Je n'ai jamais été un très gros fan de ce film (le rythme, chose de plus en plus importante pour moi, tombe ici parfois un peu à plat), mais j'en retiens surtout deux choses. D'abord son scénario épuré mais non moins profond (un véritable brûlot politique à l'époque !), au service de ce que John Carpenter sait faire de mieux, à savoir implanter une très bonne atmosphère hybride, empruntant tant au western, à la science-fiction apocalyptique, et au film d'évasion. Ensuite, son anti-héros charismatique au possible, incarné avec présence par Kurt Russel qui deviendra l'un des acteurs fétiches du réalisateur.
Certes, le film a parfois vieilli dans son esthétique '80's (surtout les séquences d'action qui accusent quelques ratés, et des gun-fights qui font parfois
pschit - je mime le son que ça fait -). A contrario, sa tonalité de série B permettant une violence plus ou moins suggérée, voire frontale, fait du bien là où ça passe. Et malgré tout, les décors font encore impression, mis en valeur par un sens du travelling dont Carpenter a le secret.
Pour revenir au scénario, en plus d'être un petit modèle d'efficacité, il surprend par son audace, où la ville-prison est réduite à une jungle où les pires sévices sont réalisés. Malgré tout, Carpenter ne fait pas dans la violence gratuite - ça reste assez soft et hors-champ, mais c'est bien suggéré -, et le tout est doté d'une imagerie symbolique dont émane une certaine puissance. Ainsi, ça fait tout bizarre de voir cet environnement emblématique de NY, autrefois terroir de la liberté, livré à une telle anarchie, où le président lui-même, objet de la mission de Snake, devient l'un de ces êtres égoïstes dénués de compassion qu'il a combattus pour le sauver. Bref, un pur divertissement comme on savait le faire à l'époque, cash et sans concession (c'est "marrant" de voir que presque tout l'entourage de Snake se fait buter pour l'aider dans sa mission), doublé d'une réflexion subtile sur la société qui n'a rien perdu de sa pertinence ni de son impact. Et encore une fois, Snake, anti-héros fuck up par excellence, pète la classe.
Ceci étant dit, si je ne remets pas en question son statut de film culte, je lui préfère quand même
Invasion Los Angeles dans le genre de l'anticipation, qui délivrera un spectacle autrement plus fun et décomplexé que son cadet, tandis qu'ici je trouve que ça se prend un peu trop au sérieux, ce qui ne va pas vraiment avec son emballage parfois
cheapos (il y aurait par exemple de quoi rire lorsque la voiture de Snake se fait littéralement couper en deux par une mine sans faire trop de dégâts aux passagers).
Note : 7/10