Sorcerer aka
Le Convoi de la Peur de William Friedkin - 1977
Bon, bah comme prévu ça envoie du pâté.
Friedkin qui réalise un film d'aventure ça fait nécessairement fantasmer. Surtout quand en plus il revisite un film déjà un peu ancien et pourtant toujours aussi percutant. Le gros apport de cette version, c'est l'intro où l'on nous présente de façon succincte les quatre protagonistes de cette traversée infernale. Pas de bout de gras, c'est sec, nerveux et implacable. Quasiment tout passe par l'image, il y a très peu de dialogues. Du coup on n'a pas tous les détails, mais on sait et on peut broder soi-même autour de ce qui nous est montré. En plus, fidèle à son habitude, on est dans le bain direct, malgré des changements d'ambiance et de lieu plus que surprenants. Friedkin s'appuie pour cela sur pas mal de plans de coupe introduisant des détails du quotidien des endroits où l'on se trouve.
La suite est du même acabit, la présentation du pays d'Amérique Latine est tout aussi parfaite, avec ces conditions de vie pourries, le danger à tous les coins de rue, même au travail, comme dans cette séquence où les ouvriers soulèvent un pipeline géant qui rappelle tragiquement les pires moments de
Fitzcaraldo d'Herzog.
Et après, vient la traversée... C'est du grand art, complètement dément. Le suspens égale, voire dépasse, celui du Clouzot, notamment grâce à cette scène insensée dont est tirée l'affiche qui relève du plus gros moment de bravoure du cinéma. Sur le cul du début à la fin! Aucune idée de la façon dont ils s'y sont pris pour tourner un truc pareil. A vrai dire, je ne veux même pas savoir, je préfère me faire mon propre mythe.
Pas besoin de parler du rythme, forcément haletant avec de telles péripéties. En revanche on peut regretter la présence de Roy Scheider, pas vraiment à la hauteur du reste. Parce que les trois autres remplissent bien leur rôle et ont vraiment la gueule de l'emploi. Et puis pas de bol, Scheider me rappelle le mec inutile de la bande d'
American Pie.
Enfin c'est un détail, car le film est plus porté par l'ambiance (superbes compos de Tangerine Dream d'ailleurs) que par la performance des acteurs.
9/10