[pabelbaba] Mes critiques en 2014

[pabelbaba]

Et maintenant, on l'appelle El Magnifico aka Man of The East d'Enzo Barboni - 1972

Suite au succès des deux Trinita, Barboni et Hill remettent le couvert.

Et pourtant il ne rééditent pas la même pantalonnade. Cette sorte de préquelle, quoique dans la même veine, est bien plus fine et agréable à suivre. C'est assez étonnant, mais il faut bien le constater. Ce petit miracle a plusieurs causes. Tout d'abord, un scénario qui tient à peu près la route où un dandy anglais va apprendre à survivre dans l'Ouest grâce à ses trois bonnes fées. Ca fait gentiment penser au Pied Tendre de Morris et Goscinny, mais la mayonnaise prend bien, notamment en raison d'un trio de marraines assez déglingos et complémentaires. En plus l'un des trois acteurs est doublé par Jacques Ballutin, et ça, c'est la classe ultime! Du coup, Terrence Hill n'est pas complètement le centre de l'histoire et son show habituel est plutôt mis en sourdine.

Malgré cela, on a toujours droit aux grimaces, fayots et bagarres homériques, mais en quantité réduite. A côté de cela, les gags fonctionnent généralement bien. Souvent en mode décalage entre la rudesse de l'ouest et les bonnes manières du dandy, mais pas toujours. Certains gags fonctionnent autrement et c'est vraiment marrant, surtout celui de l'achat du cheval blanc, complètement hilarant!

Du coup, les quasiment deux heures que durent ce petit western passent sans problème et en dépit d'une trame particulièrement mince. Finalement, de jolis décors, une musique sympathique, un quatuor d'acteurs charismatiques et de bons gags suffisaient à faire un spagh' fayot réussi.

7/10

[maltese]

Tu m'intrigues là, je m'étais juré de ne plus regarder de Terrence Hill, mais j'ai presque envie de craquer maintenant...

[Jed_Trigado]

Ce sera sans moi, les westerns de Hill en solo, j'ai assez donné.....

[pabelbaba]

Nan mais ça n'a rien à voir avec Renegade.

[dagokhiouma]

tiens donc, ça pique ma curiosité ta critique de ce spaghetti fayot rototo.

[pabelbaba]

Le Boucher de Claude Chabrol - 1970

Pourquoi insister autant sur Chabrol? Bonne question...

Le fait est que, malgré un ennui fréquent, Chabrol est vraiment doué pour les ambiances. Ici il ne déroge pas à sa marotte provinciale et nous propose de nous plonger dans le quotidien d'un village du Périgord. La scène d'introduction est terrible, un vrai mariage, comme si on y était, avec à la clé plan-séquence et tout le toutim!

Par la suite, ça ne se gâte pas trop, l'histoire bizarre qui se noue entre Stéphane Audran et Jean Yanne est plutôt crédible, chacun ayant toujours les mots justes et campe un personnage plus subtil qu'il n'y paraît. Enfin surtout Jean Yanne, dont la partition est très éloignée de celle de Que la Bête Meure. Rien à voir avec le gros beauf caricatural à l'extrême, qu'il incarnait si bien.

Seulement, mêmes contrariés, les amourettes ne suffisent pas remplir un film, et surtout un Chabrol. On a donc aussi une intrigue policière, avec des meurtres pas jolis-jolis, donnant notamment lieu à une scène de découverte de corps gentiment bis. Là, j'avoue, j'ai laissé tomber, pas de suspens, un trauma en mousse, une fin originale et angoissée mais pas super bien amenée, je ne peux pas dire que mon cœur a palpité.

Les ressorts tordus de l'âme de Michel Bouquet dans Juste avant la Nuit, m'avaient davantage intéressé.

5/10

[Mark Chopper]

On sent que tu surnotes en plus.

[pabelbaba]

Pas tout à fait. Après m'être fadé tout le coffret Jean Yanne avec Tout le Monde il est Beau, Les Chinois à Paris etc... mais aussi avoir apprécié Que la Bête Meure et Laisse Aller c'est une Valse par exemple, j'ai bien aimé voir Jean Yanne dans un registre moins outrancier.

Et puis l'effet "time capsule" marche aussi à 100%, on se sent vraiment reparti 40 ans en arrière, dans la France profonde de l'époque. Et ça je kiffe à mort.

Du coup c'est difficile de mettre en dessous de la moyenne.

[Scalp]

Chabrol un gars aussi doué que les Dardenne avec sa caméra, autant de non talent de metteur en scène c'est épique.

[pabelbaba]

Mes Funérailles à Berlin de Guy Hamilton - 1966

Je continue l'exploration des aventures de Jack Palmer, l'espion antihéros incarné par Michael Caine, après un sympathique Ipcress, Danger Immédiat.

Furie laisse les commandes à Guy Hamilton, le tâcheron derrière une ribambelle de James Bond miteux... Cependant niveau réalisation c'est plutôt correct. On perd malgré tout pas mal d'effets pop et graphiquement osés, mais on conserve les cadres bizarres et les compositions stylisées, ce qui permet de ne pas trop sentir le changement de réalisateur. En plus ça atténue de façon assez nette l'impression de se retrouver devant un gros épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

Autre élément qui réduit ce sentiment, avoir choisi de délocaliser l'action. Out donc l'ambiance pluvieuse de Londres et bonjour la riante Berlin Est! Ok, ça ne change pas des masses... Mais malgré tout, c'est pas pareil, et pas forcément pour le meilleur. Le scénario autour de ce passage du Mur est trop bateau, on dépiste tout à l'avance et la story-line parallèle n'est pas bien meilleure.

Alors que reste-t-il donc d'intéressant dans ce film? Et bien comme toujours le flegme de Caine, parfaitement à l'aise dans son costume. Peut être un peu trop d'ailleurs, certaines scènes le faisant passer dans la vraie catégorie des héros. Cependant il garde des répliques d'enfer, notamment le : "You're useless in the kitchen, why don't you go back to bed". et quelques autres dans le même genre.

En résumé, on a un spy movie pas hyper bandant et relevé par la présence de Caine.

6/10

[pabelbaba]

Solo de Jean-Pierre Mocky - 1969

Déçu par le soufflé qu'a pu être Mai 68, Mocky tente de prendre sa revanche avec ce film. Tout un programme...

On suit l'enquête menant au groupe d'anarchistes ayant froidement assassiné une bande de bourgeois partouzant gaiement avec des mineures. Pour rendre son scénario plus attrayant, Mocky ajoute un personnage à cette cavale, celui du frère du meneur des terroristes, qui tente de le sortir de ce délire extrémiste. C'est plutôt une bonne idée, puisque le grand frère (incarné par Mocky) pimente l'action en servant d'élément perturbateur du côté des flics et des étudiants-apprentis-commandos.

Du coup, on n'a pas tellement le temps de regarder sa montre, il se passe toujours quelque chose à l'écran et dans les quelques moments où les dialogues s'allongent, Mocky aligne les pics marrantes sur la vie en général et c'est assez marrant.

Malheureusement, comme souvent chez Mocky, l'acting ne suit pas. Lui-même n'étant pas vraiment très bon dans cet exercice, mais le reste du casting non plus. On est encore loin de la catastrophe façon Le Bénévole, cependant, ça fait un peu tâche. Tout comme ce plan complètement nanard nous présentant le bateau sur lequel arrive Mocky : un paquebot en plastoc dans une baignoire, c'est limite pire que le train électrique d'Un Flic de Melville!

Enfin l'ensemble reste assez sympathique, d'autant plus que Francis Leroi semble avoir rendu hommage à ce film dans son fameux Rêves de Cuir 2 qui reprend la même scène d'intro ou presque. Quoique sincèrement, je trouve que le Nada de Chabrol est bien plus réussi dans le même genre.

6/10

[Mark Chopper]

Passer de Mocky à Tabatha Cash : bravo

[pabelbaba]

On a les références qu'on peut.

[Alegas]

Du Rififi Chez les Hommes de Jules Dassin - 1955

Un peu d'appréhension à glisser cette galette mythique dans le lecteur, après la semi-déception venue des Démons de la Liberté.

Bon, elle a été vite levée! L'histoire n'est pourtant pas extraordinaire, et reste bien au chaud dans les canons du film de casse, avec tous ses passages habituels : présentation des persos, préparation, exécution, devenir houleux du butin. Malgré la limpidité du récit, l'intérêt n'est pas dans le scénario, mais bien dans tout le reste. En premier lieu la mise en scène, complètement géniale. C'est vraiment criant à chaque instant. Le sens du cadre de Dassin est dingue, sa façon de composer ses plans, de jouer avec les lumières, de placer ses acteurs, atteint systématiquement la perfection. Parce qu'il n'y a pas que la fameuse scène de casse (parfaite bien entendu), cela reste constant sur de près de 2h. Ce n'est donc plus un simple tour de force, mais quasiment un miracle!

Sachant que derrière, les acteurs assurent comme rarement dans ce genre film. Tout le monde donne le change, de Jean Servais qui fait la synthèse entre Mitchum et François Perrier, en passant par les femmes, fatales ou soumises, sans trop tomber dans les clichés, et même Dassin lui-même, dans un rôle quasi-muet, qui assure en dandy rital lover.

Et ce n'est pas tout. Parce que ce qui m'a le plus plu finalement, c'est la façon dont Dassin a filmé Paris. En amoureux de cette ville, c'est la première fois que je la vois comme ça au cinéma. En se servant de lieux pas forcément typiques, mais visuellement forts (métro aérien, quais, ponts, escaliers), il lui enlève son côté carte-postale figé dans l'Histoire et nous montre sa vraie nature urbaine. Un vraie ville de polar en somme et ça fait méchamment plaisir!

Finalement, à part les frères Grutter dont la caractérisation est un peu grossière, c'est un quasi sans faute particulièrement soigné.

8,5/10

[Mr Jack]

Dassin, what else ?