Cold in july, Jim Mickle (2014)
Nouvelle déception à l'image d'une année 2014 décidément pas très forte en découvertes. Pourtant j'aime bien le parti-pris de partir d'un père de famille, trouillard mais protecteur, qui tue chez lui un cambrioleur sans le faire exprès. Un schéma classique de culpabilité se profile, mais on n'en fait pas grand chose par la suite. Ainsi, en dépit d'une ambiance 80's réussie (superbe bande-son à base de notes de synthétiseurs qui a un petit côté John Carpenter, bien que ça ne colle pas toujours aux images), avec un joli travail sur les couleurs qui témoignent de l'état dans lequel se trouvent les personnages, j'ai rapidement déchanté avec le reste de l'intrigue autour des liens du sang, amenant une rupture de ton assez bancale et accusant de trous ou d'explications pas très finaudes (lorsque C. Hall tombe par hasard sur le père de sa victime, et ce qui s'ensuit avec lui alors qu'il avait quand même menacé son fils, ça a commencé à me sortir du film).
Si on passe par-dessus ce passage assez fumeux, quand bien même, ce trio à la recherche d'un réseau de pornographie juvénile / snuff movie qui se forme ensuite sort de nulle part, et l'évolution à laquelle on pouvait avoir droit avec le personnage de Michael C. Hall se fait de façon beaucoup trop grossière pour convaincre (je veux bien qu'il joue au curieux au début pour découvrir la vérité, mais pourquoi s'obstine t-il après à suivre les deux autres ? Pour se prouver qu'il a des burnes, et qu'il peut ainsi protéger sa propre famille ? C'est léger et ça ne fonctionne pas vraiment...). Toujours aussi classique, cette deuxième partie de l'histoire portant sur une sorte de vengeance un peu étrange ne passionne guère, outre le soucis de cohérence que j'ai souligné, faute d'enjeux assez forts et de personnages qui ne dépassent pas le cadre de leurs fonctions.
Reste une violence cash toujours bonne à prendre dans un polar (en gros, il ne faut pas faire chier Shepard ou Don Johnson même quand on fait plus de six pieds de haut) avec un règlement de comptes qui livre la marchandise et une réalisation atmosphérique/cauchemardesque toujours aussi sympathique. Mais encore une fois, le déroulement du scénario m'a sérieusement laissé sur la faim, ce qui est dommage pour le trio d'acteurs qui mettent du leur (y compris C. Hall et sa coupe ridicule de footballeur allemand).
Bref, j'aurais voulu un meilleur équilibre entre fond et forme, ce qui n'arrive pas vraiment. Parlons-en d'ailleurs de la justification première de C. Hall : vu que les 3/4 du film se font hors du cadre de la famille de C. Hall, celle-ci n'existe pas à l'écran, l'émotion ne prend pas, ce qui rajoute un côté désincarné à la chose qu'on aurait pu éviter. Donc frustré par ce joli potentiel gâché par une écriture indigente.
Note : 5.5/10