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Les Guerriers de la nuitThe Warriors
Walter Hill — 1979 — 8/10
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Certains a priori peuvent donner une image totalement faussée d'un film. Dans le cas des Guerriers de la Nuit, je m'attendais à un traitement réaliste et à une violence abordée de manière frontale. Or, il bénéficie plutôt d'une orientation comic book, approche renforcée par les transitions de la version director's cut sous forme de cases de bande-dessinée. L'action se déroule dans un futur proche où les gangs ne sont pas très éloignés de ceux d'Orange Mécanique et des accoutrements quasi-théâtraux de la bande d’Alex. On trouve par exemple les Baseball furies, vêtus de combinaisons de baseball et au visage blanchi à la manière des mimes, ou un autre affubllé de chapeaux violets et de manteaux qui les font ressembler à des pimps. L'intrigue suit la traque des Warriors, un gang soupçonné d'avoir abattu un leader souhaitant unifier l'ensemble des gangs contre les forces de l'ordre, qui va tenter de rejoindre son quartier situé à l'autre bout de la ville. Deux ans avant Sans Retour, Walter Hill abordait déjà le survival avec ce récit situé cette fois en milieu urbain. L'intrigue se déroule l'espace d'une seule nuit durant laquelle ce gang seul contre tous devra tenter de survivre dans un milieu hostile où attraper son métro peut devenir une question de vie ou de mort. L’éclatement de l'équipe, en raison de dissensions internes, vient multiplier les obstacles qui se dressent sur leur route: flics, voyous, bande de filles qui vont tenter de les séduire telles les sirènes de la mythologie grecque... L'adhésion aux personnages est acquise dès les premiers instants, lorsque Hill les érige en faux coupables que tout accuse, face à un David Patrick Kelly parfait en petite teigne dont on éclaterait volontiers la tronche. On passera sous silence leurs aptitudes martiales limitées.
Les Guerriers de la nuit est rempli de micro-péripéties, que le réalisateur enchaîne sans temps mort et avec un sens aiguisé de la tension. Il utilise à bon escient des ralentis à la Peckinpah, son maître à penser, qui viennent souligner certaines actions violentes. Le film bénéficie d'une très jolie photo bleue métallique d’Andrew Laszlo qui met bien en valeur l'environnement urbain, soutenu par une musique atmosphérique de Barry De Vorzon. Quelques dialogues badass font instantanément mouche, tel ce "
I'll shove it up your ass and turn you into a popsicle" lancé aux Baseball furies à propos de leurs battes. L’ultime scène se déroulant sur une plage aux première lueurs de l’aube, à mi-chemin entre western et film de samouraï, vient conclure sur une image apaisée cette course-poursuite haletante, les Warriors gagnant le respect de leurs pairs après avoir prouvé que leur nom est amplement mérité…