Kenshin : Kyoto Inferno, de Keishi Ôtomo (2014)
L'histoire : Tueur redouté avant la restauration de Meiji (1868), Hitokiri Battôsai mène à présent une vie paisible sous le nom de Kenshin Himura. Mais des membres du gouvernement le somment de mettre un terme aux agissements de Makoto Shishio, autre tueur désireux de provoquer une guerre civile...
Kenshin le vagabond tenait du miracle. Sur le papier, tout semblait en effet réuni pour livrer un énième blockbuster nippon javellisé, laid et interminable :
1) Une adaptation de manga (parfait pour redécouvrir une histoire populaire moins bien racontée que dans son format d'origine : une démarche qui a produit par le passé des films catastrophiques comme les Death Note et les Gantz) ;
2) Un casting d'éphèbes métrosexuels (pour jouer des samouraïs déchus : on a connu mieux) ;
3) Un réalisateur issu de la télévision (soit la promesse d'une mise en scène plate et sans âme, comme pour la trilogie 20th Century Boys).
Mais au final, le résultat n'avait rien du téléfilm friqué tant redouté : respect du matériau d'origine (dont je suis fan), des acteurs qui incarnaient parfaitement leurs homologues de papier et une œuvre qui avait de la gueule, avec une photographie et une direction artistique de toute beauté. Chose impensable : après Takashi Miike et 13 assassins, on pouvait avoir l'impression que le chambara venait de ressusciter... Le succès public aidant et le manga comptant vingt-huit volumes, ce n'est pas une suite qui fut mise en chantier, mais deux.
Hélas, on se retrouve avec un second opus un peu bancal... Comme souvent avec les trilogies programmées pour des raisons d'ego et/ou pécuniaires, et non suite à un réel impératif d'écriture, Kenshin : Kyoto Inferno donne en effet l'impression constante d'en garder sous la pédale, histoire de conserver du grain à moudre pour le troisième opus. Des personnages qui blablatent, qui tergiversent et font du surplace, une promesse de grand spectacle quelque peu mensongère... Que le personnage de Kenshin hésite sans cesse à se lancer dans l'aventure, par crainte de briser sa promesse de ne plus jamais tuer : c'est compréhensif. Il s'agit après tout du moteur narratif du personnage. Mais ceci aurait dû passer davantage par l'action (comme lors de son combat avorté contre Seta Sôjirô). Dommage... Car en dépit d'un ventre mou assez soporifique, certaines qualités figurent toujours au rendez-vous.
Les acteurs paraissent toujours aussi concernés, y compris les nouveaux (Tatsuya Fujiwara est décidément devenu bon), la photographie et les décors sont superbes (j'avais parfois l'impression de retrouver l'esthétique des derniers films de Gosha) et Keishi Ôtomo (ou le chorégraphe ?) confère une réelle ampleur à ses (rares) scènes de combat. Quand Kenshin se bat, on en prend plein les yeux. Des affrontements au sabre de ce niveau et des chorégraphies aussi impressionnantes et rapides : j'en redemande. Espérons que le troisième opus (Kenshin : La Fin de la légende) corrige le tir et offre davantage d'action et d'émotion. En tout cas, vu les forces en présence, il en a le potentiel.
Note : 6/10