Hell in the Pacific (Duel dans le Pacifique) de John Boorman
(1968)
Sur le papier, le film avait tout pour me plaire si on excepte les deux têtes d'affiche dont je ne suis pas particulièrement friand, et finalement là où j'attendais un premier film personnel de Boorman en terme de traitement thématique, je me retrouve plus devant un film de commande un peu osé. Sur un pitch tout ce qu'il y a de plus simple (le film démarre directement, nul besoin de connaître les passés respectifs de chaque protagoniste), Boorman livre une œuvre qui se veut avant tant tout efficace, quitte à ne pas développer des sous-textes pourtant intéressants qui seront développés dans d'autres films du réalisateur (la place de l'homme face à la nature, la barrière du langage, etc...). Si on ne peut reprocher au métrage ses intentions de départ louables, c'est bien plus du côté du traitement qu'on y trouve à redire. Le film affiche quelques longueurs et ce, dès son premiers tiers qui devient vite répétitif, et se précipite dans son final qui était pourtant ce qu'il y avait de plus intéressant (à ce titre, la fin imposée par le studio est une honte absolue qui fait mal aux yeux).
L'autre reproche principal que je pourrais faire se tient aussi sur le choix des deux acteurs. Non pas que Mifune et Marvin ne s'en sortent pas, bien au contraire, mais là où un tel film aurait gagné à avoir du réel talent de composition pour créer l'empathie, le choix a plutôt été de se tourner vers des gueules charismatiques pour mieux vendre le film, quitte à ce que ces mêmes gueules ne dégagent aucune émotion. Un choix qui fait toute la différence à mes yeux, puisque l'on suit tout le long des personnages qui, au final, ne m'intéressant pas plus que ça en terme d'implication. Rajoutons à cela une mise en scène de Boorman qui se cherche encore (le seul vrai moment que je retiens étant la séquence du face à face où chacun s'imagine en train de tuer l'autre) et on obtient un film prometteur qui se cherche encore beaucoup trop. Dommage, car il y avait matière à un grand film.
6/10