[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Moyennement accueilli ce film par ici






(tentative de faire diversion)

[osorojo]

On se rejoint en tout cas

[Velvet]

J'ai de plus en plus de mal avec ce film. Pas que je le déteste, il a plein de qualités notamment ses trois acteurs principaux mais je sais pas, plus j'y pense, plus je trouve que le film a une écriture de petits bourgeois condescendants. Les smicardes qu'on regarde de haut et qui peuvent gagner leur vie qu'en faisant les prostituées (et elles aiment ça ces connasses (sic) ), les mecs d'ingé qui sont des gros boutonneux aux cheveaux crades et la bave aux lèvres (les pecnaud du coin), cette élite qui ne crée pas ce proxénétisme mais qui ne fait qu'en profiter et bien évidemment, ils sont sauvés par l'amour pour les déculpabiliser et montrer qu'ils ont un coeur...

[osorojo]

Complètement d'accord avec ce que tu dis Velvet, et pourtant, le film de Chapiron a pour lui sa force de proposition, cette singularité que l'on recherche au cinoche. Rien que pour ça, je peux pas le plomber, même si je te rejoins sur le côté tendance du message, écrit par des mecs qui ont un peu trop la tête dans leur propre univers et qui ont une image un peu binaire du monde.

[Dunandan]

Oui voilà, c'est clairement un film maladroit et bancal sur bien des points (il présente effectivement un monde trop binaire... - un défaut malheureusement récurrent de beaucoup de films sur la société, je pense notamment à La vie d'Adèle -), mais c'est le genre de proposition de cinéma que j'ai bien envie de défendre.

[Dunandan]

La chair et le sang, Paul Verhoeven (1985)

Certainement l'un des meilleurs films sur le Moyen-Âge. En plus de livrer un certain réalisme à l'écran (à l'époque, ça ne rigolait pas : mise à sac, viol, pendaisons, même les enfants et les chiens ne sont pas épargnés...), certainement choquant mais collant parfaitement au milieu dépeint, où la saleté, l'ignorance, et la violence nous frappent au visage, Verhoeven blinde son récit de symboliques parfaitement intégrées à la narration. Ces dernières incarnent cette époque bouillonnante de transition et donc de changements où tout était un peu mélangé (science et superstition, amour courtois et sexualité libérée, etc.), incarnée d'une part par Steven, inventeur de génie du calibre d'un Léonard de Vinci et donc archétype du futur, et Martin, soldat marginalisé qui profite avant tout du temps présent, et forge sa destinée envers tout et tous (très amusante la façon dont il manipule les signes à sa guise). Le point nodal pour rapprocher ces deux personnalités que tout oppose : une femme qui aura à utiliser ses formes et son pouvoir séducteur pour survivre, jusqu'à nous faire douter de son camp d'adoption.

Ainsi, sous les apparences d'un divertissement burné et souvent jouissif pour tout amateur du cinéaste hollandais qui obtient le cadre idéal pour y déployer toute sa hargne habituelle, ce dernier offre en fait ici une mise en scène brillamment représentative de la naissance d'une civilisation à venir où les soldats et l'ignorance seront progressivement remplacés par les scientifiques et l'art des bonnes manières, bien qu'on puisse regretter quelques anachronismes ou erreurs (je pense notamment à la peste dont les symptômes apparaissent bien trop vite, mais quel film historique n'en contient pas ?), ce qui pèse peu lourd face à la richesse de l'intrigue qui a plus d'un tour dans son sac. Le tout est ponctué par une superbe BO, épique et lyrique à souhait (signée par le compositeur de Conan Le barbare), et la présence de gouailles mémorables de "mauvais garçons", en tête Rutch Hauer qui apporte une fois de plus son charisme, et Jennifer Jason Leigh qui offre ses jolies formes et son regard ravageur à la caméra. Bref, rarement le fond et la forme n'ont aussi bien concordé pour parler de l'Histoire avec un grand H (sans oublier le plaisir du spectateur en chemin), faisant ainsi de La chair et le sang un modèle du genre.

Note : 8.5/10

[Dunandan]

La Chevauchée des bannis, André De Toth (1959)

Bien déçu par ce qui est vendu comme une référence du genre. Malgré sa courte durée, La chevauchée des Bannis manque en effet cruellement d'enjeux et de peps pour rentrer définitivement dans la cour des grands. J'en avais entendu parlé surtout pour sa mise en valeur des décors naturels enneigés. Mais si la réalisation est à la hauteur de ce côté-ci, il s'agit en réalité d'un huis-clos les 3/4 du temps, avec donc peu d'utilisation de cet environnement.

L'histoire : un groupe de cavaliers au passé trouble prend en otage toute une ville isolée, tenue en laisse par un seul homme. Ainsi, si le scénario carré, voire minimaliste, permet de ne pas se perdre en sous-intrigues inutiles, la tension n'est pas des plus palpitantes et il faudra se contenter d'un maigre affrontement psychologique, où l'énergie retenue clame en maints endroits sans faire trop de dégâts, et retentit tout particulièrement durant une petite fête musicale durement octroyée par ces protagonistes qui ont la fringale de femmes et d'alcool, où on peut sentir à quel point chacun d'entre-eux peut exploser à tout instant (meilleure scène du film pour moi).

Ainsi, la grande force du film repose d'abord sur les personnages dont le caractère bien trempé est tout à fait bien défini. Si ce "beau" monde n'a pas le même traitement de faveur en termes de développement du background (qui permet ainsi de savoir où ils se positionnent dans ce petit jeu de pouvoir et de domination), ils ont au moins une bonne gouaille de canailles (pour les hors-la-loi), et le trait n'est jamais forcé (pas ou peu de manichéisme, donc, et à la base le héros n'en est pas vraiment un). Enfin, le dénouement utilise assez finement l'environnement pour en finir, attribuant un petit côté crépusculaire sympathique au film, malgré le happy-end de rigueur.

Bref, pas la bombe que j'attendais (ça ne vaut pas les A. Mann, que je trouve bien plus denses et riches), à cause surtout d'un rythme qui m'a semblé paresseux et bancal. Mais tout de même un bon petit western old-fashioned qui devrait satisfaire les amateurs.

Note : 6.5/10

[Dunandan]

Thirst, Park Chan-wook (2009)

Vraiment étonnante et originale cette révision du mythe vampirique. Là où Park Chan-wook m'a surpris le plus, c'est dans sa manière tortueuse et elliptique de raconter son histoire, permettant de déployer des thèmes forts variés et de renouveler régulièrement les enjeux narratifs, tout en parvenant à implanter habilement le background des personnages par petites touches sans qu'on devine d'emblée leurs motivations. Un récit qui est donc pensé comme un puzzle à recomposer progressivement par le spectateur qui acquière ainsi une place active et participative. Le début aiguise notre curiosité avec le personnage du prêtre qui se laisse inoculer un virus mortel et son antidote dans le but de sauver des gens, mais une fois transformé, il aura à jongler entre sa soif inextinguible de sang et son désir de sauvegarder les vies.

Le récit prend véritablement son envol lorsqu'il rencontre cette famille dysfonctionnelle comptant en son sein une femme maltraitée par les siens et souhaitant s'en libérer. Appétit charnel, désir d'immortalité, sens de l'humanité, et passion amoureuse dévorante, tout cela est alors exploré par le biais de ruptures de ton assez spéciales et souvent jouissives, nous faisant passer de séquences morbides (voire gores), à d'autres d'une forte tension sexuelle (menée par la superbe Kim Ok‑bin), le tout doté d'un second degré insolite qui permettant d'apporter une touche de légèreté bienvenue à une atmosphère par ailleurs froide et oppressante. Au contact de cette femme, le prêtre oscille vicieusement entre son obsession maladive à sauver les autres (le fait de devenir vampire n'arrange pas les choses) et cette seconde vie offerte par cette romance, d'abord vecteur d'espoir, puis devenant de plus en plus envahissante jusqu'à empoisonner son entourage. Superbe séquence qui résume tout le film par sa beauté, sa violence glauque, et son érotisme prégnant, ces deux amoureux buvant leur sang en boucle, le tout accompagné de petits bruits de succion rappellant autre chose, le son ayant souvent la fonction pour ce réalisateur de nous mettre mal à l'aise et ça ne rate pas.

Dommage par contre que ces ruptures de ton se traduisent aussi par un rythme inégal (la mise en place des éléments est un peu trop longuette), mais au fond mais c'est pour mieux nous surprendre dans une seconde partie qui enchaîne des morceaux dignes d'un Miike en grande forme, en mélangeant onirisme, humour noir, et romance mélancolique, avec des saillies de violence qui font payer aux personnages le prix de leur immortalité. Difficile donc de ne pas être happé par cette oeuvre riche en idées, tant dans le fond que dans la forme. Et puis ce réalisateur nous rappelle quel bon directeur d'acteurs (avec notamment Song Kang-ho qui m'épate à chaque fois dans sa capacité à incarner des rôles différents) et metteur en scène il peut être (il a un sacré sens du cadre), dont je retiens particulièrement cette longue fin muette où tout se joue à partir de l'image et de jeux de regards, qui est aussi un petit concentré d'humour et d'émotion sur ces personnages se raccrochant à la vie par un fil plus ou moins tenace. Bref, voilà un film qui porte entièrement le savoir-faire et la patte de son auteur, articulant de manière très originale genre vampirique, drame familial, et amours interdits/impossibles.

Note : 8/10

[Alegas]

Juste histoire de chipoter, pour les coréens on prononce le nom de famille d'abord, ensuite le prénom.

Sinon, tu commences très bien ton cycle coréen, continues ainsi.

[angel.heart]

J'ai le souvenir d'un film très beau mais un peu chiant. Surtout vers la fin...

Sinon, content pour la note au Paulo et je te trouve un peu dur avec le De Toth.

[Dunandan]

@ Alegas : Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu peur de le lancer, mais je n'ai pas été déçu au final.

Sinon prépare-toi à du lourd : j'ai mis de côté 30-40 films...

@ Angel : c'est marrant, j'ai trouvé au contraire que le Park était meilleur dans sa seconde partie... (il se disperse moins). Puis cette fin, quoi, j'étais à la fois triste et mort de rire .

Sinon le De Thot, je m'attendais à un truc moins statique, et on me l'a tellement vendu comme un "grand" western alors que ça ressemble plutôt à une série B...

Et "La chair et le sang" est encore meilleur que dans mes souvenirs. Un divertissement intelligent et burné comme Paulo sait si bien les faire ^^.

[Jed_Trigado]

De Thirst, j'ai juste retenu une scène de lâchage de pet.

(voilà, c'etait mon post utile du jour)

[Alegas]

M'en souviens même pas.

[Mark Chopper]

Perso, j'ai juste retenu la scène de sexe.

[Dunandan]

Moi aussi ça m'a marqué (les deux). P'tain, de que ce vous avez retenu, ça en dit long