Police Fédérale Los Angeles
William Friedkin, 1985
De Friedkin, je n’ai pas vu beaucoup de films finalement. Je respecte beaucoup
French Connection pour son originalité, son côté sans concession et son impact profond, non seulement sur le polar urbain mais également sur le cinéma dans son ensemble, mais je dois dire que je m’ennuie toujours un peu devant. Mais là, je viens de découvrir l’excellent
Thief de Michael Mann, et ça m’a donné envie de redonner sa chance à un autre polar emblématique des années 1980. Grand bien m’en a pris ; je restais sur une impression assez mitigée, j’ai véritablement redécouvert le film.
Un polar bien rageur rempli de personnages borderline, mais l’originalité du film, c’est que Friedkin ne surligne rien, ne dramatise pas, à première vue, les enjeux au point d’en faire une réflexion plus vaste sur le métier de flic, la frontière entre justice/auto-justice, la violence, etc… On assiste à une enquête relativement banale tournant autour du trafic de fausse monnaie, et pourtant, il se dégage quelque chose de fort de cet ensemble très brut. Un peu à la manière du
Scarface de De Palma, le script peut se voir comme un commentaire sur les années 1980, sur la face cachée du rêve américain : tout tourne autour du fric, de la violence, de l’immoralité généralisée (le traitement de Chance envers son indic, le personnage de l’avocat…), le tout au pays de la superficialité, du soleil, des palmiers. Et les deux films ont également en commun une B.O. très typée eighties qui renforce cet aspect.
On plonge dans cet univers contrasté, très sombre sur le fond et très éclairé sur la forme, et il est réjouissant de voir un polar multiplier les surprises en partant d’une histoire a priori déjà vue : le côté assez dégueulasse du héros, qui ne connaît que ses propres règles mais n’est pas un surhomme invincible pour autant (on est loin d’un Jack Bauer par exemple), la superbe poursuite en bagnole, le final brusque et inoubliable… Le moment où l’on apprend que
Friedkin, en quelque sorte, fait du neuf avec du vieux. Bref, un film marquant qui fonce à toute allure, servi par un casting impeccable.
8/10