Je voulais y croire mais ça me semble raté. Pourtant je trouvais l'idée de faire un Blockbuster qui prend le spectateur à contre-pied du gros spectacle, en jouant avec l'aspect intimiste et la spécificité de Godzilla, assez intéressante à défaut d'être véritablement originale si on connait la version de 1954 et ses suites japonaises, là n'est pas le problème. Non, le problème, c'est que les 90 % du film se déroulent avec les humains qui sont inintéressants au possible (pas un trauma, mais deux, pour expliquer les motivations des personnages principaux !), et qu'on nous coupe les séquences avec Godzilla beaucoup trop tôt. A quoi ça sert alors de monter la tension en épingle si on ne nous livre pas la marchandise ?
Mais tout n'est pas à jeter, m'enfin du moins dans les intentions. Le déroulement, en prenant du recul, est vraiment pas bête. D'un côté, ces "forces" de la nature qui ne cherchent qu'à se reproduire, faisant tout péter sur leur passage sans vraiment faire exprès, et de l'autre côté, Godzilla qui restaure l'ordre de la nature en faisant plus attention aux humains. Et au milieu, les humains qui persistent à répéter les erreurs de leur histoire, et ne se rendant pas compte des différences entre leur intérêt et celui de l'éco-système. Encore une fois, c'est très respectueux de l'oeuvre original, avec quelques clins d'oeil au passage à celle-ci. Et la mise en scène consistant à montrer que des parties de ces "monstres" pour insister sur le point de vue humain et le gigantisme auquel il a à faire face est pas mal trouvé, voire parfois réussi dans l'atmosphère posée, tout en dévoilements progressifs. Mais lorsque vient l'affrontement proprement dit, c'est abusé, on ne voit rien ! Littéralement. On nous coupe en pleine action aussitôt qu'on iconise Godzilla et ses adversaires. Rediffusion à la télévision, brume, caméra qui passe derrière les fenêtres ou super lointaine, tout est bon pour éviter le spectaculaire, ce qui m'a paru surfait pour un tel film qui doit quand même, à un moment donné, offrir au spectateur ce qu'il est venu chercher. Et le climax est vraiment trop court...
Pour revenir au casting, en plus d'être écrits à la truelle avec du stéréotype en voici, en voilà (moins que du Emmerich, mais quand même), quelle mauvaise idée que d'avoir mis Aaron Taylor-Johnson en lead, qui n'a vraiment pas les épaules pour ça. Au moins, avec Bryan Cranston, il y avait un soupçon d'émotion qui transparaissait (et pas seulement à cause de son trauma ou de sa quête de vérité un peu "lourds", mais c'est "juste" un bon acteur) mais là non, rien, il est super invisible ([méchanceté gratuite]tout comme Godzilla, tiens ![/méchanceté off]. J'ai même échapper un petit rire quand il sauve le petit philippin dans le tram, pour rappeler que c'est à lui de reprendre le fil paternel). Comment peut-on alors justifier la carte de l'intimiste, si les personnages et les acteurs ne sont pas à la hauteur ? Seul Ken Watanabe surnage un peu, mais lui non plus n'est pas très gâté en termes d'écriture. Non mais sérieux lorsqu'il fait le lien avec Hiroshima, la façon dont il amène ça, je voulais aussi rigoler. Que c'est caricatural !
Bref, je rejoins le groupe qui affirme que Godzilla est un gros pétard mouillé à hauteur de ses ambitions. Pétri de bonnes intentions (livrer un Blockbuster intimiste, et faire monter la tension jusqu'à une certaine apothéose), il se viande sur les deux plans qu'il était censé aborder. Un grand dommage, car du potentiel (la photo, certaines séquences autour de la découverte/apparition des créatures, l'histoire
dans son ensemble, une bonne atmosphère apocalyptique à certains moments), il y en a. Encore une B-A qui est meilleure que le film.
Note : 4.5/10