[Dunandan] Mes critiques en 2015

[Dunandan]

MES FILMS 2015

Janvier/Mars

1 - Mindscape, Jorge Dorado, 2014, VOD : 3.5/10
2 - Un tueur pour cible, Antoine Fuqua, 1998, BR : 7/10
3 - Le Hobbit : La bataille des 5 armées, Peter Jackson, 2014, Ciné 3D : 6/10
4 - Le conte de la princesse Kaguya, Isao Takahata, 2014, Truc : 6.5/10
5 - Noé, Darren Aronofsky, 2014, BR : 7.5/10
6 - Far Away, Kang Je-gyu, 2011, DVD : 6.5/10
7 - Maestro, Léa Fazer, 2014, Truc : 8/10
8 - Les combattants, Thomas Cailley, 2014, Truc : 6.5/10
9 - Philomena, Stephen Frears, 2014, Truc : 5/10
10 - L'île de Giovanni, Mizuho Nishikubo, 2014, Truc : 8/10
11 - Enemy, Denis Villeneuve, 2014, BR : 4/10
12 - Whiplash, Damien Chazelle, 2014, Truc : 9/10
13 - Only lovers left alive, Jim Jarmush, 2014, Truc : 8/10
14 - Fruitvale Station, Ryan Coogler, 2014, Truc : 6.5/10
15 - Gabrielle, Louise Archambault, 2013, BR : 6/10
16 - Joe, David Gordon Green, 2013, DVD : 7/10
17 - The President's Last Bang, Im Sang-soo, 2006, DVD : 4/10
18 - Du sang et des larmes, Peter Berg, 2014, BR : 7.5/10
19 - The man from nowhere, Lee Jeong-beom, 2010, DVD : 7/10
20 - Les Gardiens de la Galaxie, James Gunn, 2014, BR : 7.5/10
21 - Hoosiers, David Anspaugh, 1986, BR : 7/10
22 - Gone Girl, David Fincher, 2014, BR : 9/10
23 - My Sassy Girl, Jae-young Kwak, 2001, DVD : 6.5/10
24 - Quand arrive la nuit, Michaël R. Roskam, 2014, BR : 8.5/10
25 - The Thieves, Choi Dong-Hun, 2012, DVD : 6.5/10
26 - City on fire, Ringo Lam, 1987, DVD : 8/10
27 - Prison on fire, Ringo Lam, 1987, DVD : 8.5/10
28 - Prison on fire 2, Ringo Lam, 1991, DVD : 5.5/10
29 - The Grudge, Takashi Shimizu, 2004, VOD : 6/10
30 - Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin, John Carpenter, 1986, BR : 7.5/10
31 - La vengeance du Comte Monte Cristo, Kevin Reynolds, 2002, BR : 7.5/10
32 - L'aventure de Madame Muir, Joseph Mankiewicz, 1947, BR : 8.5/10
33 - The Other woman, Don Roos, 2009, VOD : 5/10
34 - Docteur Patch, Tom Shadyac, 1998, DVD : 6.5/10
35 - Psychose, Alfred Hitchcock, 1960, BR : 8.5/10

Avril/Juin

36 - Blind's Woman Curse, Teruo Ishii, 1970, DVD : 7/10
37 - 7 hommes à abattre, Budd Boetticher, 1956, DVD : 7.5/10
38 - Predator 2, Stephen Hopkins, 1990, BR : 7/10
39 - Les Croods, Kirk DeMicco et Chris Sanders, 2013, VOD : 8/10
40 - Fargo, Ethan et Joel Coen, 1996, BR : 8/10
41 - In Your eyes, Brin Hill, 2014, VOD : 6/10
42 - Starship Troopers, Paul Verhoeven, 1997, BR : 9.5/10
43 - Les aventures de Ford Fairlaine, Renny Harlin, 1990, DVD : 8.5/10
44 - Le scaphandre et le papillon, Julian Schnabel, 2007, DVD : 7/10
45 - X-Men: Days of Future Past, Bryan Singer, 2014, VOD : 5/10
46 - Lolita malgré moi, Mark Waters, 2003, VOD : 5.5/10
47 - Rock Academy, Richard Lindtaker, 2003, VOD : 7.5/10
48 - She's the Man, Andy Fickman, 2005, VOD : 6/10
49 - Shane, George Stevens, 1953, BR : 8/10
50 - Mad Max : Fury Road, George Miller, 2015, Ciné : 8/10
51 - Tuer, Kenji Misumi, 1962, DVD : 8/10
52 - Le sabre, Kenji Misumi, 1964, DVD : 9/10
53 - Shooter, tireur d'élite, Antoine Fuqua, 2007, BR : 7/10
54 - La lame diabolique, Kinji Misumi, 1963, DVD : 6.5/10
55 - Le vent se lève, Hayao Miyazaki, 2014, BR : 7/10
56 - Hard Height, Paul Thomas Anderson, 1996, DVD : 6.5/10
57 - Vorace, Antonia Bird, 1998, DVD : 7.5/10
58 - Amadeus, Milos Forman, 1984, BR : 9.5/10
59 - A Serious Man, Ethan et Joel Coen, 2009, BR : 6.5/10

Juillet/Septembre

60 - Shady, Ryôhei Watanabe, 2012, DVD : 7.5/10
61 - Hugo Cabret, Martin Scorsese, 2011, BR : 7/10
62 - Jupiter's Ascending, Lana et Andy Wachowski, 2015, BR : 6/10
63 - Evil Dead 2, Sam Raimi, 1987, BR : 7.5/10
64 - Duo à trois, Ron Shelton, 1988, BR : 7/10
65 - Si tu tends l'oreille, Yoshifumi Kondō, 1995, BR : 8.5/10
66 - Toy Story, John Lasseter, 1995, VOD : 8/10
67 - Jurassik Park, Steven Spielberg, 1993, VOD : 6/10
68 - Mission Impossible 5 : Rogue nation, Christopher McQuarrie, 2015, ciné : 7/10
69 - Dead Snow 2, Tommy Wirkola, 2014, VOD : 6/10
70 - Dylan Dog, Kevin Munroe, 2011, VOD : 4/10
71 - John Wick (David Leitch, 2014, VOD : 7.5/10
72 - L'Homme du Tai Chi, Keanu Reeves, 2014, VOD : 6/10
73 - Géronimo, Tony Gatlif, 2014, VOD : 7/10
74 - Avengers 2 : l'ère d'Ultron, Joss Whedon, 2015, VOD : 4.5/10
75 - La môme, Olivier Dahan, 2007, VOD : 6.5/10
76 - Absolutely Anything, Terry Jones, 2015, Ciné : 6/10
77 - Juliet in love, Wilson Yip, 2000, DVD : 6.5/10
78 - Bullet Ballet, Shinya Tsukamoto, 1998, BR : 6.5/10
79 - Tokyo Fist, Shynya Tsukamoto, 1995, BR : 8/10

Octobre/Décembre

80 - Jack Reacher, Christopher McQuarrie, 2012, BR : 7.5/10
81 - Bons baisers de Pékin, Stephen Chow, 1994, DVD : 8/10
82 - Hacker, Michael Mann, 2015, BR : 7.5/10
83 - Le Château de Cagliostro, Hayao Miyazaki, 1979, DVD : 7.5/10
84 - I, Origins, Mike Cahill, 2014, VOD : 7/10
85 - Tiger on the Beat, Liu Chia-liang, 1988, DVD : 7/10
86 - Mad Max : Fury Road, George Miller, 2015, BR : 7/10
87 - Django unchained, Quentin Tarantino, 2012, BR : 8/10
88 - The Darjeeling Limited, Wes Anderson, 2007, BR : 6.5/10
89 - Kick Ass 2, Jeff Wadlow, 2013, VOD : 6.5/10
90 - Kingsman, Matthew Vaughn, 2015, VOD : 5/10
91 - La grande vadrouille, Gérard Oury, 1966, BR : 8/10
92 - 1981, Ricardo Trogi, 2009, DVD : 6.5/10
93 - RRRrrrr!!!, Alain Chabat, 2004, DVD : 5.5/10
94 - Margin Call, J. C. Chandor, 2012, VOD : 7.5/10
95 - Ex Machina, Alex Garland, 2015, BR : 7/10
96 - Spectre, Sam Mendes, 2015, BR : 6.5/10
97 - Cars, Joe Ranft et John Lasseter, 2006, BR : 8/10
98 - All is lost, J. C. Chandor, 2013, BR : 8/10
99 - Mommy, Xavier Dolan, 2014, BR : 6/10
100 - I Love You, Man, John Hamburg, 2009, DVD : 6.5/10

Bilan janvier
Bilan février-avril

Top 10 découvertes :

1) Les aventures de Ford Fairlaine
2) Shane
3) Si tu tends l'oreille
4) Bons baisers de Pékin
5) L'île de Giovanni
6) Gone Girl
7) Maestro
8 ) Prison on fire
9) Whiplash
10) Quand vient la nuit (The drop)

Mes critiques en 2013
Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Replacement Killers, Antoine Fuqua (1998)

Voilà comment je pourrais résumer le style d'Antoine Fuqua : carré et efficace. Et en effet, ce action movie est débarrassé de tout bout de gras qui pourrait l'alourdir dans le mauvais sens. En somme, il s'agit d'un gros hommage au ciné HK, et tout particulièrement celui de J. Woo. On y retrouve ainsi Chow Yun-Fat, certainement son rôle le plus iconisé de toute sa carrière Etats-unienne, dont le personnage de tueur au coeur romantique ressemble en tous points à celui qui tenait dans The Killer. Pour le reste, c'est du très classique, à savoir un clash entre un cruel chef de mafia chinoise, un flic bad-ass, et donc CYF, qui rompt un contrat basé sur l'honneur pour une raison purement sentimentale, et sera aidé dans sa fuite et sa rédemption par une faussaire non moins mise en valeur (très beaux tatouages), qui a le chic de ne jamais avoir le temps de boutonner entièrement son chemisier. A cette fin, A. Fuqua livre la marchandise en enchaînant barouds d'honneur en ménageant un bon rythme de croisière (pas trop le temps de s'ennuyer), culminant en un climax réussi contre une bande de tueurs qui ont une belle envie d'en découdre. A la limite pourrait-on lui reprocher un petit manque d'imagination ou d'inspiration durant certaines séquences de gun-fights, qui au moins ne sont pas avares en utilisation d'éclairages offrant par la même occasion une atmosphère urbaine léchée, et riches en finitions dévastatrices. Bref, une valeur sûre pour une soirée brainless et sans prétention autre que d'offrir un divertissement burné et classe. A. Fuqua, comme il le prouvera par la suite, est un sérieux prétendant d'un genre un peu tombé en désuétude ces dernières années.

Note : 7/10

[Dunandan]

Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées, Peter Jackson (2014)

Critique express, car je ne ferais que répéter ce que certains ont déjà très bien dit, et en attendant de voir la version longue qui je l'espère, fera plus de bien que de mal au film ... C'est LE film qui bien sûr sonne l'heure du bilan, et cela confirme mes craintes, à savoir que P. Jackson (sous la pression de la production) a étiré maladroitement un petit bouquin qui aurait pu très bien tenir en deux films. Résultat : une histoire étirée au max (qui me fait penser à la métaphore de Bilbo au sujet de la tartine et du beurre), et pire, des personnages sous-exploités (3 nains sur 12 à peine sont valorisés) ou bonus fan-service (Legolas qui joue à Mario/Superman, Galadriel qui fait un drôle de caméo en mode scaryface...), sacrifiés sur l'autel de l'action. En parlant de cette dernière, la bataille des 5 armées tient ses promesses, ça envoie du lourd (comme disait un autre BKRien, ça fait penser à du Gosha, cette histoire d'or pour lequel tout le monde se met sur la tronche), même si le SDA a fait mieux dans le genre. Et c'est là où justement le bât blesse, car à trop jouer la carte de la continuité, on ne peut s'empêcher de comparer avec l'autre trilogie, et c'est obligé que ce soit moins bien. Moins d'envie, trop de CGI (à aucun moment on ne ressent le danger), et des storylines assez pauvres (je le rappelle, il ne restait que 50 p à raconter), celle du conseiller du roi de la ville du lac en tête (qui ressemble à un sidekick comique de film indien). Même le passage de Thorin à la folie semble assez ridicule (P. Jackson et ses voix luguuubres, il faut qu'il arrête). Et le raccord avec le SDA, tant attendu, est pour le moins précipité et bancal. Tout n'est pas à jeter, l'usage de la 3D (impossible à éviter, c'était la dictature concernant ce format en salles) est l'un des meilleurs que j'ai vu jusqu'à présent (avec Avatar), et c'est toujours sympa de retourner en Terres du Milieu, très bien mises en valeur par la direction artistique. Mais je suis tout de même assez déçu, car la direction prise par Jackson en préférant mettre Thorin en avant (formant ainsi une dimension tragique concernant la lignée des nains) plutôt que Bilbo était bien vu, mais ce n'est pas suffisamment ou mal exploité. Bref, un ersatz du SDA, assez joliment enrobé, mais qui sent un peu le gâchis. Et c'est un fan de Tolkien/SDA/Le Hobbit qui le dit, pour ce que ça vaut.

Note : 6/10

[Jimmy Two Times]

Ça ne donne vraiment pas envie de se déplacer... Par contre, jamais vu Replacement Killers, je crois qu'il passe sur CanalSat en ce moment, je vais essayer de le choper.

[Dunandan]

C'est clair qu'on est loin du Retour du roi, comparaison obligée en termes d'apothéose finale, mais peut-être que l'évolution du perso de Thorin sera mieux gérée dans la VL, car c'est vraiment ce qui fait défaut dans ce film à mon avis, sans parler du raccord précipité avec le SDA, seconde attraction de cette trilogie ...

Replacement Killers, c'est un autre type d'ersatz ^^, ça devrait te plaire je pense

[Dunandan]

Le Conte de la princesse Kaguya, Isao Takahata (2014)

Contrairement à son comparse Miyazaki qui avait tendance à reposer sur ses lauriers depuis Le voyage de Chihiro tant dans la forme et dans le fond, Takahata prend le chemin inverse en proposant une oeuvre expérimentale dont l'esthétique repose entièrement sur l'épure et la simplicité (au point que le crayon de l'artiste, légèrement hésitant et brouillon, ressemble parfois à des dessins d'enfants). Il se met ainsi à la hauteur de son sujet, une ode au bonheur, à travers ce conte populaire japonais narrant l'histoire d'une jeune princesse née d'une souche de bombou, qui sera ensuite entraînée de force par ses parents d'un milieu humble et paisible, vers le milieu précieux de l'aristocratie et de ses codes rigoureux. Mais si Takahata en tire des séquences bien souvent magnifiques (surtout au début, le bout le plus fantastique du film, où la princesse fait littéralement naître la vie autour d'elle, et semble bien pressée de grandir), après un petit moment d'adaptation pour le spectateur qui a le droit de trouver ce style un peu trop... simpliste (sans être simplet), le temps paraît bien long. Après une heure à peine, tous les enjeux sont en effet posés, et à part quelques envolées lyriques reflétant le désir insatiable de cette princesse à plus d'authenticité et de naturel au sein d'un environnement alourdi par ses conventions, et un dénouement de type bouddhiste qui résonne comme une triste fatalité pour la princesse malgré l'oubli salvateur qu'il incarne, peu de rebondissements viennent ponctuer un récit qui finit par tourner un peu en rond.

Bref, il manque finalement un peu de spontanéité et de fougue à ce film, ce qui était pourtant son coeur séminal (surtout au début). Malgré ça et quelques longueurs à regretter (en tête le passage des prétendants à la main de la princesse), Le Conte de la princesse Kaguya n'en est pas moins une jolie histoire, atypique au premier abord de par son style formel peu habituel pour la rétine, toujours en quête à plus de "perfection", mais qui est tout à fait en accord avec le thème directeur de la beauté intérieure et sauvage incarnée par la princesse, qui ne se laisse pas capturer au premier regard ou nouveau venu (que ce soient ses parents, ses prétendants, ou même ses amis les plus proches), ou dominée par une éducation oppressive impropre à sa nature instinctive et céleste à la fois. En cela, ce film d'animation est une réussite, cohérent jusqu'au bout dans son approche, mais qui manque aussi un peu de chaleur. Heureusement que la musique de Joe Hisaishi parvient à donner ce supplément d'émotion, de sensibilité, et de légèreté, qui font parfois défaut au film, un peu trop marqué à mon goût, à quelques exceptions près, par cette tendance à affirmer cette sobriété coût que coût. Quelque part, Takahata a lui aussi été victime de sa quête de perfection (formelle) au détriment du naturel, même s'il apporte également une bouffée d'air frais en ces termes au sein des studios Ghibli (et ils en avaient sérieusement besoin tant visuellement tous leurs films ont tendance à se ressembler). Probablement leur dernière prise de risque depuis le départ en retraite de leur fondateur et principal contributeur (sic), Hayao Miyazaki.

Note : 6.5/10

[osorojo]

Vu hier, critique ce soir certainement, je sabre plus que toi (5.5 je pense), parce que emmerder autant, c'est pas humain Mais oui c'est beau ^^

[Mark Chopper]

Dun' a un gros seuil de tolérance pour tout ce qui est japonais et chiant.

[Alegas]

Euphémisme.

[Jed_Trigado]

[Dunandan]

J'ai failli conclure comme ça

[osorojo]

En endormant ta femme ?

[Dunandan]

Hum, je pense que j'aurais choisi un autre programme

(et j'aurais du citer Mark, aussi )

[Dunandan]

Noah, Darren Aronofsky (2014)

A ma grande surprise, j'ai bien aimé. Et pourtant les retours dont se gratine le film ne sont pas des plus élogieux : pompeux, surligné au stabilo, casting inégal, trop ambitieux pour finalement pas grand chose. Mais qu'on soit clair, ces défauts, je les reconnais dans une certaine mesure, mais malgré tout, ce remaniement du fameux récit biblique ne manque certainement pas d'intérêt ni d'audace dans le traitement, articulant esthétique comic-book, chronique familiale, et thématiques universelles autour du bien et du mal.

A commencer par le choix de mettre en avant le fanatisme de Noé (incarné par un électrisant Russel Crowe), au point qu'il est prêt à tout pour obéir aux ordres d'un Dieu pour le moins nébuleux. Si au début, la justesse de sa mission est claire, elle l'est beaucoup moins par la suite lorsqu'il est opposé à la lignée damnée de Caïn et confronté aux désirs de sa famille. Ainsi, ce qui est intéressant, c'est cette ambiguité entre le bien et le mal qui l'habite, car lorsque les hommes s'agglutinent autour de l'arche, au fond ils font ça juste pour survivre, tandis que Noé semble se nourrir uniquement de la parole divine (à souligner que l'aspect fantastique est subtilement mis au second plan, à part la présence de ses visions hautement interprétables et celle des Veilleurs, sorte d'anges déchus), ce qui nous conduit évidemment à questionner le bien-fondé de ces décisions (Caïn et les siens ne seraient-il pas plus humains que lui ?), d'autant plus qu'on n'est pas vraiment certain de la limite tracée entre sa volonté et celle de Dieu. Bref, la façon dont le personnage de Noé est dépeint mérite à elle seul le détour, tiraillé entre sa soumission à ce qu'il croit être juste, et son amour pour la vie et sa famille. Une soumission presque inhumaine.

D'autre part, la réalisation est très réussie, Aronofsky oblige. A part les animaux et le déluge, forcément en CGI, elle est pourtant plutôt sobre et intimiste, bien que ce soit un Blockbuster à cent patates, certainement l'un des travaux les plus matures du réalisateur (pas de gimmicks visuels, c'est très posé, presque académique). Et s'il en tire certaines séquences magnifiques, je pense surtout à toute la partie précédant la construction de l'Arche avec les Veilleurs dont le design et l'esprit qui les animent fait tout de suite penser à du Miyazaki et sa philosophie animiste, je retiens aussi l'atmosphère apocalyptique autour du clan de Caïn prêt à tout pour survivre, avec des actes de cannibalisme à peine suggérés du plus bel effet. Pour chapeauter le tout, la bande musicale offre un bel écrin d'émotion, l'une des plus belles que j'ai entendu cette année.

Dommage par contre que le récit batte de l'aile lors de la construction de l'arche, avec de jeunes acteurs (la fille de Harry Potter) trop légers face à Connelly, Crowe, Winstone, et Hopkins, des enjeux imprimés à coup de bulldozer ("la méchanceté ne participera pas à la construction du nouveau monde", au bout de 10 fois, on commence à retenir) et qui tournent un peu en rond (les espèces animales qui arrivent, la pression qui s'accumule entre les deux clans ennemis). Mais heureusement, Aronofsky en a encore sous la pédale lorsque l'Arche prend le large, en continuant à jouer avec les contrastes de la personnalité de Noah pour aller au bout de la tension évoquée plus haut, et un dénouement qui offre un message d'optimisme envers l'humanité de grande beauté, sans pour autant alléger le prix du sacrifice de ce personnage.

Au final, le résultat est assez inégal, mais à part ce petit ventre mou au milieu du récit, il s'agit certainement, à mes yeux, de l'une des plus belles versions de la Bible (entièrement réinterprétée mais sans pour autant hérétique) qu'il m'ait été donné de voir, et forme un diptyque fascinant avec The Fountain autour de cette passion destructrice pour la pureté et la justice qui révèlent beaucoup de l'âme humaine, du bien comme du mal qu'elle contient. Pas toujours subtil, mais convaincant, envoutant, et assez stimulant.

Note : 7.5/10

[Alegas]

Ton dernier paragraphe.