La belle et la bête, Gary Trousdale (1991)
Le fait de ne pas avoir grandi avec ce film, comptant pourtant parmi les Disney les plus réputés et appréciés des années 80-90 avant son lent déclin artistique accéléré par l'apparition du tout numérique dans le domaine, pèse sûrement sur mon appréciation. En effet, une réplique sur deux, ça chante jusqu'à l'overdose (à ce titre, le début est une horreur), et je n'ai pas accroché plus que ça aux personnages, instaurant ainsi une certaine distance entre moi et l'oeuvre en question.
Malgré tout, je dois reconnaître que le traitement de la Bête est une réussite. Son introduction digne des films d'horreur est du plus bel effet, et montre que ses créateurs ont tout compris de sa spécificité en la présentant comme un être menaçant et repoussant, ce qui constituera ainsi un obstacle difficile à la Belle pour que la Bête exhibe son coeur et rompt la malédiction. Et même si ce répertoire musical n'est pas du tout de mon goût (ça fait petite fille de mon point de vue...) et prend trop de place dans la narration, il contient des thèmes matures et universels dignes d'intérêt sur l'amour, l'être et le paraître, et qui vont à contre-courant du stéréotype du prince charmant (pour une fois, "l'homme idéal" devient même l'adversaire). S'y trouvent également certains moments d'animation devant lesquels il est difficile de laisser de marbre (le château à l'ambiance gothique entouré de nombreux lieux à la fois enchanteurs et intimidants, le fameux ballet), et des séquences charmantes (la galerie de domestiques métamorphosés en mobilier qui présentent des caractères bien trempés et des traits amusants et bien choisis, au point qu'on peut imaginer leur forme originelle) ou touchantes (toute la construction dramatique autour de la Bête qui redevient progressivement humaine), qui exhibent tout le savoir-faire des studios Disney.
Bref, malgré tous mes griefs, je comprends qu'on le considère comme un pilier du genre, mais c'est aussi le type de proposition (il y a quand même des passages bien niais et bouffons dans ce Disney, et puis toutes ces chansons, argh...) qui me rappelle pourquoi, par contraste, j'ai accueilli les films de Ghibli, Dreamworks, ou Pixar, comme du pain béni. Et pour moi, la meilleure version demeure celle de Cocteau, dont la poésie et l'esthétique me touchent davantage (en dépit d'un maquillage qui a beaucoup vieilli).
Note : 6.5/10