It's a wonderful life (La Vie est belle) de Frank Capra
(1946)
Découverte de ce fameux classique du cinéma américain (et au passage mon dépucelage de Frank Capra) et autant je ne ferais pas partie du public (essentiellement américain) qui y décèle un chef-d’œuvre, autant la position du métrage comme représentant parfait du cinéma à l'américaine se comprend parfaitement. C'est étonnant d'ailleurs de constater que le film a été quelque peu boudé à sa sortie, tant aujourd'hui c'est encore LE film à montrer pour saisir tout un pan du cinéma hollywoodien. Alors clairement, il faut savoir dans quoi on s'embarque. Les bons sentiments règnent en maître, tout est soit blanc soit noir avec des personnages assez caricaturaux (le héros courageux et sans reproche, le méchant riche qui veux tout posséder, la gentille bourgade, etc...) mais à partir du moment où on l'accepte le film devient vraiment un divertissement de premier ordre. La grosse qualité du métrage, c'est que malgré ses apparences il ne cède finalement pas tant que ça à la facilité. Alors certes, la base est gentillette, mais plus le film avance, plus on se rend compte que l'objectif de Capra est davantage de livrer sa vision de la vie de l'américain moyen dans un pays en pleine guerre et crise financière, avec un personnage quasi-parfait qui devra néanmoins assumer une vie dont les choix cruciaux auront été décidés à sa place.
Du coup, on a vraiment un film très pertinent et surtout très prenant émotionnellement. Plus le récit avance, plus l'empathie fonctionne envers le personnage de James Stewart (phénoménal dans ce rôle, à la fois profondément naïf et tragique) jusqu'à un dernier acte logique qui jure néanmoins avec le reste du métrage par sa base fantastique (certes, cette base est visible dès le début du film, mais n'empiète jamais sur la storyline de Stewart). C'est d'ailleurs ce dernier acte qui me gêne au final, car autant je ne pourrais pas critiquer sa beauté et la façon dont il est amené, autant j'ai réellement eu l'impression de voir une version modifiée d'Un chant de noël de Dickens, un peu trop facile dans son dénouement et surtout trop explicative (le fait que Stewart n'accepte pas la situation crée clairement une frustration pr rapport au spectateur qui, lui, l'accepte dès les premières minutes du film). C'est d'ailleurs bien le seul reproche majeur que je peux faire au film, car le reste, de la mise en scène au casting (les rôles féminins notamment) est vraiment excellent. Un vrai classique, la base même du mélodrame américain qui a, depuis, fait un nombre incalculable d'émules, mais rarement en retrouvant la même puissance narrative.
8/10