Sherlock Junior
Buster Keaton, 1924
L’un des seuls films de Buster Keaton que j’ai vus, et je reste un peu mitigé. La vraie force de Keaton réside bien sûr dans ses scènes d’action, de courses-poursuites, toujours inventives et bourrées de gags qui fonctionnent très bien (ici, notamment, la scène avec la moto sur laquelle Keaton est accrochée à la fin et qui manque à plusieurs reprises l’accident, c’est excellent). En plus d’être un sacré cascadeur, Keaton était également un metteur en scène très intéressant (et puis je réfléchis toujours à la manière dont ils ont tourné cette scène où Sherlock Jr passe au travers du ventre d’un personnage, le montage est impeccable). Il s’amuse d’ailleurs ici avec son medium, liant le cinéma au rêve et à la magie (la scène où son personnage s’endort et que son « double » rentre littéralement dans un écran de cinéma, ça préfigure avec des décennies d’avance
Last Action Hero ou
La Rose Pourpre du Caire).
En-dehors de ça, le script, qui a pour lui de jouer sur plusieurs niveaux de lecture (la romance de base, le pouvoir du cinéma, le mélange du réel et du rêve, l’influence du cinéma sur la réalité…), n’est cependant pas très passionnant. Comme dans
Le Mécano de la General, je retiens pas mal de gags visuels vraiment drôles, mais le tout est assez « froid », pour ne pas dire terne ; je n’accroche pas beaucoup à la narration de Keaton. Je sors l’inévitable comparaison, et trouve que Chaplin vieillit beaucoup mieux (pour ne pas dire pas du tout) car ses œuvres ont beaucoup plus de cœur. Ici, je finis par assez vite me lasser… Heureusement,
Sherlock Jr ne dure que 44 minutes et va plutôt à l’essentiel ; assurément un film à conseiller pour quelqu’un qui voudrait découvrir l’œuvre de Buster Keaton.
(et je ne sais plus du tout où j’avais lu un papier faisant le lien entre le cinéma de Buster Keaton et les premiers jeux vidéo comme Mario Bros, mais en voyant certaines scènes où Keaton court dans tous les sens, bondit, s’accroche à des leviers, etc…je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien à mon tour).
6/10