Noé - Darren Aronofsky - 2014
Avec Noé, Darren Aronofsky se prend pour la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. Fort du succès public et critique de Black Swan, il se retrouve à la tête d'une grosse prod', taillée comme un blockbuster et qui avait tout pour être un gros spectacle épique. Las, il se plante dans les grandes largeurs (sauf au box office, la religion version bibliothèque verte, ça cartonne sur tous les continents...). Parfois, au détour de quelques séquences, on ressent une volonté de traiter le sujet de manière bien plus intimiste mais les contraintes du blockbuster moderne resurgissent brutalement. Du coup, on se retrouve avec des batailles (enfin, il doit y en avoir 2) qui ne sont qu'une pâle copie de ce qui se fait à la concurrence (coucou PJ) avec des veilleurs/géants de pierre pas très inspirés et une faune tout CGI qui rend la copie visuelle un peu plus brouillonne. Si on compte sur le casting pour relever le niveau, c'est également peine perdue. Russel est bien trop monolithique, à des années lumière du charisme qu'il dégageait dans Gladiator. Noé veut sauver le monde en sacrifiant l'homme, l'idée est puissante sur le papier. Mais lorsque cela se résume à un drame familial teinté de survie, ça gonfle plus qu'autre chose. Les plus jeunes tentent de s'imposer face à sa volonté de fer mais sont incarnés par de vrais légumes, à commencer par Emma Watson, sans aucun doute le plus gros miscast de l'année.On sauvera éventuellement Jennifer Connelly du naufrage et encore... La mise en scène fait souffler le chaud (quelques très beaux plans live, merci les paysages islandais) et le froid (des ratages assez incroyables comme l'histoire de la création contée en accéléré, dieu que c'est laid et ça file mal au crâne en plus).Au final, on ne retient pas grand chose de ce pseudo péplum biblique, allongé à la sauce heroic fantasy et noyée dans une lourdeur de presque tous les instants. Les quelques tics de réalisation qui parsemaient l'oeuvre d'Aronofsky forment ici un énorme abcès impossible à crever. Noé fait illusion au détour de quelques scènes mais s'avère la plupart du temps pompeux.
3.5/10