Je commençais sérieusement à douter de Tsui Hark ces derniers temps, surtout depuis qu'il s'est mis a tourner tous ses films en 3D, négligeant de fait l'aspect jusque là toujours très léché de ses œuvres pour des délires certes sympathiques sur le papier mais immondes a l’œil. J’étais un peu dans le même état d'esprit pour ce film, après une deuxième bande-annonce qui m'a totalement refroidi, laissant augurer d'un film certes moins artificiel dans son imagerie, mais aussi très chiant. C'est peu de choses de dire que le résultat final m'a revigoré et même par moments impressionné. Si je devais le définir de manière honnête,
Taking of Tiger Mountain serait un mix jouissif du
Temple du Lotus Rouge,
The Raid (la version de Ching Siu-Tung) et aussi pas mal d'influences occidentales comme
la Horde Sauvage et plus globalement les films de commandos.
Le pitch est simple comme bonjour, mais le traitement lui se veut plus foisonnant comme tout bon film de Tsui Hark qui se respecte, il veut tout faire et tout mettre à l'image, en gardant à la fois une sagesse formelle globale qu'il a depuis
Seven Swords, mais tout en posant ça et là, des petites expérimentations (souvent portées sur l'usage de la 3D, pas toujours pertinentes hélas mais nettement moins désagréables que sur ses deux précédents films), tout en oubliant jamais de garder un œil sur son récit, ce qui le rend très agréable à suivre. Pour ce qui est de l'action, Tsui Hark se fout pas de notre gueule, il y a certes peu de batailles, mais a chaque fois elles ont le mérite d'être très marquantes et globalement assez généreuses (le gunfight dans le village et le climax
), usant par moment de petits ralentis numériques bien fendards (le plan de la grenade explosée qui se reconstruit pour mieux réexploser, ce type est génial !
).
En plus le film s'en sort sur un autre aspect qui m'avait gâché en partie
Young Detective Dee : l'absence cruelle de visages connus n'est ici pas un problème, globalement le casting est convaincant (pas mal de gueules cassées bien badass) et au moins là au moins, j'arrive a comprendre qui est qui dans l'histoire, ce qui n'est pas un luxe.
Taking of Mountain Tiger montre a quel point la vision du cinéma de Tsui Hark n'est en aucun cas démodée, que ce n'est pas parce que l'on reprend ses vieux acquis que l'on peut pas leur donner un éclairage différent et moderne. La classe en somme.
8/10