[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[Jed_Trigado]

Roy Colt & Winchester Jack - Mario Bava (1970)

Probablement le pire western spaghetti que j'ai vu pour le moment avec T'as le Bonjour de Trinita, je me doutais assez lucidement que Bava n’était pas l'homme de la situation mais why not, il a été souvent capable de transformer le plomb en or. Là c'est simple, Roy Colt condense a peu près tout les mauvais travers du genre : un humour bas du front traité avec un certain cynisme (on sent que Bava n'y croit jamais) et une pauvreté budgétaire qui frise l'indigence, il y a fauché et fauché, mais là quand tes acteurs en sont réduits a utiliser leurs armes en tirant a vide et qu'on fout des fumigènes un peu partout pour masquer le fait qu'il y ait pas de décors, ça la fout mal. C'est une évidence, le travail en studio sied mieux aux compétences du maestro. Par bonté je ne parlerais pas du script qui n'est pas vraiment un, mais une sorte de patchwork foutraque alternant gags embarrassants, virées au bordel et balades interminables dans une vulgaire carrière italienne menées par des acteurs tantôt apathiques, tantôt fatiguants de surjeu.

Triste incident de parcours que voilà de la part de Mario qui était dans une période assez difficile, mis au ban par des réalisateurs plus jeunes et "modernes", qui se voit obligé de cachetonner sur un film qui ne lui ressemble pas (j'ai rarement vu un truc aussi fade visuellement chez lui) et ce manque d'implication hélas se ressent à chaque instant.

2/10

[angel.heart]

Ce doit être le seul Bava que je n'ai pas. Je crois que ça va rester comme ça...

[Alegas]

True Lies - James Cameron (1994)

La révision de La Totale ! m'a donné envie de replonger dans ce film dont j'ai usé la VHS étant gosse et que je n'avais plus revu depuis des lustres. Le duo Schwarzy/Cameron sortent la grosse artillerie pour remaker une petite comédie française, ne serait-ce pas abusé ? J'ai envie de dire oui et non, si Cameron propose de sacrés morceaux de bravoure (le gunfight des chiottes, le strip de Jamie Lee Curtis ainsi la course-poursuite sur le pont absents du film original), il n'offre jamais plus que son modèle, reproduisant parfois au plan près les mêmes situations que dans le film original. Le comble étant que ça dure 30 minutes de plus, histoire d'assurer le quota bourrin....Est-ce que cela en fait un film mauvais voir même inutile ? Disons que l'on peut préférer l'approche "over the top" de Iron Jim au charme plus franchouillard du Zidi, mais j'avoue que j'aurais aimé que le film prenne un peu plus de distances (certes on y gagne Paxton contre Boujenah, mais on perd Eddy Mitchell pour un Tom Arnold fadasse en comparaison, donc ça fait 1 partout).

Ceci dit si on le voit comme un véhicule pour Schwarzy (ce qu'il est véritablement tant la patte Cameron s'avère inexistante), le film tient encore bien la route, il assure bien dans son double rôle de James Bond/père au foyer et tout l'aspect comique fonctionne bien mieux que dans toutes les autres comédies qu'il a pu faire (coucou Ivan Reitman). Par contre, gros bémol sur la réalisation de certaines scènes d'action, surtout la poursuite dans la neige et celle a cheval où j'avais jamais vu des doublures aussi mal dissimulées (là pour le coup Scalp n’exagère pas dans sa critique ) même les gros plans, c'est des cascadeurs. Chaud pour un film d'une telle ampleur.

6/10

[Mark Chopper]

Yep, les doublures ça crève les yeux.

Ce qui m'a fait réfléchir : comment se fait-il qu'ado on n'y voit que du feu ?

[angel.heart]

J'me suis posé la même question en revoyant Volte face!

Mais je n'ai pas la réponse...

EDIT : c'est peut-être moins flagrant en qualité VHS.

[Mark Chopper]

Je crains qu'en vieillissant "l'immersion" soit moins profonde et les défauts de fabrication sautent plus à la gueule.

[Jed_Trigado]

Après c'est une question de suspension d'incrédulité, c'est pas une perche qui apparait dans le cadre ou un faux-raccord qui fait la qualité ou l'échec d'un film je pense. Même chez un Kubrick, il y a des scories de ce genre.

[Mark Chopper]

Enfin là Schwarzy est même doublé pour marcher sur la neige

[Jed_Trigado]

Oui là c'est extrême, on dirait les DTV de Seagal avant l'heure.

[Alegas]

Ali - Michael Mann (2001)

Boxeur au palmarès qui en ferait rougir plus d'un et surtout homme de convictions au franc parler inimitable, Mohammed Ali se devait un jour d'avoir son biopic, par chance c'est Michael Mann qui s'y colle et il ne va pas faire les choses comme tout le monde. Exit les origines et le déclin du boxeur (mais a t'il vraiment décliné d'ailleurs ?), pour se concentrer sur le pic de sa carrière qui se situe entre 1964 et 1974, autrement dit à partir de la victoire de son premier titre mondial, jusqu’à son combat contre George Foreman au Zaire, qui restera pour sur l'un des plus grands matchs de boxe jamais vus. Ali se distingue par son caractère elliptique (une conséquence du montage ciné ?), comme s'il savait qu'on pouvait atteindre l'essence du personnage sans forcément raconter toute sa vie, c'est a peu près le même constat concernant les seconds rôles, qui sont là sans être là (je pense aux persos de Foxx et Ron Silver par exemple) ou quand ils ne sont juste pas plus mis en avant qu'Ali lui-même (tout le passage avec Malcolm X surtout, Mario Van Peebles y trouve le rôle de sa vie).

C'est aussi le film qui va inaugurer la phase "experimentale" de Michael Mann, jusque là, ses films gardaient une certaine tenue, restaient dans les rails du cinéma hollywoodien, Ali, malgré sa stature de film situé dans le passé, va opter pour un modernisme surprenant au départ mais suffisamment bien dosé et justifié pour que ça passe (ce qui sera le moins cas par la suite...) : filmage en caméra numérique a certains instants intimistes avec la fameuse Viper qui me fait tant grincer des dents aujourd'hui, mais aussi un usage décomplexé de la musique, les tubes de l'époque côtoient des morceaux contemporains comme Moby, sans parler de certains gimmicks de mise en scène qui n'auront jamais eu autant de sens que dans ce film, comme ses gros plans extrêmes qui collent parfaitement lors des matchs de boxe. Bref, on est très loin d'un biopic lisse et formaté, où le fond et la forme servent une vision, plutôt assez juste du personnage qu'est Ali (par exemple, il était important de montrer son erreur d'avoir tourné le dos a son ami Malcolm X après ses tensions avec Nation of Islam, chose qu'il considère encore aujourd'hui comme son plus grand regret), même si j'émettrais quelques réserves sur Will Smith, il a beau se donner à fond dans son rôle, il garde pour moi une allure de mec gentil qui fait tâche avec la troche hargneuse du vrai Ali, du coup ça me sort par moments du film, à l'inverse les seconds rôles sans exception sont parfaitement choisis et arrivent à faire vivre leurs persos le peu de temps qu'ils ont à l'écran.

Du très bon Mann tout simplement.

8/10

[Mark Chopper]

Jon Voight en mode Patrick Sébastien me gêne dans ce film... On peut dire de Steve Carrell dans son dernier film, là c'est la même chose.

Pourquoi vouloir la ressemblance à tout prix ? Tout ce maquillage est atroce en HD.

[dagokhiouma]

tu y vas pas un peu fort là ?

[Jed_Trigado]

Chasers - Dennis Hopper (1994)

Alors qu'en est-il de cet ultime passage derrière la caméra du brave mais inégal Dennis Hopper ? L'amorce de Chasers m'a surpris dans sa première demi-heure puisque j'ai eu l'impression de me retrouver devant un mix interessant de The Last Detail (pour le pitch) et MASH (pour le délire), annonçant une comédie bien beauf où les marins passent pour des tocards, si le film avait été du même acabit pendant toute sa durée, j'aurais dit mille fois oui rien que pour le fait de voir Hopper changement totalement de registre. Malgré qu'il appelle tous ses copains pour jouer des micro-rôles (Dean Stockwell en vendeur de bagnoles, Gary Busey en GI zélé, Seymour Cassel et Hopper se paye lui-même un petit caméo bien crétin, prothèse nasale à l'appui ), Chasers s'enfonce très vite dans un récit de road-movie balisé où le trio de personnages se limitent à des caricatures répétitives, soit le jeune naif, le vieux bourru et la pin-up qui va semer le désordre entre les deux, on aura vu mieux et plus drôle.

Dommage qu'a part quelques éléments disséminés ici et là, le potentiel sympathique du film ne décolle jamais, hésitant entre le sérieux pur (la relation Erika Eleniak/McNamara) et la clownerie totale, ce qui fait qu'on sait jamais vraiment où se positionner. Au moins d'être accro à l'ambiance "Amérique profonde/BO country a tout va" et aux nibards de la dame Eleniak, difficile d'y trouver son compte.

4/10

[Mark Chopper]

Erika Eleniak sur un bateau, ça me rappelle quelque chose...

[pabelbaba]

Oui, mais quoi?