où la plupart des plans sont à hauteur d'homme, ça claque) et par des effets visuels sublimes. Alors oui, pour un film de personnages, le film rate quelque peu le coche avec des protagonistes qui ne provoquent jamais l'empathie, oui est un peu trop aux abonnées absentes, mais je préfère largement un film bancal à l'intention originale, plutôt qu'un film classique objectivement plus réussi. Du coup, si la perspective d'un Godzilla 2 déjà annoncé ne provoque pas spécialement d'impatience de mon côté (est-ce que Edwards pourra conserver sa note d'intention en offrant plus de spectaculaire ?) je suis vraiment curieux de voir le bonhomme à l’œuvre sur une franchise comme Star Wars, en espérant une certaine marge de liberté dans son approche artistique.

7/10

[Jimmy Two Times]

Les intentions louables et le refus du spectaculaire à outrance, ok. Les persos pourris, c'est rédhibitoire par contre.

[Alegas]

Mouais, chaque année on a des exemples de blockbusters avec des persos aussi pourris, et tout le monde s'en fout parce que les films sont bien plus orientés second degré alors c'est pardonné (coucou Marvel/Transformers et cie).
Comme je le dis dans ma critique, je suis prêt à excuser des défauts aussi gros dans un film qui a l'intention de s'élever de cette concurrence, ce qui est totalement le cas ici.

[Alegas]

Edge of Tomorrow de Doug Liman
(2014)

Sans contexte le meilleur blockbuster de 2014 (il faut dire que la concurrence n'était pas spécialement agressive) et peut-être bien l'un des films de SF les plus rafraîchissants de ces dernières années, à l'heure où le genre se contente un peu trop d'adaptations de licences existantes et de suites en tout genre. Avec un tel concept (Un jour sans fin qui rencontre Starship Troopers) il y avait de quoi craindre un film fucked up, et c'est avec grande surprise qu'on se rend compte qu'on a ni plus ni moins qu'un spectacle maîtrisé de bout en bout (à la limite on pourra chipoter sur le climax final un peu plus faible que le reste, mais il passe mieux à la seconde vision). Doug Liman est pourtant loin d'être un mec en qui on peut avoir une totale confiance vu sa filmographie en dent de scie, mais là il livre clairement son meilleur film en arrivant à rendre le tout totalement cohérent, et en particulier sur le plan visuel (géniale direction artistique, des méchas aussi inspirés ça fait plaisir à voir) où l'on sent bien un certain respect vis à vis de l'adaptation d'un manga (les mouvements des extra-terrestres, Blunt en action).

Le film est à l'image de son script : ludique, fun et assez premier degré dans son approche (ce qui n'empêche pas des touches d'humour bienvenues), et arrive constamment à garder un équilibre entre le spectaculaire et un intimisme qui permet à l'excellent duo Cruise/Blunt d'avoir une véritable relation finement travaillée. Non vraiment il y a très peu à redire sur ce divertissement de haute volée qui confirme la volonté de Cruise de bosser sur du projet de qualité. Vraiment dommage que le semi-échec du film (qui a conduit à un faux-retitrage des plus douteux) sonne le glas du blockbuster SF original pour un temps (Jupiter Ascending ne faisant que confirmer cette tendance). Tant pis, pendant que certains iront voir avec plaisir un raton-laveur et un arbre dans Guardians of the Galaxy 4, je me rematerais sans problème la Full Metal Bitch (qui pète des culs, il faut le dire).

8/10