Sweeney Toddde Tim Burton
Et voilà LE grand retour de Tim Burton, après des années d'errance artistique qui ont donné un très mauvais film indigne du maitre (la planète des singes) et 2 beaux films (Big Fish et Charlie...) à la fois poétiques et fantaisistes mais complètement expurgés de toute forme de noirceur, élément qui constitue l'essence de l'univers "Burtonien".
Et voilà que débarque Sweeney Todd et dès l'ouverture le ton est donné, le côté obscur de Tim Burton est de retour. Couleurs désaturées, lumières faibles, visages aux teints blafards... Des codes esthétiques qu'on n'avait plus vu depuis Sleepy Hollow (grande oeuvre mal-aimée...), quel bonheur! Et là, surprise: Depp commence à chanter... Et 80% des dialogues du film sont chantés! Une véritable comédie musicale, la 1ère pour Burton qui a souvent implanté des passages chantés dans ses films mais jamais sur la totalité.
Et le résultat est bluffant, les morceaux sont magnifiques (même si parfois un peu "gnan-gnan"), les acteurs chantent vraiment bien... Surprenant! Même sans être fan de comédie musicale on prend un plaisir immense.
Le scénario, simple mais solide, s'accorde parfaitement à l'univers visuel, avec ce barbier brisé par son passé qui revient se faire justice lui-même, poussé par la haine et le désir de vengeance. Mais en passant à l'acte et au fil de ses rencontres, il ne pourra pas échapper à la démence... Ses rencontres sont d'ailleurs savoureuses car les seconds rôles sont tous parfaits: Helena Bonham Carter dans une prestation digne de celle de Fight Club avec un humour noir décapant, Alan Rickman en juge impitoyable et Sacha Baron Cohen en Barbier italien à l'accent surréaliste dans une des scènes les plus drôles du film... On passera sur les 2 jeunes tourtereaux dont l'idylle fait presque tâche et constitue en fait le seul vrai défaut du film.
Pour le reste... Cette peinture d'un Londres où les habitants ont l'apparence de cadavres, comme s'ils étaient tous déjà morts et n'attendaient que la libération par le Barbier, ces gerbes de sang surréalistes, ces numéros chantés, cette violence, cette lumière, ces acteurs... Renaissance ou chant du cygne, c'est en tout cas un Burton de très grand cru.
9/10 et un bonheur incalculable