[elpingos] Mes critiques en 2014

[Alegas]

UN ÉTÉ A OSAGE COUNTY
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John Wells (2014) | 8,5/10

Sous ce titre français assez mièvre se cache en réalité une entreprise de dynamitage familial en bonne et due forme, un film moite et poisseux qui recèle une noirceur assez incroyable pour ce genre de film. John Wells, réalisateur issu de la télé met en scène un texte de théâtre de Tracy Letts, auteur notamment du formidable et dérangeant Killer Joe. Ainsi on y retrouve cette même science du dialogue et des personnages tordus, et on comprend mieux la présence de ce casting all star : Meryl Streep, en mère affreuse et addict aux médocs, et ses 3 filles, Julia Roberts, Juliette Lewis et Julianne Nicholson, chacune à la personnalité distincte. Un cocon explosif et féminin autour duquel gravitent les pièces rapportées Ewan Mc Gregor, Chris Cooper ou encore Benedict Cumberbatch. Une pléiade d'acteurs excellents dont chaque scène possède à la fois une très belle justesse et un je-ne-sais-quoi qui fait dérailler pour notre plus grand plaisir coupable la classique histoire de famille unie. Comme cette scène de repas d'une drôlerie et d'une férocité qui a de quoi surprendre et impressionner. Tout le film est donc dans cette même veine : les schémas traditionnels de ce genre d'histoire sont un peu tirés dans tous les sens, et on guette les instants de lumière qui pourraient surgir pour sauver ce petit monde, ou pas. Parfois drôle mais surtout féroce, point de dramaturgie appuyée ni de violon, mais bel et bien un coup de boots dans la fourmilière du middle west. Pourquoi tant de haine et de noirceur ? La réponse est dans la bouche cancéreuse de Mery Streep : bas les masques, arrêtons de se raconter des histoires. Jusqu'à la toute fin la démonstration est sinon agréable, extrêmement acerbe, efficace et talentueuse.

[Dunandan]

Belle critique Elpingos, l'un de mes films de l'année

Je ne savais pas par contre que c'était le même auteur que Killer Joe qui était derrière ce film, mais je préfère largement August: Osage County...

[elpingos]

Merci dun' (et vive les tops du forum qui m'ont permis de découvrir ce film).

[elpingos]

THE FRAME
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Jamin Winans (2014) | 6,5/10

Après un court-métrage primé internationalement ( Spin ), un premier long original et que j'avais trouvé extrêmement convaincant étant donné le budget ( Ink ), je suivais depuis longtemps l'évolution du nouveau film de Jamin Winans sur les réseaux sociaux.

The Frame sorti en DVD en octobre possède le même genre d'ambition que son prédécesseur, et ce malgré une nouvelle fois une production indépendante et très limitée. L'histoire raconte le destin de 2 personnages, un sans-papier, obligé, par une sorte de pègre de commettre des casses sur des chargements de camion, et une ambulancière, au passé familial semble-t-il douloureux. Les 2 personnages partagent donc un certain mal-être et vivent un peu chacun isolés de leur côté. Et sans dévoiler le concept de l'histoire et l'élément déclencheur, ils vont d'une façon très étrange entrer en communication, changeant alors tout de leur perspective, et de la notre.

Jamin Winans réussit donc à créer une histoire une fois de plus surprenante, unique, et pour les amateurs d'originalité et de délire à la Marc Antoine Mathieu, c'est un régal pour les synapses et les yeux (en plus de réutiliser des thématiques et des gimmicks qui feront forcément plaisir à ses fans). Il use d'effets de style assez étonnants, et son scénario ose aller très loin, il ose interroger et explorer le médium cinématographique, avec notamment des idées autour des scripts, du cadre de l'image, des univers parallèles et de la relation personnage/créateur, qui renvoie alors à la vie de chacun.

Mais derrière cette ambition bluffante et des idées globalement intéressantes, malheureusement, il y a aussi quelques ombres au tableau : des acteurs pas toujours à l'aise (surtout le comédien masculin), la durée (2h10 qui semblent longues à la fin) et certaines questions un peu éludées qui empêchent le film d'être une réussite. De plus la musique (Winans s'était pourtant illustré sur Ink, avec notamment le thème principal repris ensuite par le film The Grey) est par moment trop présente. Des imperfections un peu dommageables donc, pour une histoire néanmoins franchement originale.

Mais c'est donc au final ce dernier point que je retiendrai et saluerai, avec de nouvelles fois donc de très belles idées de scénario et certaines images assez bluffantes pour un tel budget. A voir donc pour les amateurs de petit film indé et de scénar "autre" et pour un auteur qui décidément réussit quand même à créer des objets filmiques qui méritent d'être connus.

[Alegas]

LE BOUNTY
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Roger Donaldson (1984) | 8.5/10

3e adaptation de l'histoire des Révoltés, la version de Donaldson m'a tout autant touché que celle de 1962. Et pourtant elle s'avère radicalement différente, et visiblement beaucoup plus proche des événements historiques.

Ainsi ici, moins de manichéisme et si le William Bligh de Donaldson prend les traits d'un Hopkins exceptionnel, le mélange de "bonhommie" et de charisme de l'Anglo-Américain rend l'histoire bien plus humaine. C'est notamment lui le narrateur (cela prend tout son sens car il s'avère être le personnage le plus intéressant), et son point de vue prend donc ici beaucoup plus d'importance. Ainsi l'histoire de son naufrage (au sens propre comme au figuré) est bien mieux retranscrite, son retour en Angleterre étant ici aussi mise en image. Son face-à-face avec Fletcher Christian (un Gibson jeunot et impeccable) a donc une toute autre saveur, les 2 hommes étant à l'origine montrés ici comme des amis, ayant presque une relation filiale.

D'un point de vue psychologique le film est donc extrêmement intéressant, des acteurs emblématiques s'ajoutant au casting (Neeson, Day-Lewis), et on ressent parfaitement les enjeux de ce voyage épique, avec un travail parfait sur la partie maritime (la version de 62 était à ce titre moins efficace) est les paysages spectaculaires de la Polynésie. Si la musique de Vangelis très 80s détonne, elle possède néanmoins une puissance et une étrangeté qui siéent donc plutôt bien.

Bref difficile pour moi de préférer l'une ou l'autre de ces 2 versions; si le film de Milestone est vraiment emblématique, celui-ci a une histoire qui m'a paru bien plus cohérente, et le joli choix d'interprètes, la classe de sa production et une histoire plus subtile (et véridique) comblent le léger manque d'épopée par rapport à son prédécesseur. Dans tous les cas les 2 versions sont des films avec un souffle exceptionnel, des films historiques fascinants à hauteur d'homme, qui convoquent la beauté du voyage et une vraie profondeur psychologique sur les rapports sociaux et les valeurs de courage, de loyauté et d'abnégation.

[Tarankita]

[elpingos]

[Alegas]

LA FOLLE JOURNÉE DE FERRIS BUELLER
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John Hughes (1986) | 7/10

Suite à sa rentrée au registre cinématographique de la bibliothèque nationale américaine, j'ai donc décidé d'effectuer un rattrapage d'un de ces films un peu méconnus en France mais donc apparemment considérés comme cultes outre-Atlantique.

Forcément aborder une comédie de 1986 auréolée d'une telle réputation ne peut que s'accompagner d'une légère déception. Néanmoins la fraîcheur de l'histoire, son ton constamment enjoué, insolent, tout en restant gentillet, et le rythme efficace, expliquent son évidente renommée. On ne rit peut-être pas aux éclats mais le sourire est de mise devant cette folle journée d'école buissonnière, Ferris Bueller et sa coolitude n'ayant pas à pâlir face à un Fonzie. Matthew Broderick incarne donc ce personnage iconique, effronté, malin et complice du spectateur (ses apartés face caméra sont nombreuses et assez bienvenues). Ses aventures, avec copine et pote déprimé, le temps d'une journée de sèche, sont donc l'occasion d'une virée épique à Chicago. Surtout le jeu du chat et de la souris qu'il entame avec le proviseur (Jeffrey Jones efficace) est bourré de subterfuges et de gags dont le style rappellera un peu par la suite la série potache des home alone.

Parfait donc pour sourire et se détendre, et assez politiquement incorrect étant donné que le héros, fieffé cancre, s'en sortira sans encombre. Je ne crierai pas au chef d’œuvre, mais ma mansuétude pour les comédies qui me font rire, me fait donc conseiller le rattrapage.