Jupiter Ascending est visuellement l'opposé de Matrix qui faisait tout en sobriété, classe, humour par petites touches et scénario en béton.
Ici, on mélange tout et n'importe quoi en espérant que ça passe, mais la pilule est difficile à avaler. Du recyclage à gogo, visuellement le film est bourré de défauts majeurs qui le rend peut agréable à regarder, de part son montage étrange, ses plans hachés, on a l'impression que les réalisateurs ont voulu emporter ses spectateurs à une vitesse folle mais nombreux vont rester sur le bord de la route et ne pas adhérer à leur délire qui fait se succéder ses facilités ce qui fait oublier les rares bonnes idées.
Clairement Mila Kunis est l'alter ego de Keanu Reeves, étant l'Elue qu'un inconnu venu d'un autre monde vient chercher pour qu'il accomplisse son destin....Là où Matrix arrivait à nous faire avaler la pilule bleue ou rouge, avec un Néo qui est toujours empli de doutes, qui échoue, qui progresse, Jupiter Ascending nous propose une histoire du même genre, sauf que son héroïne principale gobe tout ce qu'on lui sans se poser de questions.
Il est clair que le métrage nous présente une galerie de personnages à foison mais les relations qui sont au coeur du récit sont assez mal exploitées, et on ne ressent aucune émotion face à leurs destins que ce soit du coté des méchants ou des bad guys.
L'amourette entre la princesse et son loup-garou n'est pas crédible pour 2 sous avec un manque de sensualité évident, même si les deux jeunes acteurs peuvent sortir tout droit d'une magazine de papier glacé, ils restent froids et insipides de A à Z, c'est le concours de la non-expression.
On essaye tant bien que mal de dissimuler ce manque d'assurance et de finesse de jeu avec des costumes, des accessoires pour distraire notre attention mais à part des boots qui volent, le reste est en rase-motte.
Eddie Redmayne a la lourde tache d'incarner le Mal absolu ,alias Darth Vador le retour : "non je ne suis pas ta mère" !. Tout comme Vador, il a une petite voix fluette qui cache un esprit maléfique et il a des relations chelou avec les membres de sa famille et tout ça se termine dans une chute vertigineuse dans le vide.
Ces fameuses chutes aux effets spéciaux monstrueux où les tels des pantins les malheureux acteurs gesticulent sans une once de subtilité dans tous les sens en tournoyant, vraiment pénible à voir.
Revenons au Loup-Garou (Caine) qui visuellement est le mieux abouti, mais qui hélas est le personnage le moins bien écrit, ultra prévisible : un gros bras qui sauve tout le monde au dernier moment tout le temps. C'est bien dommage.
Sean Bean ne meurt pas (et c'est un exploit) mais a un rôle vraiment pourri de semi-traître sans intérêt.
Un melting pot d'univers que ce Jupiter Ascending, on notera de nombreuses influences asiatiques avec la sœur jumelle nippone de la réalisatrice, version force bleue, de très belles tenues moulantes et des décors bouddhiques. Ce sont pour moi les éléments visuels les plus élégants du film.
A ces influences se rajoutent des styles de tous les pays et de toutes les époques, on n'a que l'embarras du choix : gothique, baroque, ultra-moderne, ultra-vieillot, et sur Terre chez les bourgeois friqués ou chez les miséreux immigrés, tout celà reste très caricatural et malheureusement ces éléments qui séparément pourraient marcher font tache les uns à coté des autres, ça pique la rétine sévère.
Heureusement que cet univers singulier est peuplé ! Les Wachowski se font plaisir en testant des maquillages sobres (comme celui de Tatum) à d'autres plutôt culottés mais qui sont dans l'ensemble grossiers et ridicules : on croise un alien qui se prend pour Mozart niveau look, un éléphant Han Solo, les aliens gris de Roswell, les dinosaures etc...G Lucas aurait pu en vendre de belles figurines avec tout ça. Et Legolas a de petites oreilles à coté des bestioles de Jupiter.
On peut rapprocher de l'univers des gardiens de la galaxie qui eux aussi ont de nombreuses espèces alien, mais les make up sont clairement de meilleure facture. Marvell a quand même réussi à nous faire adhérer au personnage de Groot et c'est pas une mince affaire.
Jupiter Ascending souffre d'un gros problème rythmique et scénaristique.
On a clairement l'impression d'avoir raté des épisodes avec un enchaînement ultra-précipité des situations et une sensation globale de saturation d'action peu visible. Une avalanche d'attaques qu'on a beaucoup de mal à suivre, qui manque de plans spectaculaires et de recul, et une sensation de répétition abusive qui gâche l'effet de surprise et qui ne sont pas du tout réalistes (même si ce n'est pas le but), le spectateur est vite largué et veut en finir face à ces incohérences et les destins de persos dont on se moque.
Le problème majeur aussi, c'est le fort manque d'humour. Cet univers coloré et décalé aurait mieux marché avec des répliques cinglantes, une complicité entre personnages, mais celà n'existe pas du tout ici, on ne prend super au sérieux, pourtant il est difficile de ne pas rire devant un tel ratage.
Des personnages qui manquent de caractère, qui sont dans l'ensemble mono-expressifs ne se basant sur aucun acteur expérimenté (Sean Bean est hélas de passage). Une histoire déjà vue remanié dont le manque de profondeur est masquée par des artifices visuels qui envahissent l'écran à outrance sans finesse ni élégance.