Sous ce titre français assez mièvre se cache en réalité une entreprise de dynamitage familial en bonne et due forme, un film moite et poisseux qui recèle une noirceur assez incroyable pour ce genre de film. John Wells, réalisateur issu de la télé met en scène un texte de théâtre de Tracy Letts, auteur notamment du formidable et dérangeant Killer Joe. Ainsi on y retrouve cette même science du dialogue et des personnages tordus, et on comprend mieux la présence de ce casting all star : Meryl Streep, en mère affreuse et addict aux médocs, et ses 3 filles, Julia Roberts, Juliette Lewis et Julianne Nicholson, chacune à la personnalité distincte. Un cocon explosif et féminin autour duquel gravitent les pièces rapportées Ewan Mc Gregor, Chris Cooper ou encore Benedict Cumberbatch. Une pléiade d'acteurs excellents dont chaque scène possède à la fois une très belle justesse et un je-ne-sais-quoi qui fait dérailler pour notre plus grand plaisir coupable la classique histoire de famille unie. Comme cette scène de repas d'une drôlerie et d'une férocité qui a de quoi surprendre et impressionner. Tout le film est donc dans cette même veine : les schémas traditionnels de ce genre d'histoire sont un peu tirés dans tous les sens, et on guette les instants de lumière qui pourraient surgir pour sauver ce petit monde, ou pas. Parfois drôle mais surtout féroce, point de dramaturgie appuyée ni de violon, mais bel et bien un coup de boots dans la fourmilière du middle west. Pourquoi tant de haine et de noirceur ? La réponse est dans la bouche cancéreuse de Mery Streep : bas les masques, arrêtons de se raconter des histoires. Jusqu'à la toute fin la démonstration est sinon agréable, extrêmement acerbe, efficace et talentueuse.