[Dunandan] Mes critiques en 2015

[osorojo]

Mouais, là pour le coup, j'suis vraiment pas en phase avec ta critique ^^ Une réalisation sobre et intimiste, ah ue ? C'est du tape à l'oeil constant pour moi au contraire ^^

Je l'ai vraiment subi ce film, l'une de mes plus grosses déceptions de l'année :/

[Hannibal]

Je l'ai en réserve mais j'ai vraiment un problème personnel avec Aronofsky donc je repousse la vision... Va falloir que je m'y colle.

[Alegas]

Bah non il a pas totalement tord concernant la réal. A part le gros climax du déluge, c'est finalement un film qui penche vers quelque chose d'intimiste. Hors de cette séquence, dès qu'il y a de l'ampleur c'est soit via un seul plan, soit via de courts flashbacks.
Comme le dit Dun', pour un blockbuster à 100 millions, c'est étonnant. C'est pas Exodus quoi (que j'ai pas encore vu mais qui me semble largement plus conventionnel de ce côté là).

[Dunandan]

Oui voilà c'est une réalisation qui lorgne clairement vers l'anti-spectaculaire vu le budget alloué, dont les 3/4 des séquences, je le souligne, concernent la cellule familiale. Les effets spéciaux/visuels, tu les oublies quasiment tant ça ne se concentre pas là dessus. D'autre part, je m'attendais à quelque chose en mode "Transformers" avec les Veilleurs, et là encore j'étais étonné de la façon dont il parvient à transmettre une certaine émotion tant dans le design des créatures (très torturé) que dans leur utilisation (très "miyazakienne"). J'avais des craintes, car des blockbusters intimistes, ça peut donner le dernier Godzilla en date, mais je trouve le résultat ici clairement mieux équilibré.

[Dunandan]

My Way, Kang Je-gyu (2011)

Dommage que ce film narrant l'épopée de deux marathoniens coréens, dans un esprit d'amitié/haine, imprime un tel galop dès le début, ce qui, outre une désagréable impression de tournis, sacrifie un peu trop l'exposition des personnages. Je me demande bien quelle mouche a piqué le monteur d'enchaîner les séquences aussi frénétiquement, ce qui est aussi en contraction avec l'esprit de ce type de course qui repose plus (ou au moins tout autant) sur le mental que le physique. Mais lorsqu'on parvient enfin jusqu'au bout de la bobine, on comprend aussi l'ambition assez dingue du projet qui explique peut-être ce départ pressé, voire précipité.

En effet, les deux larrons traversent la moitié de la planète en tant que soldats, entraîné par les évènements de la seconde guerre mondiale, passant d'une dictature à l'autre, plus hargneuses les unes que les autres, à commencer par celle du Japon, imposant alors sa discipline de fer en Corée. Ainsi, ce rythme d'enfer est bien plus adapté lorsque les hostilités guerrières s'amènent, avec des batailles réalistes et violentes du même acabit que Sauvez le soldat Ryan (à l'exception faite de ces quelques séquences où l'un d'eux coure plus vite que les balles). Sauf qu'on sent la réalisation un peu limitée dans son ensemble malgré les moyens employés du fait, encore une fois, du montage ultra cut et trop rapide pour imprégner la rétine (au moins lorsque la poudre parle, ce n'est pas fait à moitié). Et le propos lui-même manque de recul et de subtilité. Ce dernier n'est pourtant pas dénué d'intérêt. Lorsque ces deux personnalités s'opposent dans un combat serré, l'un brillant par son insoumission, et l'autre fier de porter le drapeau japonais, et qu'elles subissent les effets des autres idéologies, celles-ci deviennent, en d'autres circonstances, un moyen d'inverser les rôles, de se réinventer une identité, de survivre, voire même une certaine forme de résistance (lorsque les autoritarismes s'entrechoquent), mais qu'on découvrira bien assez tôt, fort limitée et perverse.

Bizarre aussi que l'amitié des deux coureurs se construise comme à l'envers, sans trop prévenir, comme si de rien ne s'était passé de fâcheux entre-eux, lorsqu'ils parviennent au bout de leur parcours. Vu ce qu'ils ont vécu ensemble, car c'est aussi un film sur la volonté de survivre (dommage à ce titre que le parallèle course/survie ne soit pas toujours très évident, on aurait même pu s'en passer à la limite), et sur la fraternité et l'humanité qui se maintiennent ou pas sous les coups des différents régimes autoritaires, on est content lorsqu'on en arrive à ces bouts là (très bizarre en passant que l'Allemagne nazie soit presque présentée comme l'eldorado en comparaison), mais il y a comme un vice dans la charpente assez gênant pour le spectateur averti.

Bref, un film un peu bancal et binaire dans sa construction narrative, mais qui réserve des moments forts (l'insoumission de certains ainsi que les batailles qui n'épargnent personne) et un fond intéressant. Plus qu'un film de guerre, un film de dénonciation contre toute forme d'autoritarisme qui aliène tant les individus que les amitiés.

Note : 6.5/10

[Alegas]

Euh du coup les critiques de Scalp et moi sont référencées sous un autre titre.

[Dunandan]

Mais sous quel titre ? Je galère à le retrouver

[Alegas]

Far Away.

[Dunandan]

Je garde Far away alors, c'est plus simple comme ça ^^.

[Dunandan]

Maestro, Léa Fazer (2014)

Maestro, c'est d'abord la cohabitation habile de deux genres, deux états d'esprit. D'un côté, on nous amène la relation entre un jeune comédien, adepte de Fast & Furious et de la cool-attitude, et le réalisateur Robert/Rohmer, chantre des films lents et chiants, sur le terrain de la comédie. Et il y a de quoi se marrer, entre les problèmes épiques d'un tournage bien rustique dans son genre, anecdotes de tournage et direction artistique "autres". Ce duo aux antipodes fait des merveilles, entouré qu'ils sont par une micro-société qu'on ne retrouve que dans les films de Nouvelle Vague. Viennent s'y ajouter une amitié qui nous accompagne dans le plaisir déviant d'assister à un film moche et mal joué, en plus de nous fournir le sourire par le jeune qui enchaîne connerie sur connerie, et une histoire d'amour naissante sympathique et loin d'être accessoire.

Mais de l'autre côté, on nous apporte sur le plateau le fruit de cette expérience de tournage. Sans pour autant nous enlever le sourire, on finit par (re)découvrir avec les personnages le cadre choisi par Robert/Rohmer, qui prend alors à revers la superficialité du personnage principal par la sincérité, la profondeur, et l'authenticité dont il fait preuve. Mieux encore, ils apprennent l'un de l'autre sans aucun cynisme. Du coup, on les prend véritablement en sympathie, y compris ce bon vieux Robert (alors qu'à la base, moi et la Nouvelle Vague, ça fait deux). En somme, ce tournage foutu d'avance (même Robert le savait en fin de compte, c'est ça qui est bon) se retrouve, à la lumière des évènements, doté d'un grand coeur.

Bref, le talent de ce petit film qui cache bien son jeu a donc été de faire jouer ensemble ces deux plans, la comédie et la profondeur, sans que l'un domine l'autre de sa présence. Touchant et amusant à la fois, et habité par un casting rafraîchissant et attachant, Maestro est une véritable surprise.

Note : 8/10

[Dunandan]

Les Combattants, Thomas Cailley (2014)

Un bon petit film post-crise qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais qui a au moins le mérite de pas trop énerver, mieux : il propose. Au début, les situations et les discussions semblaient pourtant banales, ça parle de tout et de rien, entre potes et avec la famille. Mais les personnages jouent la carte du naturel, on prend doucement la température, et surtout, on tire profit de ces petits "rien" avec un joli sous-texte suggéré dans le titre.

On rencontre donc un jeune désoeuvré (au sens qu'il ne se pose pas trop de questions sur ce qu'il veut faire) aidant son frère charpentier à construire une cabane chez un client durant l'été. Mais il rencontre une fille au tempérament chaud (rebelle et diplômée : un beau combo pète-couilles, mais elle laisse mouiller son t-shirt à plusieurs occasions, et ça c'est bien) lors d'une exhibition de militaires. De fil en aiguille, ils se retrouvent ensemble au stage de survie, et on se rend compte qu'elle n'est pas si douée à ce petit jeu là. S'ensuivent désillusions et apprentissage à deux...

On ne peut pas dire que ce soit très palpitant, mais entre les tranches de vie qui transmettent une certaine légèreté, et la finalité du film ("vivre et pas seulement survivre") assez libératrice, un bon "feeling" passe. Au niveau formel, on en retient surtout les séquences sensitives, parfois insolites (les militaires qui enseignent comment bien frapper devant la boite de nuit), voire surréalistes (ce sentiment de fin de monde durant le dénouement), et une BO assez énergique.

Je comprends pourquoi ce film est plutôt bien apprécié, car les personnages sont bien traités dans l'ensemble, ça ne se prend pas trop la tête, avec en prime une petite touche d'humour qui permet de parasiter l'aura tristounette qui aurait pu s'immiscer au sein du récit. On en retire même une petite leçon de vie qui ne m'a pas paru déplacée, en grande partie grâce à son lumineux duo d'acteurs. Pas un gros coup de coeur pour ma part, mais ça se laisse regarder sans déplaisir.

Note : 6.5/10

[Dunandan]

Philomena, Stephen Frears (2014)

Un Stephen Frears en petite forme. Il faut dire que le sujet n'est pas très passionnant à la base. Une histoire fortement inspirée de faits réels, avec une mamie irlandaise à la recherche de son fils, après avoir été contrainte par les soeurs catholiques de l'abandonner, car c'était à l'époque un péché d'avoir des relations sexuelles hors-mariage. Un journaliste anciennement réputé, mais désormais déchu, finit alors par l'aider malgré sa répugnance première.

Le problème, c'est que d'entrée de jeu, les clichés autour des personnalités et origines sont de la partie et s'enchaînent. Ainsi, le journaliste est forcément intelligent et cultivé, mais pas très humain dans sa façon de faire, voire opportuniste. Et la mamie est ignorante mais sympa comme tout, et tolérante et ouverte d'esprit, au point qu'elle est demeurée croyante jusqu'au bout malgré tout ce qu'elle a subi dans le passé. Des archétypes tellement calculés qu'on voit venir les choses d'assez loin, comme cette coïncidence entre quête du passé et pardon.

Le maigre intérêt du film, digne d'un Voici Magazine, c'est donc le sujet religieux, et les petites frictions/divergences de vue au sein du duo principal. Certes, on ouvre des portes ouvertes, surtout au début. Ainsi, les nonnes d'autrefois étaient archaïques et extrêmes dans leurs pratiques, ce n'était vraiment pas la joie. Mais l'ouverture d'esprit dont est capable cette mamie ne manque pas de faire quelques étincelles, face à ce bonhomme qui se croit plus malin que tout le monde. De même, le chemin que parcourt le journaliste vers plus d'humanité ne manque pas d'attirer notre sympathie (face à son magazine qui pour le coup, est vraiment très très opportuniste). Enfin, le dénouement est plutôt émouvant dans un esprit de réconciliation qui sent peut-être la naphtaline, mais qui ne manque pas d'être sincère.

Bref, un film peut-être convenu, prévisible (à l'image des lectures préférées de cette mamie...), et doté d'une mise en scène peu inspirée. Mais il est aussi porté par un bon duo d'acteurs, et cet appel à plus de compréhension humaine qui "ouvre les portes", alors qu'on aurait pu s'attendre à quelque chose de plus polémique par rapport à la religion (surtout venant de ce réalisateur), est quand même bien vu. M'enfin, ça aurait été un téléfilm, ça n'aurait pas changé grand chose. Anecdotique, et puis on a l'impression d'être une sage mamie à la fin du film, compréhensive de la vie et toussa, ce qui a passablement dérangé mon équilibre mental.

Note : 5/10

[Val]

Oh, wait...

[Alegas]

[Scalp]

Comment on peut avoir envie de voir Philomena ? faut être sérieusement gay.