C'est sans regret que Mima, chanteuse, quitte son groupe pour se consacrer a une carrière de comédienne. Elle accepte un petit rôle dans une série télévisée. Cependant son départ brusque de la chanson a provoqué la colère de ses fans et plus particulièrement celle de l'un d'eux. Le mystérieux traqueur passe à l'acte en dévoilant en détail la vie de la jeune femme sur Internet, puis en menacant ses proches. Plusieurs incidents violents se produisent dans l'entourage de Mima et elle realise que son existence se confond dangereusement avec la serie télé.
Satoshi Kon, l’un des meilleurs réalisateurs de film d’animation japonais, au même titre qu’Otomo (son mentor), réalise ici son premier film : Perfect Blue. Tiré du roman du même nom (Yoshizaku Takeuchi), le film nous raconte par des moyens subtils et efficaces, les effets de la schizophrénie.
Au départ du film nous sommes plongés dans le monde des idoles-Jpop, avec leurs fans, hystériques et fanatiques. On pense tout d’abord à un thriller classique, ou un fan psychopathe va tout faire pour protéger et approcher son idole. En effet, dès la première scène Mima explique qu’elle quitte son groupe pour devenir actrice : grosse stupéfaction des fans. Elle aura le droit à multiples critiques, voir menaces…
Dans un premier temps, nous sommes face à des références au genre Giallo, ou voir de Brian De Palma : Un psychopathe au physique bien flippant, des meurtres, du sang…etc
Satoshi Kon montre une telle maitrise de la mise en scène, d’ailleurs presque uniquement réalisable de par le concept d’animation. La musique s’ajoutant, nous sommes vraiment face à des scènes stressantes et flippantes au même titre qu’un film live. Et c’est là toute la magie de Kon: Faire passer un film d’animation au niveau des meilleurs thrillers psychologiques.
Kon va petit à petit, orienter son film vers le concept de schizophrénie. Cependant, pas du tout de manière simple et classique, avec une fin se limitant à « en fait ce perso n’existe pas, il est dans sa tête » mais plutôt d’une manière beaucoup plus complexe, voir artistique. Le film va alors se décomposer en 2 : Mima devenant actrice, elle va jouer dans un thriller ressemblant étrangement à ce qu’elle vit.
A partir de là, nous jonglons entre les deux mondes : celui du film et celui de sa vie au quotidien. Kon va nous perdre au fur et à mesure sans que cela devienne chiant à suivre. C’est là tout l’intérêt de sa technique de réalisation, Il joue avec son spectateur afin de brouiller les pistes au maximum et sortir du schéma classique.
A la fin du film, il est clair que l’on se pose plein de question, comme qui est qui ? Quelle histoire est réelle ? Finalement, à la manière de son héroïne Mima. Kon arrive donc à nous plonger dans sa tête et de bien comprendre les effets schizophréniques. C’est là toute la force du film. A voir plusieurs fois pour bien comprendre les tenants et les aboutissants (ce qui peut ne pas plaire à tout le monde).
Excellent film donc qui vaut largement le détour et qui fait figure de classique dans les films d’animation japonais. Aronofsky s’en inspire (ou pure plagiat ?) largement dans ces films…voir Requiem for a dream, Black Swan.
Satoshi Kon montre un véritable art de l’animation et ses films suivants seront tout aussi bons (et psychédélique!)
Note: 8.75/10
Satoshi Kon:
Paprika = 08/10
Millenium actress = 8.5/10
Tokyo Godfathers = 06/10