[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

je dirais plutôt dérangeant, et j'utiliserais plutôt cet adjectif pour J'ai rencontré le diable amha ^^.

Edit : ah ouais tu parlais en fait de The Murderer en fait, mea culpa .

[Jed_Trigado]

Foutraque faudrait pas abuser, c'est pas de l'écriture bessonienne non plus. Les facilités sont plus légères et servent davantage l'action qu'autre chose, ça n'alourdit pas le récit contrairement a The Chaser.

[Jimmy Two Times]

Moi, je te dis que c'est foutraque et ça ne m'empêche pas de lui mettre un 8.5/9

[Dunandan]

Bon par contre ça risque d'attendre un petit peu, vu que que la version nord-américaine n'est pas la "full version"

[Velvet]

On ne peut pas dire non plus que les personnages soient très approfondis. A part ce montage mettant en exergue les efforts désespérés de cette femme à s'en sortir, la détermination exemplaire de son mac à la trouver, et la perversion latente de ce psychopathe (un peu trop surlignée à mon goût), pas grand chose à se mettre sous la dent. A mon sens, tout ça nuit à l'aspect profondément humain et tragique du film.

Bah au contraire, le film ne s'ankylose pas d'explications maladroites ou de pathos psychologiques. Un peu comme Seven, le nihilisme parle de lui même pour caractériser ses personnages avec un environnement qui en devient un être à part entière. Ces dédales de rue labyrinthiques qui représentent presque l'esprit dissout de ce malade. Même sans dire grand chose, The Chaser montre parfaitement la tentative de rédemption de cet homme qui se sent autant coupable du sort de cette femme. Et avec ça, le film gagne en émotion avec des scènes toutes bêtes mais qui prennent au tripes comme cette séquence avec la gamine dans la voiture qu'on entend pas pleurer. C'est fort.

Malgré des ficelles un peu malines, The Chaser, c'est aussi un polar bien glauque, au suspense parfaitement dosé et des ruptures de tons encadrées, et avec une mise en scène à couper aux couteaux à l'image de la séquence finale, d'une puissance abyssale.

[Dunandan]

Je suis d'accord avec ce que tu en dis, mais ce que je voulais aussi dire, c'est qu'une meilleure écriture - et quand je dis meilleure, je parle d'un script mieux ficelé (beaucoup trop de hasards justifient les rencontres...) - aurait justement mieux servi les scènes que tu soulignes. A partir du moment que tu sais que tout peut arriver, "car c'est le hasard", ben moi ça me sort du film et de l'émotion qu'il porte, aussi intelligente ou pertinente soit la proposition de départ.

Et pour parler de la gamine, cette storyline m'a aussi un peu dérangé : elle est toujours là au mauvais moment, quand on parle du travail de sa mère, de son possible décès, etc. . Cela me semble un peu forcé...

[Scalp]

The Chaser c'est un grand film, non mais.

[Mr Jack]

Grave, dégueulasse ta note Dun

[Alegas]

Allez Dun', revois le, rend toi compte de ton erreur, et met lui 8 minimum.

[Dunandan]

The Raid 2, Gareth Evans (2014)

The Raid 2 reprend là où le premier s'était terminé, en se dotant cette fois-ci d'une ambition narrative bien plus grande à la façon du Parrain, où un flic infiltré essaie de tirer son épingle du jeu, au milieu d'une guerre territoriale régnant entre gangs philippins et japonais. Problème, Gareth Evans grossit tant les qualités que les défauts de son précédent film, ne réussissant jamais, une fois de plus, à trouver l'équilibre entre des affrontements plus dantesques et sanglants que jamais (la mise en scène et la chorégraphies sont assez fantastiques avec des caméramans qui jouent aux cascadeurs, nous concoctant parfois des angles de vue inédits pour plus d'impact et d'immersion), et la dramaturgie qu'implique une telle histoire.

The Raid 2 singe, sans se distinguer, tous les films de mafia auxquels il se réfère. Longueurs (les 2h30 ne me paraissent jamais justifiées) et personnages survolés sont aussi de la partie, au point qu'on finit par se foutre de leur sort entre deux séquences d'action de fous furieux. Celles-ci ont beau figurer parmi les plus impressionnantes réalisées ces dernières années, elles se résument bien souvent à un concours de violence qui véhiculent assez peu d'émotion, faute d'enjeux substantiels et/ou effet lassant de répétition. D'autre part, on ne croit pas à la relation d'honneur entre le héros et les yakuza (pourquoi leur boss lui fait autant confiance demeure un mystère pour moi), le parrain philippin ne dégage aucun charisme malgré son accoutrement, et on est à peine plus intéressé par une relation conflictuelle yakuza père/fils qui sent le réchauffé. Pire, l'action retombe comme un soufflet avec une conclusion faiblarde (ou comment réduire à néant les nombreux virages narratifs déployés) et un climax qui déçoit. Pourquoi en effet rendre les tueurs aussi iconiques et bad-ass (le mec à la batte de base-ball, et surtout la nana aux marteaux dévastateurs, mais aussi plus tôt, le mec chevelu à la machette), pour ensuite les sacrifier aussi rapidement et salement ?

Bref, si Gareth Evans est en train de se faire un nom dans le genre du cinéma d'action, ce n'est pas pour ses qualités d'écriture. Pour canaliser son énergie qui nous offre tout de même d'excellents morceaux de bravoure - ce qui explique ma relative indulgence -, il devrait, à l'instar du cinéma HK de la belle époque, revenir à davantage de simplicité dans les enjeux et les ressorts narratifs, travailler ses personnages, de façon à ce que ses scènes d'action ne s'apparentent plus à une belle grosse démo de savoir-faire technique, jouissive mais terriblement désincarnée, mais soient l'aboutissement d'une véritable construction dramatique. En l'état, on a cette désagréable impression d'avoir deux films (action-movie & fresque criminelle) en un qui ne se rejoignent jamais vraiment en termes de qualité et d'impact, ce qui est vraiment dommage.

Note : 6/10

[Dunandan]

Memories of Murder, Joon-ho Bong (2003)

Je ne ferai pas l'original, Memories of murder est certainement l'un de mes films sud-coréens préférés. Dès le départ, le spectateur est averti que cette histoire se base sur un crime non résolu (un viol de femmes toujours exécuté de la même façon, très professionnellement, sans laisser de traces), et pourtant je tombe dans le panneau à chaque fois. Si l'intrigue est aussi prenante bien qu'on sache comment ça va finir, ce n'est pas un hasard. Joon-ho Bong possède un véritable talent dans la direction des acteurs, la rupture de tons, et la mise en scène, qui confère à ce film une patte immédiatement reconnaissable entre tous les polars qui ont abordé le même type de sujet (une enquête se soldant par l'échec).

La réalisation se fait pourtant presque invisible (pas de gros mouvements de caméra), mais elle se met toujours au service des personnages avec un sens aigu du cadre (comme cette façon d'insister sur les visages, pour en tirer divers effets, c'est-à-dire comiques, dramatiques, ou propres à l'enquête), et de son environnement rural (mortellement beau et mystérieux). En dépit d'un fond superbement tragique (la musique aide en ce sens), Joon-ho Bong sait comment relâcher la pression et produire un décalage sordide, en jouant de l'opposition entre ses deux personnages principaux, à savoir ce policier de la ville, sérieux et méticuleux, et ce policier de la campagne, usant de combines pour le moins douteuses (torture, orientation des réponses) pour arriver à ses fins. Ils partagent le même but et la même passion (résoudre des enquêtes), mais tout les oppose, tant leurs méthodes et leurs caractères. Ce qui donne bien souvent des séquences irrésistiblement drôles et picaresques (le coup de pied sauté de l'adjoint, running-gag ambulant), qui sont loin d'être gratuites, puisqu'elles soulignent aussi la désorganisation d'une police locale dépassée par les évènements. Une impuissance latente qui arrive à son comble durant un dernier acte déchirant et frustrant. Ce polar prend alors un tour quasi métaphysique, avec une vérité autour de l'identité du coupable qui échappe totalement aux procédures des deux policiers (brutalité versus méthode), aussi opaque et fuyante que le tunnel sur lequel s'achève cette enquête.

Difficile de cataloguer tous les sentiments qu'on a devant ce film, tant les registres utilisés sont différents (comédie, enquête policière, étude de caractères et de terrain, tragédie), ce qui en fait une oeuvre profondément riche, humaine, et touchante. C'est pourquoi j'apprécie autant les films de ce réalisateur, capable d'une scène à l'autre de faire rire, d'émouvoir, ou de faire réfléchir sur ce qu'on voit à des degrés parfois très élevés, sans qu'on fasse d'effort particulier, par la seule puissance de la narration et de sa mise en scène. Très fort.

Note : 9/10

[Jed_Trigado]

[Mark Chopper]

Le meilleur polar sud-co, point final.

[Dunandan]

Je suis bien d'accord, ça va être très très dur de se hisser à son niveau, et ce, sans presque verser aucune goutte de sang ^^.

[osorojo]

Je l'avais vu au cinoche, j'étais ressorti tellement apaisé. Un sacré film, que je n'ai pas revu depuis sa sortie. J'ai vraiment beaucoup envie de le revoir ^^