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TorsoI Corpi presentano tracce di violenza carnale
Sergio Martino — 1973 — 6,5/10
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Pas la claque attendue. Torso est clairement scindé en deux parties: la première relève du giallo classique alors que la seconde prend la forme d'un proto-slasher. La première est clairement la plus faible, servant uniquement de mise en bouche avant le gros morceau qui va suivre. Sergio Martino y alterne présentation de ses personnages, étudiants en art à l'université de Pérouse, et meurtres où un tueur masqué trucide de jolies nymphettes. L'intrigue s'avère un peu faiblarde, multipliant les fausses pistes sur l'identité du tueur, certaines étant tellement évidentes que l'on ne peut que les écarter de la liste des suspects. Aucun des personnages féminins ne se distingue, mais Martino a le bon goût de les dévêtir dès que possible. Suzy Kendall a pris un petit coup de vieux dans la tronche pendant les 3 petites années qui séparent Torso de L'Oiseau au plumage de cristal. Par contre, les meurtres sont nettement plus intéressants. Le premier joue habilement sur le suspense et sur l'endroit et le moment où le tueur va frapper. Le second qui se déroule de nuit dans une forêt envahie par la brume dégage une ambiance glauque. Ces meurtres pâtissent néanmoins de maquillages approximatifs, que ce soit le torse de la première victime lacéré au scalpel, la tête du vendeur d'écharpes écrasée par une voiture contre un mur qui ressemble à un ballon de football dégonflé, ou bien lorsque l'assassin enfonce ses doigts dans les yeux d'une des victimes.
Les choses s'améliorent dans la seconde partie, une fois les quatre personnages féminins parties en week-end dans un petit village à la campagne, où manifestement tous les hommes sont des gros lubriques qui se mettent à baver lorsqu'ils voient passer une jeune femme court-vêtue. Martino filme dès que possible ses actrices dans le plus simple appareil, notamment lorsqu'elles prennent des bains de soleil, ou lors d'une scène saphique. La scène-clé du film, l'assassinat de trois des quatre héroïnes, est malheureusement traitée sous forme d'ellipse: le tueur apparaît dans la maison - cut - on retrouve la quatrième qui se réveille le lendemain matin d'une nuit passée sous sédatifs et qui n'a rien entendu de ce qui s'est passé. Mais Martino fait preuve par la suite, d'une jolie gestion du suspense, Suzy Kendall étant enfermée seule dans la maison avec le tueur qui se met à découper les membres des trois victimes pour les enterrer. Petit aparté: c'est bizarre que le tueur se mette à cacher le corps de ses victimes à ce moment là alors que ça ne l'embêtait pas jusqu'ici de les laisser à la vue de tous. Fin de l'aparté. Kendall devra se cacher et éviter d'être découverte par le maniaque. Une scène nous la présente dans une position où elle se retrouve obligée d'observer le tueur en train d'effectuer sa sanglante besogne. La confrontation finale est un peu bâclée. Elle aurait pu être prolongée avec un jeu du chat et de la souris une fois que la présence de Kendall découverte. Le tueur présente ses motivations et l'explication des flashbacks argentesques où une poupée semble obséder l'assassin, avant que le bellâtre Luc Meranda n'intervienne lors d'un mano a mano peu convaincant. L'identité du tueur n’est, cette fois, pas difficile à deviner : en gros, il faut rechercher qui n’a pas fait le voyage jusqu’au village.
Les images de Martino sont cette fois accompagnées d'une musique non pas signée Bruno Nicolai, mais des frères De Angelis qui, si elle s'avère qualitativement moins bonne que les compositions de Nicolai, donne au métrage un aspect plus moderne. Le réalisateur s'auto-plagie avec un générique de début très similaire à celui de
Ton Vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, en ce qu'il nous présente des personnages faisant l'amour filmés dans des plans flous. Au final, un giallo plus qu'honorable mais en-deçà de ce que sa réputation laissait attendre.