Joe, David Gordon Green (2013)
Alors que Les brasiers de la colère m'a profondément ennuyé sur le même sujet, à savoir le Sud américain désenchanté, ce Joe m'est beaucoup plus sympathique. Car il a bien plus à offrir qu'une bande de gars tirant une gueule de trois kilomètres. Le milieu n'est pourtant pas moins anxiogène, ça pue l'alcool, la violence, bref la vie est difficile par ici. Normalement, c'est le genre de film qui me fait fuir. Mais c'est aussi un terrain où tout est possible, le meilleur comme le pire. Rien n'est encore foutu pour Joe et ce gamin qu'il s'offre de prendre sous son aile pour le sortir d'une famille dysfonctionnelle, et c'est ce qui fait toute la différence à mes yeux. En effet, une énergie positive souterraine bouillonne sous cette épaisse couche de pathos, sans pour autant nier un cadre qui brille par son réalisme.
Reprenant certaines thématiques de History of violence (un passé violent qui nous colle à la peau en dépit de nos nombreux efforts), Joe est avant tout un film simple dans sa narration. Simple comme ses personnages, luttant pour leur survie dans un sens très large. Si la tourte aux pêches était la métaphore principale dans Labor day pour la reconstruction, ici, il s'agit d'une forêt qu'il s'agit de détruire pour laisser place à une nouvelle, plus solide que la précédente. Et des actes de destruction et d'autodestruction qui la précédent, il y en a une sacrée pelletée. Peut-être un peu trop, mais ça porte un message que j'ai bien apprécié. "Non, on ne baisse pas les bras", même si ça doit me coûter quelques pains dans la gueule pour me faire respecter. Ce cri là, on ne l'entend pas toujours, la plupart du temps ce sont les arbres qui reçoivent les coups. Le film prend ainsi la température, la plupart des personnages sont cools, mais lorsque la spirale commence, difficile de prévoir quand et comment elle va s'arrêter. Le rythme est donc assez pépère, mais au service du sujet, des personnages, de cet univers pourri par l'alcool, le port d'armes, la carence de travail. Ces poubelles de l'Amérique sont présentées sous un oeil plutôt bienveillant, car même les plus misérables, sans pour autant les prendre en sympathie, on parvient à comprendre leurs tourments (jusqu'à presque sentir leur haleine de poivrot), et les autres, on admire cette force de caractère (dixit ce job à la dure, qui fait la différence entre les hommes et les autres) qui les maintient à la surface malgré l'abîme qui s'offre à eux, et dont certains sont attirés à lui par une force irrésistible.
Joe cache donc bien son jeu malgré ses airs misérabilistes. D'abord vitrine de l'Amérique profonde, il s'agit également d'un film sur la rédemption (et les policiers ont aussi leur chemin à faire !), sur l'autonomie responsable (et donc la difficile rupture des liens du sang, de la violence du passé), qui a cette grande qualité de trouver un certain équilibre entre le pathos et les bouffées d'espoir qu'il propose, finement distillés en une atmosphère naturaliste et sensitive. Et puis ce final, il m'a fait quelque chose même si on peut en prévoir l'issue quelques scènes avant... ! Un film porté par un rôle taillé sur mesure pour Nicolas Cage, parfait en père de substitution tourmenté par son passé, et un jeune prodige qui promet beaucoup s'il continue sur cette lancée (on l'a vu dans Tree of life et Mud). Un petit film qui a beaucoup à offrir pour qui sait percer ces écorces noires et amères.
Reprenant certaines thématiques de History of violence (un passé violent qui nous colle à la peau en dépit de nos nombreux efforts), Joe est avant tout un film simple dans sa narration. Simple comme ses personnages, luttant pour leur survie dans un sens très large. Si la tourte aux pêches était la métaphore principale dans Labor day pour la reconstruction, ici, il s'agit d'une forêt qu'il s'agit de détruire pour laisser place à une nouvelle, plus solide que la précédente. Et des actes de destruction et d'autodestruction qui la précédent, il y en a une sacrée pelletée. Peut-être un peu trop, mais ça porte un message que j'ai bien apprécié. "Non, on ne baisse pas les bras", même si ça doit me coûter quelques pains dans la gueule pour me faire respecter. Ce cri là, on ne l'entend pas toujours, la plupart du temps ce sont les arbres qui reçoivent les coups. Le film prend ainsi la température, la plupart des personnages sont cools, mais lorsque la spirale commence, difficile de prévoir quand et comment elle va s'arrêter. Le rythme est donc assez pépère, mais au service du sujet, des personnages, de cet univers pourri par l'alcool, le port d'armes, la carence de travail. Ces poubelles de l'Amérique sont présentées sous un oeil plutôt bienveillant, car même les plus misérables, sans pour autant les prendre en sympathie, on parvient à comprendre leurs tourments (jusqu'à presque sentir leur haleine de poivrot), et les autres, on admire cette force de caractère (dixit ce job à la dure, qui fait la différence entre les hommes et les autres) qui les maintient à la surface malgré l'abîme qui s'offre à eux, et dont certains sont attirés à lui par une force irrésistible.
Joe cache donc bien son jeu malgré ses airs misérabilistes. D'abord vitrine de l'Amérique profonde, il s'agit également d'un film sur la rédemption (et les policiers ont aussi leur chemin à faire !), sur l'autonomie responsable (et donc la difficile rupture des liens du sang, de la violence du passé), qui a cette grande qualité de trouver un certain équilibre entre le pathos et les bouffées d'espoir qu'il propose, finement distillés en une atmosphère naturaliste et sensitive. Et puis ce final, il m'a fait quelque chose même si on peut en prévoir l'issue quelques scènes avant... ! Un film porté par un rôle taillé sur mesure pour Nicolas Cage, parfait en père de substitution tourmenté par son passé, et un jeune prodige qui promet beaucoup s'il continue sur cette lancée (on l'a vu dans Tree of life et Mud). Un petit film qui a beaucoup à offrir pour qui sait percer ces écorces noires et amères.
Note : 7/10