Jupiter Ascending - Andy et Lana Wachowski (2015)
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Jupiter Ascending était une petite attente, mais une attente certes car en bon fan amateur de SF que je suis et le fait que les Wachowski m'ont redonné confiance en eux avec le génial Cloud Atlas, je me disais qu'au pire j'aurais un sympathique représentant du genre space-opéra. Et là, en moins de cinq minutes, mes espoirs se sont envolés peu à peu devant la médiocrité absolue du spectacle, je vais passer outre la direction artistique de mauvais goût pour me centrer sur ce qu'il y a de plus important dans ce genre de film : l’intérêt d'une véritable narration qui doit emporter le spectateur dans un autre monde, à l'instar de Jupiter et lui en faire comprendre son essence, sauf que là, j'ai été perdu a plusieurs reprises, entre les personnes introduits au burin (les trois bad guys), les explications qui reviennent tellement souvent qu'on s'y emmêle les pinceaux, ce qui est quand même difficile a croire surtout quand le film est vendu comme le plus "simple" de leurs auteurs, en comparaison Matrix Revolutions me semble bien plus limpide !
Mais justement le cinéma des Wacho ne s'est jamais contenté de facilités : du gunfight sur-stylisé de Bound alors que le film est censé être un petit budget, au montage audacieux de Cloud Atlas en passant par les courses éprouvantes mais inventives de Speed Racer, chacune de leurs œuvres, même les plus controversées, étaient d'authentiques propositions de cinéma. Chose que je n'ai jamais ressenti devant Jupiter Ascending, pour la première fois, la fratrie m'a semblé s'effacer derrière leurs influences plus ou moins louables, qui vont de Brazil a Star Wars et pire, ont plongé pieds joints dans la mièvrerie totale, entre la relation Channing Tatum/Mila Kunis qui sent l'amourette pour ado en manque de sentiments, les dialogues embarrassants, les bad guys qui provoquent plus la peine que la crainte et l'emploi interessant sur le papier de certaines idées mais qui à l'écran ne fonctionne pas du tout (la moisson humaine pour créer une fontaine de jouvence qui aurait du être plus mis en avant ou le délire des abeilles), il est évident que le duo à la fois manqué de recul mais aussi souffert de contraintes. Pour autant devrais-je être indulgent ? Non, car ils valent bien mieux que ça, ne serait-ce que d'un point de vue formel leurs films avaient toujours laissé à l'action et leur mise en scène un aspect primordial, mais là même dans ce domaine, le film est certes généreux (trop même parfois je dirais mais j'y reviendrais plus loin) mais l'audace se limite aux baskets volantes de Tatum, car si les scènes sont objectivement bien faites, on est loin des folies de montage de Matrix Reloded par exemple, bref un autre réal aurait pu faire ça aussi bien qu'eux.
Comme je le disais je trouve le film trop généreux, "comment ça Jed il aime plus la baston maintenant ?" me diront les défenseurs du film, je m'explique, je soupçonne ici l'action d'être une rustine permettant de réveiller le spectateur dès qu'il commence a perdre la logique de l'histoire, a chaque fois que je commençais a réfléchir sur le film, bim Tatum débarque miraculeusement pour défoncer du lézard/alien/cosplay (rayez les mentions inutiles) avec ses baskets magiques, du coup je repartais a zéro a chaque fois et je restais encore plus largué qu'avant. Mais je ne vais pas m'étendre plus car vous l'aurez compris que Jupiter Ascending représente a mon sens le mauvais côté du Space-Opéra et fut une séance particulièrement tendue car je m'attendais clairement pas à un désastre de cette ampleur, espérons que les Wachos sauront tirer les leçons de cet échec et peut-être sortir de la SF un temps, ça leur ferait le plus grand bien.
2/10