[Velvet] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 21 Déc 2014, 20:40

J'étais sur que ça allait te parler :super:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Dim 21 Déc 2014, 21:06

Un p'tit Gonin maintenant . Tiens Jimmy devrait le mater celui-là, ça lui plairait plus que Glory to the Filmaker! :chut:
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Enemy - 6/10

Messagepar Velvet » Lun 22 Déc 2014, 14:05

Enemy de Denis Villeneuve (2014) - 6/10


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Tu es mon miroir, je suis ton ombre. Difficile est la dualité du moi-même. Et avec Enemy, film au contour patibulaire, Denis Villeneuve décide alors de nous insérer dans l’esprit torturé d’un homme en proie au doute identitaire. Comme une sorte de puzzle grandeur nature qui placerait avec minutie ses indices au gré de son récit, Enemy narre la petite histoire d’Adam, un professeur universitaire batifolant avec une belle blonde, Mary. Suivant avec plus ou moins de talent les traces de bizarreries dignes d’un Polanski (Repulsion ou Rosemary’s baby), le personnage d’Enemy va se rendre compte qu’un acteur de seconde zone lui ressemble trait pour trait. Une sorte de double physique. Son « double », nommé Anthony, vit avec sa femme enceinte un peu castratrice, Helen. Mais alors qui est qui, que se passe-t-il ? Adam est Anthony ou Anthony est-il Adam ? Adam va alors essayer de retrouver la trace de son jumeau mystérieux. Mystère.

La question se pose, mais le long métrage ne se questionne que sur cet unique et seul arc narratif bien vite évident qui débouche sur les doutes d’un homme face à son enfermement autoritaire par rapport aux femmes de sa vie, dont l’araignée semble être l’emblème, incrustée dans de nombreuses scènes mentales. Malgré son manque d’opacité, Enemy dévoile des mystères au travers d’un montage particulièrement intelligent. Mais il est aisé de remarquer que l’élève est encore loin de dépasser les maîtres. Surtout qu’Enemy est ensevelit sous les références, notamment, celle d’Eyes Wide Shut avec cette première séquence stridente plutôt bien réussie dans une orgie plus moins fétichiste. Mais là où l’œuvre de Stanley Kubrick se révélait être une réelle réflexion profonde sur le couple et les désirs inavoués, Enemy se renferme sur lui-même, comme Adam, et ne s’intéresse qu’à son effet de style plus ou moins trompeur, préférant jouer les petits malins à travers certaine scènes qui serviront de cache misère symbolique à un récit qui peine à mettre en éveil une quelconque fantaisie.

Dans une ville de Toronto, sanctuaire mental parfaitement photographié il faut l’admettre, Adam couche avec Mary, donne des cours à la fac, se tient la tête entre les mains, roule en voiture, change de vêtement avec Anthony. Et puis ? C’est tout. Malheureusement. Point final, le rideau tombe. Denis Villeneuve n’est pas le réalisateur le plus subtil existant, préférant mettre les pieds dans le plat avec une écriture éléphantesque (Œdipe d’Incendies), quitte à alourdir ses récits aux thématiques bien ancrées. Malgré tout, ce manque de finesse est dissimulé par une qualité qui est lui est propre : une dramaturgie épique qui fait s’envoler adroitement ses récits. Malheureusement Enemy prend le chemin inverse. Enemy mise tout sur sa subtilité maladroite de la parcimonie de ses indices et en oublie toute tentation d’enjeux narratifs.

Jonglant sur son écriture purement réflexive maitrisée, Denis Villeneuve en oublie toute écriture cinématographique, pointée du doigt par le manque de profondeur des deux femmes en question, alors qu’elles sont les deux causes principales du malaise psychologique d’Adam. Là où Mulholland Drive insérait ses troubles cauchemardesques dans une histoire d’amour intemporelle et un Hollywood funeste et presque misanthrope, là où Donnie Darko s’immisçait dans la jeunesse et le puritanisme hypocrite de la société américaine, là où L’Echelle de Jacob portait une réelle réflexion sur le poids de la guerre et la perte de contrôle, Enemy n’étudie aucune des pistes qu’il mène, notamment sur les couples trentenaires de notre génération, bien trop content de faire réfléchir l’imagination futile, au détriment du pur plaisir cinéphilique. Dommage.
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Whiplash - 7,5/10

Messagepar Velvet » Ven 26 Déc 2014, 16:52

Whiplash de Damien Chazelle (2014) - 7,5/10


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La musique n’est plus un plaisir, mais seulement un sacrifice de chaque instant. La volonté ne connait pas de limites sauf celles de la tolérance à la souffrance physique. Dans cet arrière du décor d’un monde fait de monstres et de solitude, le sang et les larmes ne sont que des étapes supplémentaires dans l’apprentissage d’un art qui demande du travail et de l’abnégation. Comme Nina dans Black Swan, le corps d’Andrew portera les stigmates de son acharnement à l’effort. Le rideau tombe, les lumières s’épaississent puis la musique surgit : il y a ceux qui l’écoutent et ceux qui la font.

L’œuvre de Damien Chazelle est un duel fratricide, un peu trop linéaire dans sa description des forces en présence, entre un jeune batteur de jazz qui veut devenir le meilleur (Andrew) et un professeur tyrannique (Fletcher), qui n’a qu’une seule ambition : celle implicitement, de découvrir la perle rare, une sorte de nouveau « Charlie Parker ». La musique n’est pas une symbiose qui s’appréhende avec le sourire. Elle se capture dans la paume de la main ferme de son professeur charismatique et véloce, et se répète sans relâche pour garder le tempo de son orchestre jusqu’à perdre raison. Quitte à subir les pires humiliations. C’est le prix à payer pour entrer dans le panthéon.

Et Whiplash regorge de scènes de bravoures d’entraiment en groupes où Fletcher se fera un malin plaisir opiniâtre à éclabousser l’arrogance et les acquis de jeunes musiciens en herbes à l’image de ce longue et éreintant essai de trois batteurs à bouts de nerfs et de forces. Bien évidemment, la référence à Full Metal Jacket, notamment à travers JK Simmons, se fait de plus belle. De ce fait, malgré sa parfaite direction d’acteurs et sa mise en scène fétichiste, Damien Chazelle s’inscrit un peu trop dans la carapace de ses personnages, et dispose d’une répétitivité narrative qui manque d’ambition à force de ne filmer que des séquences d’entrainement et de tortures psychologiques, qui au fil des minutes, deviennent une sorte de mécanique un peu trop bien huilée.

Cela en diminue la dimension du dévouement quotidien qui ne se manifeste que très peu à l’image sauf voir Andrew quitter sa petite amie, qui de toute manière n’avait que peu d’importances dans le récit. Pour Andrew, l’objectif n’est pas de faire de la musique mais d’être le meilleur, de sortie la note juste. Le bienêtre passe par le fait d’être reconnu, vivre peu mais intensément comme nous l’explique Andrew autour d’un repas de famille qui tourne à la débauche narcissique à l’étalage. Pour Damien Chazelle, la talent ne peut pas s’exprimer par l’innée ou l’oisiveté excentrique, mais ressert son étau à travers la sueur et la répétition.

La souffrance, rien que la souffrance qui n’est que bénéfice. Pas de place pour les « lâches », Damien Chazelle n’a que très peu d’égards pour ce qu’il assimile presque à des « moins que rien », comme ce jeune musicien s’étant suicidé sous la pression autoritaire. Et l’émotion là-dedans ? Elle n’a que peu sa place ici. Sauf celle de la victoire. Whiplash dessine notre société d’aujourd’hui. La concurrence déshumanisante comme stimuli et leitmotiv. Des hommes et des femmes qui ne respirent que de grandeurs et d’ambition mais où l'effort paye toujours.C’est alors dans un final extraordinaire de tension musicale que Whiplash tire sa force de son propos jusqu’au boutiste pour symboliser l’apogée de toute cette satisfaction mutuelle dans la folie et dans la manipulation presque aimante et solidaire.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar dagokhiouma » Ven 26 Déc 2014, 16:56

Hate de le voir celui-ci :bluespit:
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar caducia » Ven 26 Déc 2014, 18:08

:+1:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Mer 31 Déc 2014, 14:21

Bilan Décembre:


243) Before Sunrise de Richard Linklater (1994) - 7/10 - CRITIQUE
244) Before Sunset de Richard Linklater (2003) - 8/10 - CRITIQUE
245) La ligne rouge de Terrence Malick (1998) - 10/10 - CRITIQUE
246) Hunger de Steve Mcqueen (2008) - 9/10 - CRITIQUE
247) Naked de Mike Leigh (1993) - 8/10 - CRITIQUE
248) The Brutal Hopelessness of love (2007) de Takashi Ishii - 8/10 - CRITIQUE
249) Ghost World de Terry Zwigoff (2001) - 7/10 - CRITIQUE
250) Colt 45 de Fabrice du Welz (2014) - 6,5/10
251) Freeze me de Takashi Ishii (2000) - 7,5/10 - CRITIQUE
252) La jetée de Chris Marker (1962) - 9/10
253) Whiplash de Damien Chazelle (2014) - 7,5/10 - CRITIQUE
254) Exodus de Ridley Scott (2014) - 3/10
255) L'interview qui tue de Seth Rogen (2014) - 3/10
256) Les Chiens errants de Tsai Ming Liang (2014) - 8/10
257) Le Hobbit 3 de Peter Jackson (2014) - 3/10
258) Hunger Games la révolte partie 1 de Francis Lawrence (2014) - 3/10
259) Adieu au langage de JL Godard (2014) - 1/10
260) The Mist de Frank Darabont (2007) - 6/10
261) A most violent year de JC Chandor (2014) - 7/10



Découverte du mois:


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Déception du mois:


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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Mer 31 Déc 2014, 15:16

Pour clore mon topic, comme l'année dernière, mon bref top 2014.

15 - Whiplash de Damien Cazelle

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La souffrance, rien que la souffrance qui n’est que bénéfice. Pas de place pour les « lâches », Damien Chazelle n’a que très peu d’égards pour ce qu’il assimile presque à des « moins que rien », comme ce jeune musicien s’étant suicidé sous la pression autoritaire. Et l’émotion là-dedans ? Elle n’a que peu sa place ici. Sauf celle de la victoire. Whiplash dessine notre société d’aujourd’hui. La concurrence déshumanisante comme stimuli et leitmotiv. Des hommes et des femmes qui ne respirent que de grandeurs et d’ambition mais où l'effort paye toujours.C’est alors dans un final extraordinaire de tension musicale que Whiplash tire sa force de son propos jusqu’au boutiste pour symboliser l’apogée de toute cette satisfaction mutuelle dans la folie et dans la manipulation presque aimante et solidaire.


14 - 12 years a slave de Steve Mcqueen

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Comme dans Shame, comme dans Hunger, Steve Mcqueen filme son univers désenchanté, sans presque aucune voie de secours, comme vision crépusculaire de l’enfer. Dans le cinéma de Mcqueen il y a toujours cette volonté de mettre en avant ce sentiment de liberté, cette volonté d’être confronter à ses choix, ce libre arbitre qui fait de nous des hommes, comme durant ce moment où la jeune et fragile Patsey lui demande de la tuer pour la libérer du calvaire que lui fait endurer Edwin Epps. Cela a le mérite de décaler le film de son carcan esclavagiste, pour dévoiler un film ambigu, humaniste et non manichéen, parlant de sujet tout aussi dur tel que la relation homme/femme. L’esclavage est un thème déjà utilisé jusqu’à sa moelle par le cinéma mais le talent de Mcqueen permet à 12 years a slave d’être un film atypique, frontal et déchirant. A l’image de cette scène finale, tant attendue, mais qui fait alors resurgir une émotion qui ne demandait qu’à exploser.


13 - States of Grace de Denis Cretton

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De petites scènes de coloriages ou de rasage de cheveux deviennent de petits éclats dans un ciel obscurci. Bien évidemment, l’héroïne du film, Grace, connait elle aussi ses petits moments de doutes (sa grossesse), sa détresse (son père). Toutes ses faiblesses resurgiront notamment quand une nouvelle adolescente arrivera dans le foyer, dans laquelle elle s’identifiera comme dans un livre ouvert. States of Grace est un petit film sans ambition, qui ne triche pas, laissant s’appesantir cette tension sourde. L’œuvre prend le pouls de son environnement, préfère rester ancré au simple quotidien plutôt que de s’ensevelir sous la métaphore ou le symbolisme lourdingue. A l’image de la dernière anecdote concernant Marcus, States of Grace respire un espoir amusant.


12 - The Tribe de Miroslav Slaboshpitsky

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La réalisation, quant à elle, tout en plan séquence immobile ou jalonné de sublimes travellings, laisse place à une certaine imagination, dévoile une mini société qui agit comme une meute, où chacun à sa place, son rang, ses droits et ses devoirs. Une société hiérarchisée qui comprend un chef puis des sous chefs à la tête d’un réseau de prostitutions où deux jeunes filles vont faire le tapin pour de vieux routiers pour espérer quitter le pays et se payer un passeport pour l’Italie. Comme l’était The Great Ecstasy de Robert Carmichael, The Tribe se dessine un peu comme le chant du cygne d’une certaine part de notre humanité, une jeunesse isolée qui marche par instinct dans une routine malaisante mais aussi terrible, où la condition des relations humaines primitives finira inévitablement dans une violence sourde et soudaine.


11 - Interstellar de Christopher Nolan

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Avec Interstellar, Christopher Nolan décloisonne son cinéma, casse les barrières de l’intellectualisation froide de ses derniers scripts (Inception) habituellement surplombés par sa logorrhée explicative, pour aller cette fois ci dans des contrées à l'imaginaire scientifique émouvant. Avec Interstellar, Christopher Nolan ne met pas en scène simplement des scientifiques arc boutés sur leurs missions mais des individus qui répondront de leurs missions par leurs émotions, ce qui les guide vers l’humanité et leurs chemins de croix. L’amour d’une fille pour son père, celui d’un père pour sa fille. Rien de plus banal mais Christopher Nolan arrive à s’en accommoder pour faire de ce lien intemporel et stratosphérique, une relation en « 5 dimensions », un dialogue interstellaire inoubliable.


10 - Bird People de Pascale Ferran

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Un homme, une femme plus jeune, la solitude nocturne, l’incompréhension, ça rappelle un peu Lost in Translation même si les deux films sont diamétralement opposés. Pascale Ferran, à la moitié de son film, change d’horizon, surnaturelle, « animale ». Au premier regard, on reste un peu perplexe, puis cette sensation de liberté de ton et de narration dégage une poésie salutaire sensitive qui procure beaucoup de plaisir. Certaines scènes aériennes font vaguement penser à celles d’Enter the void de Gaspar Noé. A ce moment, on divague, on vole, on surprend quelques discussions, Pascale Ferran ne surécrit pas ses personnages à défaut de trop montrer ses intentions. La petite étincelle du film est là devant nos yeux, le charme opère, c’est cette identification (personnelle) à ses deux protagonistes. C’est terriblement commun, ces deux personnages sont humains, défaillants comme tout un chacun, silencieusement en souffrance pour au final lever les yeux et retrouver le simple plaisir d'une main tendue.


9 - Eastern Boys de Robin Campillo

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Avec sa caméra, Robin Campillo arrive parfaitement à filmer les lieux dans de petits espaces, à avoir un réel regard d’auteur sur les langages des corps et ses indications. Eastern Boys paraît limpide dans le cheminement de son écriture malgré ses quelques longueurs évitables notamment dans son troisième chapitre sur la romance entre les deux hommes. Eastern Boys est un film d’auteur français, moderne, parfaitement intégré dans sa période en proposant des sujets d’actualité comme celui d’être étrangers dans un monde contemporain ou du rapport de domination entre les hommes d’un point sexuel ou même patrimonial, en prenant des allures de films « monde » dans une dernière partie haletante.


8 - Heli d'Amat Escalante

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Le plus effrayant voire le plus foudroyant dans Heli, c’est la distance avec laquelle Escalante fait résonner toute la cruauté de cette histoire, comme si cette violence n’était qu’un sentiment devenu familier ou quotidien dans les mœurs (les enfants qui regardent un homme torturé avec le plus grand détachement, le traitement de la vengeance personnelle) ou dans la culture populaire (les journaux télévisés pullulent de faits divers). Si Escalante sait se faire cinglant d’un point de vue explicite, il apprend à être tétanisant dans les non-dits. Que ça par soit l’imagerie presque nihiliste d’une jeunesse esseulée, avec un humour noir sagement dosé, d’une institution politique à la renverse, par un style volontairement agressif, Escalante offre une œuvre sans compromis, au rythme lent et presque silencieux, à l’aura crépusculaire parfois bouleversante avec un majestueux plan final innocent de jouissance dans un monde de terreur.


7 - Le Conte de la princesse Kaguya de Isao Takahata

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Le conte de la princesse Kaguya est un conte triste sur la recherche du bonheur, une fable sur la pureté du souvenir, sur la fragilité de notre existence, une œuvre d’une liberté assez réjouissante, changeant d’allures à sa guise entre recueillement contemplatif et explosion volcanique, tout cela accordé par un dessin en perpétuel mouvement, à la fois simpliste et détaillé, clair et sombre. Graphiquement, c’est un plaisir immédiat pour les yeux, c’est d’une grâce insoupçonnée. Le conte de la princesse Kaguya nuance son propos, et sait ne pas tomber dans la routine, voyant un récit s’amuser d’une ironie grinçante notamment à travers ses personnages de probables maris puis d’une détresse sourde et inévitable pour basculer dans une dramaturgie existentielle dans son dernier tiers qui fait rejaillir tout un tas de questions qui s’éparpillent dans son esprit sur qui elle est réellement, sur ce qu’elle a vécu, sur le fait qu’elle ait vécu par procuration pour faire honneur à ses parents et non pour s’affranchir personnellement.


6 - Maps to the stars de David Cronenberg

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Dans Cosmopolis, chaque chose avait une valeur mathématique. Dans Maps to the stars, chaque individu à un intérêt envers chaque individu. Chaque dialogue, concis et millimétré aux mots près, est impressionnant, montrant avec précision le gouffre vertigineux de la communication dans une société au quotidien irréel. Chaque personne communique à une autre pour parler de soi-même et pour savoir si l’interlocuteur peut avoir un intérêt matériel. L’autre est une projection du monstre qui sommeille en chacun de nous. La société n’est plus une communauté mais un réseau. Le passé prendra le pas sur la réalité, Maps to the Stars verra alors ses étoiles se fissurer, se consumer dans des flammes scintillantes où chaque personnage sera le pantin d’un scénario à la mythologie monstrueuse.


5 - Only lovers left alive de Jim Jarmusch

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Parler du film sans mentionner la classe et le charisme de ses deux acteurs, serait ne pas rendre justice à Tidla Swinton et Tom Hiddelston. Ils forment un couple à la symbiose presque parfait à l’écran, duo fait de noir et de blanc, de pessimisme et d’optimisme, avec un côté poseur dandy presque magnétique. Derrière ce duo vampirique, se cache aussi une amertume, celle du réalisateur, qui se transpose presque dans le personnage d’Adam. Cette sœur turbulente qui vient de Los Angeles « la capitale des zombies », la peur de voir l’art dans les mains du succès et des conventions, ce monde où l’Homme vaporise ses denrées (l’eau), on y voit ici l’œuvre d’un artiste, qui ne comprend pas forcément le monde dans lequel il vit


4 - The Rover de David Michod

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Après un séduisant Animal Kingdom, David Michod récidive avec son deuxième film The Rover qui nous plonge dans un monde post apocalyptique austère et fascinant. The Rover est un bloc, d’une unité jusqu’auboutiste, et d’une puissance visuelle étourdissante. Le réalisateur australien continue son périple s’intéressant à la sécheresse des rapports humains où tous les coups sont permis. The Rover est encore plus aride, plus nihiliste que son prédécesseur, tout en gardant les mêmes thématiques, notamment la définition et la loyauté de la famille dans un monde hostile. The Rover ne s’alourdit pas d’un scénario compulsif et blindé de rebondissements.


3 - Gone Girl de David Fincher

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Comme depuis The Social Network, Fincher s’entoure du fabuleux travail sonore de Trent Reznor et Atticus Ross. A travers le récit de Gillian Flynn, le réalisateur ne réalise pas un simple polar aux multiples fenêtres, mais offre ici un récit envoutant aux nombreuses pistes de lectures sur les intentions et les manipulations de ses propres protagonistes, notamment durant une deuxième partie de récit, où un jeu du chat et de la souris va devenir un jeux de massacre où sans rentrer un délire schizophrène, le fantôme de Fight Club hantera l’esprit de Gone Girl : la destruction d’un univers pour l’auto construction d’un soi-même en parallèle avec la société de consommation et d’apparence.


2 - Her de Spike Jonze

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Her parle avec intelligence d’innombrables thèmes comme celui la compatibilité esprit et corps, et de la matérialité des sentiments vis-à-vis de son impuissance physique. Cette solitude affective liée au désir habitant en chacun de nous n’est pas sans rappeler Shame de Steve Mcqueen. D’ailleurs ce qui est intéressant, c’est ce rapport entre l’humain et la technologie, qui par certains aspects, prend des tournures inattendues. Jonze écrit alors un film terrible de sensibilité, intelligent, une histoire d’amour inédite mais universelle, qui passe du chaud au froid avec facilité, jamais moralisatrice sur la condition humaine, filmant avec drôlerie et tristesse la solitude affective d’un homme qui ne demande qu’à s’affranchir des sentiments qui l’empêchent d’avancer. C’est juste l’histoire d’un homme qui veut enfin, commencer à écrire ses propres lettres.


1 - Under the skin de Jonathan Glazer

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Cette jeune mante religieuse mutique, est l’alter ego de Jean, personnage du fantastique Sombre de Philippe Grandrieux, homme impuissant qui sillonnait les routes à la recherche de proie, de chair qu’il pouvait s’accaparer pour mieux la triturer dans un malaise incandescent. Le plus fascinant reste l’exposition même de cette actrice, de ce personnage à la beauté naturelle délicieuse. Under the skin est à l’image de Scarlett Johansson, d’une cohérence sans borne : un film objet, simple comme bonjour mais terriblement fascinant qui sort des sentiers battus, une vraie proposition de cinoche d’une beauté omniprésente.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Mer 31 Déc 2014, 17:00

Tu ferai un bon journaliste des Inrocks :mrgreen: (mais on t'aime bien quand même) 8)
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Mer 31 Déc 2014, 17:17

Mr Jack a écrit:Tu ferai un bon journaliste des Inrocks :mrgreen:


Mes gouts en matière de cinoche sont plus douteux que je ne le pensais. :eheh:

(mais on t'aime bien quand même) 8)


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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Jeu 01 Jan 2015, 12:23

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 03 Jan 2015, 22:58

Très cool ton top (bon j'ai rien vu pour scarlet en première place xD). Je retrouve pas mal de films qui seront dans le mien :) Pas encore eu le courage par contre de tenter The Tribe qui me fait de l'oeil, peut être que j'arriverai à me motiver avant la fin du mois ^^
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Dim 04 Jan 2015, 07:34

The Tribe et Héli, ça peut te plaire je pense. Nico qui adhère aussi à ce genre de parti pris a mis des bonnes notes à ces deux films si je ne dis pas de bêtises.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar nicofromtheblock » Dim 04 Jan 2015, 21:02

Tout à fait. D'ailleurs, The tribe n'est pas loin d'être dans mon top 20.
Achat prévu en DVD à sa sortie. Et je pense que je vais me prendre Heli également.
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