[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[dagokhiouma]

ah ouais quand meme !

cette affiche qui mélange et confond un samourai et un ninja, ça donne tout de suite le ton

[pabelbaba]

Ces captures...

[Jed_Trigado]

Mannaja - Sergio Martino (1977)

Sergio Martino, il y a pas à dire, c'est l'un des techniciens ritals que j'apprécie le plus car il combine plusieurs qualités à mon sens : la maitrise visuelle, l'éclectisme et point essentiel, ce souci de ne jamais ennuyer le spectateur ou de le prendre pour un con, bref on en a toujours pour son fric chez lui. A l'aise dans a peu près tous les genres à la mode des 70/80's, il était normal qu'il touche un jour au western spaghetti même si sa tentative marque la fin définitive d'un cycle, on pourrait s'attendre à une œuvre crépusculaire ou "testament" comme a pu le faire Adios California ou Keoma, pourtant malgré son imagerie macabre, Mannaja se distingue par une certaine candeur dans son traitement comme si Martino pensait que le genre n'allait pas mourir.

Pourtant l'excellente (et violente) scène d'ouverture tout droit sortie d'un film d'horreur de Lucio Fulci avec son gore et ses effets de fumée annonce un film tout autre, à des années lumières de la violence stylisée habituellement accolée au western italien, le récit prend ensuite une allure plus classique avec un héros traumatisé mais très simpliste dans ses motivations (joué par un faiblard Maurizio Merli, habitué des polars), du coup on a vraiment l'impression de revenir des années en arrière, ce genre de films n'ayant plus vraiment sa place (surtout après un Keoma qui reste LE tombeau idéal du western). Quelque part, je ne suis pas surpris car Martino reste un artisan pur et dur, qui refuse systématiquement de se mettre au-dessus des genres qu'illustre, qui ne pense qu'a l'instant présent et évacue dès lors toute forme de cynisme, la seule véritable idée qui sort du lot reste la vengeance du héros qui se détourne a mi-parcours sur une autre personne, mais pour le reste j'ai eu du mal avec ce héros trop sympa pour être honnête. D’ailleurs, ça va en étonner certains, mais je pense que si Martino avait traité son histoire en enlevant certains moments "bis" (qui font vraiment figure de bouche-trou pour le spectateur moyen en lui évitant l'ennui) et accentuant son ambiance sombre, on aurait pu avoir un bien meilleur film, là en l’occurrence, on ne dépasse jamais le stade du bon divertissement.

Pour autant, je trouve dommage qu'il ne se soit pas mis au genre plus tôt car malgré des moyens assez réduits (on voit que l'usage de la fumée n'est pas là que pour faire joli mais bien pour dissimuler les décors en ruine) dans un contexte de production de plus en plus rude et une histoire vue et revue, il pouvait faire quelque chose de tout à fait décent, voir même du niveau de ses meilleurs giallis je pense.

6,5/10

[pabelbaba]

Combo bonus moustache + coup de pelle dans la tronche!

[Jed_Trigado]

Puppet Master - David Schmoeller (1989)

Suite au succès de Dolls de Stuart Gordon et conscient de fait d'être assis sur une mine d'or avec ce concept de poupées tueuses maléfiques, le producteur Charles Band va très vite enchainer avec Puppet Master qui connaitra un nombre incalculable de suites et restera la saga phare du studio Full Moon, l'un des derniers bastions de la série B à l'ancienne. Il embauche à la réalisation David Schmoeller, qui a bossé sur pas mal de films Full Moon et dès quelques films que j'ai pu voir de lui, on sent qu'il a une patte bien reconnaissable (le goût de huis-clos, de l'étrange et l’obsession des êtres inanimés, comme les mannequins ou les poupées, tiens donc), ce qui donne déjà un peu plus de sel à ce projet en apparence mercantile.

Si Schmoeller se tient à un cahier des charges bien indiqué (notamment sur le quota cul), il ne livre pas vraiment le film qu'on pourrait attendre, Puppet Master est plus tenu par son ambiance soignée (la photo est signée par Sergio Salvati, le chef op' de l'age d'or de Lucio Fulci, ça vous pose le niveau) et son rythme très lent (mais pas chiant pour autant, j'insiste là dessus car tous les films de Schmoeller sont comme ça), inhabituel pour une production Full Moon qui privilégie en général l'accumulation et la frénésie. En effet, les meurtres interviennent assez tard dans le film et les poupées se font peu présentes, mais en contrepartie, ça donne un aspect carrément iconique a certaines d'entre elles (je suis fan du look de Blade qu'on croirait sorti d'un giallo) et leurs actes sont teintés de cruauté, alors qu'en d'autres mains ces poupées auraient pu être complètement ridicules à l'image, même si certaines scènes hélas n'évitent pas les incohérences comme la première victime qui attend comme une conne de se faire forer la bouche alors qu'elle était en rapport de force ou un climax qui se termine de façon évasive.

Puppet Master s'affirme comme un des fleurons de l'âge d'or du dtv (en gros, fin 80/mi-90), où on pouvait tomber sur d'aussi bons films au vidéo-club qu'en allant aux salles de cinéma.

7/10

[Jed_Trigado]

Puppet Master 2 - David Allen (1991)

Une suite qui sent un peu trop le réchauffé à mon goût : même décor, même musique, séquences similaires au premier film. Pourtant le film avait quelques atouts en main pour se démarquer un tant soit peu, la présence de David Allen aux commandes, spécialiste des SFX, aurait du logiquement pousser a exploiter à fond les poupées qui sont les vraies stars de la franchise pour en faire un divertissement bigger and louder comme toute bonne suite qui se respecte. Mais c'est mal connaitre la logique pingre de Charles Band qui n'alloue même pas un budget plus élevé a cette séquelle alors que le premier avait coûté une misère et fut plus que rentable, résultat ça se sent dans l'ambition du truc qui est réduite à son strict minimum, on y gagne tout juste une nouvelle poupée au look nazi arborant un lance-flamme a la place de sa main droite, sympa.

Mais comme Allen n'est pas un foudre de guerre dès qu'il s'agit de filmer autre chose que la stop motion ou des animatroniques, le travail d'ambiance est ici bien cheap façon vieux film érotique soap au rabais, on s'emmerde pas mal et ça enquille mollement les scènes imposées (sans trouver que les acteurs du premier film méritaient un oscar, ils demeuraient plus supportables que ce casting de têtards sorti d'un sous Beverly Hills). Tout au plus, on pourra être sensible au bad guy qui est une citation évidente à l'Homme Invisible de James Whale, mais sa présence reste injustifiée en termes de logique (la saga est un vrai bordel niveau cohérence ^^). Au final, l'impression de se trouver devant un film inutile se fait ressentir tout au long de la séance, on pourra faire l'impasse sur ce film et passer directement au troisième opus qui m'a l'air autrement plus interessant.....

3/10 (dont un point bonus "gamin mort")

[Jed_Trigado]

L'Impitoyable - Edgar G. Ulmer (1948)

Un récit d'ascension social assez cruel pour l'époque qui m'a bien captivé, gâché juste par quelques scories dommageables (notamment un interprète principal qui parait toujours constipé), autrement ça confirme le bien que je pense d'Ulmer après l'étrange mais stylisé Detour. Ce que j'ai bien aimé, c'est que très vite on se met à détester le personnage principal, malgré son enfance détruite à la fois par le regard des autres et ses parents au début du film, il va avoir aucun scrupule a manipuler les gens (et surtout les femmes) pour arriver à ses fins. C'est assez classe visuellement et on s'emmerde pas, mais une telle histoire je pense aurait pu avoir un traitement encore plus efficace, notamment sur l'usage des flashbacks pas toujours bien exploité.

6,5/10

[Jed_Trigado]

Puppet Master 3 - David DeCoteau (1991)

On relève le niveau avec le troisième opus, qui cette fois est un prequel situé en Allemagne nazie nous racontant comment André Toulon (le fameux "puppet master" du titre) a crée ses poupées vivantes (du moins pour Blade et Leech Woman). D'emblée ce qui frappe, c'est la tenue globale de l'ensemble qui est encore plus classe que le premier opus et se permet en prime de gagner un rythme plus soutenu, ainsi qu'un vrai putain de bad guy joué par cette gueule cramée de Richard Lynch, sans parler du reste du casting (Guy Rolfe en tête qui campe un Toulon très convaincant et touchant dans sa quête de vengeance) qui s'avère des plus sympathiques. Pourtant, le film part avec moins de fric que les deux premiers opus, ce qui se ressent parfois par le recours très fréquent des même intérieurs, mais le tout est rehaussé par une photo très jolie et des situations qui s'enchainent suffisamment vite pour ne pas trop s'attarder sur les détails (en 1h15 c'est torché), du coup le film parait avoir couté 3 ou 4 fois plus.

Je suis vraiment très étonné du résultat car le nom du réalisateur avait tout pour me faire fuir, David DeCoteau qui est connu chez les bisseux comme un spécialiste des téléfilms homo-érotiques tournés pour 2€ dans une cave, là je sais pas ce qu'il s'est passé mais il a décidé de faire les choses bien, respectant encore plus que d'habitude le cahier des charges, ça y va sur les figurantes dépoilées et les poupées tueuses sont superbement mises en valeur (la nouvelle poupée Six-Shooter est pas mal avec son look de cowboy et ses six bras armés, il offre le meurtre le plus cool que j'ai vu de la série pour le moment avec un massacre de SS dans un bordel), au final j'ai passé un super moment et je me demande même si je ne le préfère pas au premier film, malgré la présence trop furtive de Blade, il s'avère finalement plus "honnête" et fun dans l'esprit.

7/10

"Jawohl !"

[angel.heart]

Pas encore vu celui-ci (je ne savais même pas qu'il était réalisé par David DeCoteau!) mais je te trouve dur avec le 2ème volet. Perso, je ne le trouve pas moins bon que le premier.


Enfin, je mets 5/10 à chacun, j'y trouve mon compte sans être particulièrement emballé.

[Jed_Trigado]

Chaud de mettre le deuxième au même niveau que le premier, il propose rien de spécial par rapport au premier, si ce n'est des acteurs blaireaux.

[angel.heart]

Bah j'aime bien l'hommage à l'homme Invisible et quelques scènes de meurtres. Et je ne trouve pas le rythme plus mauvais que dans le premier volet.

Bref, pour du produit estampillé Charles Band, ce n'est pas honteux mais pas non plus particulièrement réussi.

[Jed_Trigado]

Nevada Smith - Henry Hathaway (1966)

Un western au pitch bandant avec le "King of Cool" en tête d'affiche, je me disais que je tenais au pire un bon p'tit divertissement old school, le résultat final s'avère plus surprenant qu'attendu, à la fois récit de vengeance avec une portée initiatique et carrefour des genres (un long passage a mi-film se déroule en prison), Nevada Smith fait partie de ces films pro-indiens qui commençaient timidement à émerger du côté américain. La base est simple comme bonjour : un métis indien voit mourir ses parents de la main de trois hommes, il jure de les venger mais pour réussir à bien sa mission, il devra apprendre le maniement des armes (ce passage avec Brian Keith est vraiment cool) pour les éliminer un a un. Malgré ses accents spaghettis, Nevada Smith reste profondément ricain dans sa construction et son écriture. En parallèle, le perso de McQueen s'ouvrira à la culture car totalement illettré, un aspect rarement vu dans le western, dommage que celui-ci se limite a une poignée de scènes, d'autant que Steve McQueen me semble être une erreur de casting, je m'explique, non pas qu'il soit mauvais, mais il est bien trop âgé et un peu trop charismatique pour le rôle alors qu'un acteur avec la vingtaine fraîchement entamée aurait crédibilisé l'aspect candide du personnage.

Autrement, Hathaway s'avère également un bon technicien et confirme le bien que je pensais du peu de films que j'ai vu de lui (dont True Grit qui a assez mauvaise réputation en ces lieux) avec une mise en scène toujours efficace, un usage du 2.35 comme on en fait plus avec ce souci du plan large, ainsi qu'un rendu assez homogène en termes de rythme et d’intérêt entre les trois parties du film qui avaient pourtant tout pour le rendre casse-gueule. Bref, du western à l'ancienne solide.

7/10

[angel.heart]

C'est un des westerns que j'ai le plus vus dans mon enfance, mais j'avais été un peu déçu en le revoyant il y a 2 ans. C'est sympa mais ça aurait pu être vraiment mieux.

Sinon, j'ai vu Puppet Master 3 cette semaine et c'est mon préféré de la saga. (enfin, des 3 premiers films...).
Assez bluffé par la facture technique (DeCoteau ne m'avait pas habitué à ça...).

[Jed_Trigado]

Sinon, j'ai vu Puppet Master 3 cette semaine et c'est mon préféré de la saga. (enfin, des 3 premiers films...).
Assez bluffé par la facture technique (DeCoteau ne m'avait pas habitué à ça...).

Tu vois que je dis pas que des conneries.

edit : t'as regardé les bonus sinon ? Barbier m'a donné de découvrir un autre film de DeCoteau, un truc avec Ron Silver et James Coburn dont j'ai oublié le titre, en tout cas son intervention est super intéressante car elle m'a donné un éclairage différent sur son travail, du moins ses premiers films qui ont l'air d'un tout autre niveau de ce qu'il tourne aujourd'hui.

[angel.heart]

t'as regardé les bonus sinon ? Barbier m'a donné de découvrir un autre film de DeCoteau, un truc avec Ron Silver et James Coburn dont j'ai oublié le titre, en tout cas son intervention est super intéressante car elle m'a donné un éclairage différent sur son travail, du moins ses premiers films qui ont l'air d'un tout autre niveau de ce qu'il tourne aujourd'hui.

Non je n'ai pas encore regardé les bonus (madame voulait directement enchaîner sur un autre film, alors bon... ), mais je pense que tu parles de Skeletons (que je n'ai pas vu).

Sinon, des premiers DeCoteau, moi j'aime bien Creepozoids, pas forcement pour de bonnes raisons mais j'ai le souvenir d'un truc vraiment fun.