Du Rififi Chez les Hommes de Jules Dassin - 1955
Un peu d'appréhension à glisser cette galette mythique dans le lecteur, après la semi-déception venue des
Démons de la Liberté.
Bon, elle a été vite levée!
L'histoire n'est pourtant pas extraordinaire, et reste bien au chaud dans les canons du film de casse, avec tous ses passages habituels : présentation des persos, préparation, exécution, devenir houleux du butin. Malgré la limpidité du récit, l'intérêt n'est pas dans le scénario, mais bien dans tout le reste. En premier lieu la mise en scène, complètement géniale. C'est vraiment criant à chaque instant. Le sens du cadre de Dassin est dingue, sa façon de composer ses plans, de jouer avec les lumières, de placer ses acteurs, atteint systématiquement la perfection. Parce qu'il n'y a pas que la fameuse scène de casse (parfaite bien entendu), cela reste constant sur de près de 2h. Ce n'est donc plus un simple tour de force, mais quasiment un miracle!
Sachant que derrière, les acteurs assurent comme rarement dans ce genre film. Tout le monde donne le change, de Jean Servais qui fait la synthèse entre Mitchum et François Perrier, en passant par les femmes, fatales ou soumises, sans trop tomber dans les clichés, et même Dassin lui-même, dans un rôle quasi-muet, qui assure en dandy rital lover.
Et ce n'est pas tout. Parce que ce qui m'a le plus plu finalement, c'est la façon dont Dassin a filmé Paris. En amoureux de cette ville, c'est la première fois que je la vois comme ça au cinéma. En se servant de lieux pas forcément typiques, mais visuellement forts (métro aérien, quais, ponts, escaliers), il lui enlève son côté carte-postale figé dans l'Histoire et nous montre sa vraie nature urbaine. Un vraie ville de polar en somme et ça fait méchamment plaisir!
Finalement, à part les frères Grutter dont la caractérisation est un peu grossière, c'est un quasi sans faute particulièrement soigné.
8,5/10