[Alegas] Mes Critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Île de Giovanni (L') - 8/10

Messagepar Alegas » Mar 13 Jan 2015, 23:10

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L'Île de Giovanni de Mizuho Nishikubo
(2014)


Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'année même où Hayao Miyazaki et Isao Takahata livrent chacun leur dernier film respectif, le meilleur film d'animation japonais de 2014 ne sortira pas du studio Ghibli. Si les deux films mentionnés sont loin d'être dénués de qualités, L'Île de Giovanni l'emporte haut la main par un aspect simple, à savoir un respect profond de la gestion de l'émotion, chose finalement assez absente chez les derniers films des têtes pensantes de Ghibli. Réalisateur jusque là passé quasiment inaperçue dans le paysage de l'animation japonaise, Mizuho Nishikubo livre un film qui, sur de très nombreux points, se révèle être le descendant spirituel du Tombeau des Lucioles. On y retrouve cette même dynamique émotionnelle basée sur le lien de fratrie, mais aussi et surtout ce contexte de Seconde Guerre Mondiale, traité de façon particulièrement éprouvante, à l'image de ce qu'a pu endurer le peuple civil japonais de l'époque. Néanmoins, contrairement au film de Takahata, on y trouve non seulement un vrai périple familial (là où, chez Takahata, le récit se contente de survie au même endroit) mais aussi, et c'est ce qui fait toute la force du métrage, une idée de script assez géniale qui est de situer l'action dans l'interaction entre résidents japonais et soviétiques venus rétablir l'ordre.

Non seulement le film permet d'éclairer une zone historique assez peu connue, mais cela permet aussi à Nishibuko de traiter une superbe relation entre un garçon japonais, héros de l'histoire, et une jeune fille russe avec qui il va se prendre d'amitié. On s'en doute, la relation sera forcément torturée par le contexte, et si elle disparaît durant la seconde moitié du métrage (qui, du coup, perd un peu en puissance émotionnelle malgré les événements tragiques qui s'y déroulent), c'est pour mieux resurgir dans une dernière scène exceptionnelle. A cela se rajoute une vision très belle des situations civiles en temps d'occupation, notamment avec une séquence marquante illustrant des chants russes et japonais d'une classe à une autre. Vous l'aurez compris, si le film n'est pas exempt de défauts (certains auront surement du mal avec un visuel bien plus épuré que chez Ghibli ou d'autres gros studios, et les séquences de rêve dénotent beaucoup trop avec le reste du film), il s'impose réellement comme un gros choc émotionnel qui lui permet d'obtenir un capital sympathie évident. 2012 aura eu Les Enfants Loups, 2013 Lettre à Momo, 2014 aura L'Île de Giovanni. Comme quoi le meilleur de l'animation japonaise ne se trouve plus, comme c'était le cas il y a encore un peu plus de dix ans, chez Ghibli.


8/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Dunandan » Mer 14 Jan 2015, 01:56

Tout est dit, et j'aime beaucoup ta conclusion, qui annonce qu'il y a effectivement un avenir au-dehors des studios Ghibli pour le film d'animation japonais :super:
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Colt 45 - 5/10

Messagepar Alegas » Mer 14 Jan 2015, 13:08

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Colt 45 de Fabrice Du Welz
(2014)


Là où Calvaire et Vinyan s'avéraient trop extrêmes dans leur proposition de cinéma pour faire l'unanimité, Colt 45, avec sa volonté de créer un véritable polar hard-boiled à la française, aurait pu, avec un peu de chance, créer la surprise et lancer définitivement Fabrice Du Welz en terme de popularité. Malheureusement, il n'en sera rien, la faute à une production chaotique où, peu à peu, le réalisateur a perdu finalement tout contrôle du produit final, chose pour le moins révoltante dans un pays où l'auteur est communément considéré comme maître de son œuvre. Au final, si le film s'avère plutôt sympa sur de nombreux points, il faut bien reconnaître que le gâchis se sent à quasiment chaque séquence du métrage. Outre le casting qui est soit en roue libre (Joey Starr et ses répliques qui sortent de nulle part) soit transparent (Lanvin), c'est tout le script qui est touché malgré un potentiel évident sacrifié. Si on peut accorder au rythme du film de ne jamais s'arrêter (encore heureux, vu la courte durée), on se rend bien compte finalement que Colt 45 n'est qu'une succession de scènes sûrement écourtées au montage.

Tout va trop vite, les personnages n'ont jamais le temps d'exister, et cela minimise forcément les scènes importantes censées une réaction chez le spectateur (je pense notamment à la mort d'un personnage, qui aurait pu fonctionner, mais qui est ici totalement accessoire) pour donner finalement un résultat que l'on oublie vite, et ce, malgré les excellentes intentions de départ. Car oui, il y a des choses à sauver de ce Colt 45, et notamment sur le plan visuel avec une mise en scène léchée (peut-être bien le plus beau polar français depuis un bon moment), mais là encore, c'est un peu comme retourner le couteau dans la plaie, en imaginant quel excellent film cela aurait pu donner si Du Welz avait concrétisé toutes ses intentions. Reste donc un film assez moyen, témoignage de ce que cela donne lorsque Langmann, producteur qui a les moyens d'offrir quelque chose de différent, bride ses réalisateurs pour imposer sa vision. La bonne nouvelle dans tout cela, c'est de se dire qu'un mec comme Siri, peut-être à cause des répercussions de ce tournage, a décidé de tourner le dos au producteur, ce n'est vraiment pas plus mal.


5/10
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Adieu au langage - 0/10

Messagepar Alegas » Mer 14 Jan 2015, 20:58

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Adieu au langage de Jean-Luc Godard
(2014)


C'est peut-être bien le pire film que j'ai vu de ma vie. Tout simplement parce que c'est tout, sauf du cinéma. Godard, c'est un mec que je ne comprendrais jamais. Mais là où je peux, à la limite, comprendre ses films de période Nouvelle Vague parce qu'ils se situent dans un contexte, autant je ne peux que baisser les bras devant un tel film qui transpire la volonté de provoquer en faisant style « vous avez vu, je fais n'importe quoi, mais parce que mon nom a de l'importance, vous devez y trouver une signification ». En cela, Godard a peut-être bien réalisé le troll ultime de l'histoire du Septième Art. Ainsi, il livre ce qui pourrait être réalisé par absolument n'importe qui (et là, j'assure que l'expression n'est pas utilisée à tord et à travers : on me donne une caméra et je peux faire exactement la même chose au plan près), en ignorant totalement la recherche d'une image un tant soit peu léchée (visuellement, le film ressemble à n'importe quel film de vacances) et surtout en filmant n'importe quoi, de sorte qu'on se retrouve devant un gloubiboulga non-sensesque qui, selon certains critiques haut-perchés, pourrait être le meilleur film de ces dernières années.

Entre les images d'archives qui n'ont rien à faire là, les titres Paint-style rajoutés à la va-vite, les acteurs qui récitent du charabia littéraire ou le chien qui se balade dans la forêt, on tient là un film qui provoquera un gros mal de tête à quiconque entreprendra de le comprendre. Quand à l'utilisation de la 3D, novatrice selon certains, je cherche encore à comprendre en quoi elle fait sens, car là Godard donne réellement l'impression d'être un gamin qui essaye tant bien que mal de faire marcher son nouveau jouet. Réalisé par n'importe qui d'autre, ce film serait moqué, ridiculisé, oublié, mais parce que c'est Godard, c'est un chef-d’œuvre qui reçoit un prix international prestigieux juste pour dire « on a filé une récompense à Godard avant qu'il crève ». Vivement que cette génération de cinéastes s'éteigne définitivement, car là on atteint un summum de masturbation intellectuelle assez saisissant.


0/10
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Exodus : Gods and Kings - 4/10

Messagepar Alegas » Jeu 15 Jan 2015, 18:07

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Exodus : Gods and Kings de Ridley Scott
(2014)


Ridley Scott n'est plus vraiment ce qu'il était à une époque, et continue à le prouver avec des projets dont on peut réellement questionner la pertinence. Ici, on atteint tout de même le sommet du film inutile, avec cette énième adaptation de l'Exode, se concentrant évidemment sur la partie la plus connue, à savoir l'histoire de Moïse. Pour justifier ce nouveau film, les scénaristes n'ont évidemment rien trouvé de mieux que d'imposer une vision scientifiquement plausible et ce, certainement afin de ne pas perdre le public d'aujourd'hui qui recherche avant tout un certain réalisme dans le blockbuster contemporain. Sauf que voilà, non seulement l'Exode n'est pas spécialement le chapitre de la Bible le plus enclin à un tel traitement (ainsi, à titre d'exemple, les quatre premières Plaies d’Égypte sont expliquées scientifiquement, pendant que le reste est placé sous le signe de la coïncidence, ce qui, pour l'ultime Plaie, repousse les limites de l'incrédulité) mais encore faudrait-il que les scénaristes aillent au bout de leur intention.

Exodus se pose ainsi comme l'opposé total du Noah d'Aronofsky. Pendant que ce dernier, quitte à se révéler bancal pour une grande partie des spectateurs, va au bout de son propos en acceptant totalement la dimension biblique et donc fantastique du sujet, Exodus, lui, s'avère être un récit biblique qui s'ignore. Dieu devient ainsi une vision schizophrène de Moïse, alors que cela n'est jamais réellement utilisé, puisque les événements fantastiques sont forcément d'origine divine (ou alors les tornades + la Mer Rouge qui se retire devient la plus grosse coïncidence de l'histoire du cinéma). Ainsi, le film oscille toujours entre le blockbuster à tendance réaliste, et le récit biblique qui tente tant bien que mal de préserver l'histoire de base afin de ne pas choquer l'audience croyante. On appelle ça un film qui a le cul entre deux chaises, et là où Noah est un film réellement burné dans ce qu'il propose, Exodus est un divertissement sans prise de risques et consensuel.

Néanmoins, il pourrait y avoir la possibilité d'un meilleur film, avec une version longue déjà annoncée. Si je doute qu'il y ait un changement tel qu'il y avait pu avoir avec Kingdom of Heaven (celui-ci ayant, de base, un traitement pertinent), il pourrait pourtant y avoir une amélioration, surtout quand, au détour de quelques dialogues, des thématiques intéressantes sont lancées (notamment une courte discussion entre Joshua et Moïse, qui renvoie directement au conflit Israëlo-palestinien). Mais là encore, il faudrait un tout nouveau film pour supprimer certains des plus gros défauts du métrage. Son script évidemment, mais aussi son casting peu convaincant (Bale fait du Bale, Ben Kingsley et Aaron Paul sont sous-utilisé, seul Edgerton arrive à tirer son épingle du jeu) ou encore son approche visuelle très décevante pour un Scott qu'on a connu plus inspiré. La comparaison avec un film comme The Prince of Egypt, durant une heure de moins que le Scott tout en étant thématiquement plus inspiré et visuellement plus épique, a de quoi soulever encore quelques questions. Bref, il serait bon que Scott ralentisse la cadence en terme de nombre de tournages, car cela commence à se voir qu'il bâcle de plus en plus ses films pour livrer des versions à peine abouties, comme c'était déjà le cas pour Prometheus.


4/10
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Cold In July - 6,5/10

Messagepar Alegas » Ven 16 Jan 2015, 22:12

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Cold In July de Jim Mickle
(2014)


Pas très inspiré par celui là donc je vais plutôt faire concis. L'idée de départ avait de quoi séduire, d'ailleurs pendant la première heure j'étais totalement convaincu par le film, notamment grâce à un mélange de genres assez astucieux (j'adore la façon dont Shepard est présenté comme un boogeyman au début) et un trio vraiment excellent. Malheureusement, le film se perd vraiment dans sa seconde partie, où Mickle envoie carrément se faire voir le script entier pour partir dans du film d'ambiance. Si, en soi, l'idée n'est pas mauvaise, elle est ici vraiment pas aidée par le fait que le film, lorsqu'il tente de partir dans le quasi-sensoriel, dans l'atmosphérique (notamment sur le dernier acte), doive toujours se reposer sur le scénario qui est pourtant quelque peu laissé à l'abandon. Du coup, malgré la proposition tentante de cinéma, des questions viennent à l'esprit, que ce soit la motivation du personnage principal à suivre ses acolytes, le fait qu'il soit totalement oublié de sa bourgade (notamment les flics, qui doivent bien se douter que Shepard n'est pas mort et qui ne se demande pas pourquoi le cadreur ne vient plus bosser pendant des jours) ou encore le revirement du personnage de Shepard, quelque peu étonnant (pas dérangeant en soi, mais ça serait mieux passé avec une écriture plus solide). De ce fait, et malgré les qualités indéniables du film, notamment sur la forme, difficile de voir plus en Cold in July qu'un bon petit film qui aurait pu être bien plus avec des arguments plus solides. Dommage.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Dunandan » Ven 16 Jan 2015, 22:39

On est d'accord :super:

Du coup on te sent presque gentil avec ton 6.5 :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 16 Jan 2015, 22:40

Celui-là, quand je vois les toutes premières notes qu'il a reçues...
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 16 Jan 2015, 23:35

Ouais mais Mark, il y a Sam Shepard et Don Johnson avec un chapeau blanc. Tu peux pas test :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 16 Jan 2015, 23:51

Annulé par la coupe de Dexter :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Heatmann » Sam 17 Jan 2015, 09:23

pas fait de critique pour Cold in July , meme pas a sa sortie sur FB , mais ouai je resterais bien sur mon 8/10 comme jack spret . j'ai pas vue We are what we are car le sujet et le genre me branche pas , mais apres la deja super bonne surprise stake land , curieux de voir ce que Mickle va faire par la suite .
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Most Violent Year (A) - 8,5/10

Messagepar Alegas » Sam 17 Jan 2015, 12:49

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A Most Violent Year de J.C. Chandor
(2014)


Si Chandor m'avait grandement étonné de par sa maîtrise formelle et scénaristique, il n'avait pas encore, à mes yeux, signé le grand film qui l'imposerait définitivement. Il faut dire que Margin Call et All is lost étaient déjà des films inespérés pour un réalisateur aussi jeune, mais le voilà qui m'étonne avec son troisième long-métrage, qui possède une puissance autrement supérieure et qui me conforte dans l'idée que Chandor vient de passer un cap qui, on l'espère, lui permettra de signer encore mieux par la suite. A most violent year, malgré le fait qu'il soit vendu comme une sorte de polar, s'avère être un film sacrément intimiste au sein du quotidien d'un homme qui, tant bien que mal, tente d'évoluer droit et honnête dans un milieu où tout le monde triche pour avancer. Ce que Chandor fait, c'est évidemment donner un constat sacrément amère sur l'american dream, sur la façon d'y accéder, sur un homme qui avance coûte que coûte, là où ses deux précédents films contaient plutôt des récits d'hommes stoppés dans leur élan pour régresser ensuite. Si certains reprocheront au métrage son côté froid (ce qu'il est indéniablement, la comparaison avec James Gray trouve ici ses limites), c'est pourtant la grande qualité du film que de ne pas chercher à créer l'émotion, mais plutôt de chercher l'empathie avec un regard distant qui fait que l'on peut avoir assez de recul sur le personnage principal qui n'est finalement qu'un être parmi tant d'autres, comme il l'apprendra lors d'une séquence finale poignante.

Chandor en profite pour passer un nouveau cran en terme de mise en scène, cherchant l'anti-spectaculaire (la violence apparaît uniquement à la radio) au maximum sans pour autant renier des compositions de plan sublimes ou des mouvements de caméra élégants (à ce titre, la poursuite sur le pont c'est l'anti-French Connection par excellence). Enfin, le film est aussi l'occasion de revoir la sublime Jessica Chastain, dans un rôle assez intriguant de tentatrice, un peu comme un petit diable sur l'épaule de son mari, autant dire que Chastain est juste parfaite pour ce personnage. Mais le gros point fort du métrage, c'est évidemment Oscar Isaac, acteur trop longtemps relégué en second rôle et qui, depuis quelques années (depuis Agora en fait), commence à exploser pour s'imposer comme l'un des meilleurs de sa génération. D'autant que le personnage de Morales est tout en subtilité, c'est un personnage qui n'explose jamais réellement, et Isaac convient à merveille, en espérant que ce rôle lui ouvrira des portes encore plus prestigieuses pour la suite. Il n'aura donc pas fallu attendre longtemps pour avoir ce premier grand film de Chandor qui, je l'espère, sera le premier d'une longue lignée. Vivement le prochain.


8,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar Milkshake » Sam 17 Jan 2015, 14:04

Clairement vivement le prochain Chandor qui va nous offrir du blockbuster intelligent avec enfin un bon rôle pour Marky Mark.

Il va nous faire son Abyss 8)
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Prince d'Egypte (Le) - 8,5/10

Messagepar Alegas » Sam 17 Jan 2015, 18:51

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The Prince of Egypt (Le Prince d’Égypte) de Brenda Chapman, Steve Hickner & Simon Wells
(1998)


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1998. La section animation de Dreamworks se doit, pour ses tout débuts dans le long-métrage d'animation, de marquer les esprits et de connaître le succès. Non seulement pour se démarquer d'une concurrence toujours plus nombreuse (à ce moment là, quasiment chaque major possède sa filiale d'animation, et un certain studio Pixar a connu un énorme succès trois ans auparavant) mais aussi pour marquer les esprits et se distinguer des Disney annuels toujours plus populaires. La stratégie de Dreamworks est alors de s'imposer sur deux fronts différents en sortant coup sur coup, à un peu plus de deux mois d'intervalle, deux films d'animation totalement opposés, que ce soit dans leurs thématiques ou leur conception. Le premier, Antz, créé en animation 3D, connaîtra un succès modéré, la faute à une concurrence directe avec le second film de Pixar reprenant le même concept. La surprise viendra donc du second film. Moins coûteux, plus risqué, conçu en animation traditionnelle, The Prince of Egypt sera alors le succès surprise de Dreamworks et l'imposera comme un studio d'animation sur lequel il faudra compter par la suite.

ImageImageImage


Pourtant, tout était là pour avoir un film globalement boudé par le public. Entre une histoire biblique qui n'allait forcément pas plaire à tout le monde et une orientation adulte clairement mise en avant (le film a failli écoper d'un classement PG-13), difficile d'y trouver les ingrédients du succès d'un Disney de l'époque. Néanmoins, c'était sans compter sur le savoir-faire évident de l'équipe mise en place derrière le film, avec notamment des co-scénaristes ayant officié sur les gros succès d'animation de la décennie 90's. Qu'est devenu The Prince of Egypt aujourd'hui ? Un film hélas un peu trop oublié, alors qu'il est l'une des dernières preuves que le cinéma d'animation n'est pas forcément synonyme d'un spectacle enfantin qui doit préserver l'innocence de son audience. Bien au contraire, en décidant d'adapter le chapitre de l'Exode, c'est tout un pan ambiguë de la Bible qui est traitée, notamment à travers les souffrances de l'époque, mais aussi et surtout via un personnage profondément tragique, se retournant contre sa famille pour la détruire au nom des liens du sang et du pouvoir divin. C'est donc bien ici la grande force du métrage, celle de ne pas changer les bases d'un récit pourtant dangereux à mettre en scène, là où beaucoup (notamment chez Disney) l'auraient modifié afin de le rendre plus vendeur.

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Du coup, on se retrouve face à une véritable tragédie shakespearienne, l'idée étant d'insuffler dans le récit biblique une réelle émotion, et notamment à travers le lien que peut avoir Moïse envers sa famille d'adoption, et plus particulièrement son frère. Il en résulte quelque chose d'assez fascinant pour un film d'animation, à la fois profondément touchant et terriblement poignant, car même si l'on sait que ce que fait Moïse est juste d'un point de vue divin, il en est tout autrement en ce qui concerne le point de vue moral. Ainsi, il faut réellement voir l'histoire telle quelle est présentée : l'histoire d'un homme qui, ayant trouvé de nouvelles convictions, se décide à neutraliser tout ce que pouvait représenter sa famille d'autrefois qui l'a aimé. Et même si, en apparence, Moïse est un personnage borné dans les actes qu'il produit, la force du film est véritablement de lui insuffler le doute, de lui faire prendre conscience du caractère tragique de ses actes, à lui mais aussi au spectateur, aussi enfantin soit-il (le passage des Plaies d’Égypte est sacrément culotté pour un film d'animation). La trame fraternelle en ressort forcément grandit, puisqu'il existe une réelle complicité entre Moïse et Ramsès, deux personnages prêt à tout pour leur peuple respectif, mais dont l'un finit en ayant tout perdu (le plan le montrant seul, hurlant le nom de son frère, c'est quelque chose d'assez horrible en y repensant, quel que soit les actes commis par l'intéressé).

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L'autre grande force du film, c'est évidemment le caractère épique du traitement, qui renforce l'aspect tragédie à grande échelle. On sent bien que l'inspiration vient de l'aspect adulte de certains Disney de cette décennie, non seulement pas l'image (globalement c'est peut-être l'un des films d'animation les plus inspirés qui soient en terme de cadrage, mais aussi par le montage avec un gros travail sur le fondu enchaîné, comme la traversée du désert de Moïse qui se joue sur une manipulation subtile du regard du spectateur à travers plusieurs plans, ou encore la fameuses dernière superposition Moïse/Ramsès) mais aussi par le son. A l'image de pas mal de Disney des 90's, The Prince of Egypt bénéficie d'un énorme travail musical (qui lui a valu par ailleurs de très nombreuses nominations). Hans Zimmer confirme qu'il aurait clairement pu faire carrière juste dans le film d'animation, tant on le sent totalement inspiré avec un score épique qui rejoint la puissance de sa composition pour The Lion King et je ne parle même pas des chansons (Deliver Us !) qui sont pas loin de ce qui a pu se faire de mieux dans le genre.

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Finalement, le seul réel défaut du film à mes yeux, hormis peut-être un character-design qui aurait pu être plus inspiré, et une vision un poil trop gentil du peuple Hébreu (on reste tout de même dans un film d'animation, ne l'oublions pas), viendrait du doublage, car qu'il soit VO ou VF, il existe toujours des problèmes qui empêchent le film d'atteindre une certaine perfection. Si la VO permet d'avoir de très grands noms (Kilmer, Fiennes, Bullock, Pfeiffer, Goldblum, Stewart, Mirren et j'en passe), elle perd un peu de son prestige dès que l'on entre dans certaines chansons, où on se rend bien compte que le chant n'est clairement pas la qualité première d'acteurs comme Kilmer et surtout Fiennes. Quand à la VF, si elle ne démérite pas (certaines chansons rendent beaucoup mieux qu'en VO), certaines voix en font beaucoup trop (la voix de Dieu c'est assez priceless) et on note des répétitions dans certaines paroles de chansons. Pour le reste, le film est clairement à réévaluer à mon sens. A l'instar de certains films de Don Bluth, il est grand temps de mettre en avant la qualité de certains films d'animation pour leur caractère mature, sans pour autant renier leur cible enfantine. En cela, The Prince of Egypt est à mon sens l'un des animés phares de la décennie 1990, en plus d'être l'un de mes favoris, toutes décennies confondues, capable d'offrir le meilleur du spectacle épique avec une générosité et un engouement rare.


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"A single thread in a tapestry, though its color brightly shine, can never see its purpose in the pattern of the grand design. And the stone that sits on the very top of the mountain's mighty face, does it think it's more important than the stones that form the base? So how can you see what your life is worth, or where your value lies ?
You can never see through the eyes of man... You must look at your life, look at your life through Heaven's eyes !"


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2015

Messagepar lvri » Sam 17 Jan 2015, 23:10

Le chara design de cet animé (par le biais de la bande annonce) m'a toujours rebuté. Mais force est de constaté que ta critique donne vraiment envie de le découvrir !
Par contre, pas de blu-ray dispo ? :shock:
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