Picasso Trigger de Andy Sidaris
(1988)
Toujours difficile de parler de ce genre de films, surtout dans une critique. Du coup, je met totalement de côté mon objectivité, et assume l'espace de quelques instants mon côté déviant devant un tel spectacle qui, d'habitude, ne m'attire pas du tout. Production d'un réalisateur souvent cité comme l'un des sommets du nanar cinématographique, comme le Ed Wood contemporain, Picasso Trigger est clairement un film à mettre entre les mains d'un public averti. Le spectateur lambda sera forcément choqué devant ce qui lui apparaîtra sûrement comme l'une des pires pellicules qu'il aura vu de sa vie, pendant que le curieux qui sait devant quoi il se trouve : à savoir un nanar total, mais tellement généreux qu'il en devient bon. L'écriture est d'une finesse sans pareille (j'ai déjà oublié de quoi parlait le film, si ce n'est que ça opposait des gentils à des méchants, et aussi un twist final dont la logique vous retournera sûrement le cerveau), la réalisation, avec sa caméra hasardeuse, ses références à Shining, ses faux-raccords et ses cadres mal foutus, font du film un plaisir de chaque instant.
Le casting, composé de bad-guys velus, de gays refoulés en guise de héros, et de bimbos se déshabillant toutes les 5 minutes pour une scène de sexe gratuite dans le seul but de tenir éveillé le spectateur, tient du génie. Et je n'ai même pas encore parlé des meilleurs moments du film, car Picasso Trigger, c'est aussi un film où les cascades à motos sont totalement redéfinies, où les mannequins de chiffon remplacent les méchants quand ils meurent, où les armes, comme le boomerang explosif, sont d'une logique implacable, un film où l'on tue le bad-guy sans le vouloir, et je pourrais continuer longtemps comme ça. Forcément impossible de noter un tel métrage, tant j'ai à la fois l'impression de me trouver devant l'un des pires films produits par l'humanité, mais aussi devant la plus grande comédie de tout les temps. Du coup, je tranche au milieu en attendant de pouvoir le comparer à d'autres films de ce fameux Sidonis qui aura eu raison de moi.
5/10 (mais 7/10 en mode nanar)