Depuis le début des années 2010, Matthew Mcconaughey signe performance après performance, et ce film ne fait pas l'exception. Incarnant un rôle difficile, celui d'un mec misogyne, raciste, et homophobe, apprenant par la suite qu'il a le HIV, conséquence logique d'une vie aux moeurs dévolues (sexe non protégé, drogue, alcool), il parvient à rendre son personnage juste (et sa transformation physique, le faisant apparaître maigre comme un clou, est étonnante), à défaut d'émouvoir. La faute à un script que je trouve peu maîtrisé, malgré ses bonnes intentions. Pourtant, son combat anti-conformiste contre le consortium pharmaceutique états-unien approuvant certains médicaments et pas d'autres pour une histoire de fric, qui se développe, pour le contrecarrer, en petit trafic, qui est avant une pure question de survie (pour lui et ses compagnons de fortune), s'avère intéressant, voire poignant. Mais force est de constater que jamais un équilibre n'est totalement trouvé entre l'évolution des personnages (à coup d'ellipses maladroites qui la coupent en plein élan), et le caractère informatif d'un tel sujet (portant sur les préjugés de la maladie, les médicaments véritablement curatifs, les enjeux commerciaux, etc.), ruinant ainsi en partie l'implication du spectateur. Par ailleurs, le traitement devient bien longuet et redondant sur la fin, en enchaînant trafic sur trafic, et altercation sur altercation avec l'hôpital autour de problèmes légaux.
Par une gestion du temps laborieuse (l'histoire est étalée sur sept années, du diagnostic à la mort du personnage), on ne comprend donc jamais vraiment très bien à quel point cet être détestable s'humanise par la suite (une piste, développée en filigrane sans être suffisamment mise en avant : sa volonté de survivre), et surtout comment il peut devenir l'ami d'un transsexuel (par la maladie et une injustice communes ? ce n'est pas très clair non plus), très bien incarné par Jared Leto, qui offre ici la seconde meilleure perf' du film. En ratant le coche sur le plan de la gestion du rythme et l'approfondissement des personnages et de leurs relations, on retiendra surtout le jeu éblouissant d'un trio d'acteurs (avec Jennifer Garner) qui livrent parmi leurs meilleures performances de leur carrière. Dommage, car en comblant ces deux lacunes, on tenait peut-être un grand film sur ce thème si peu traité au cinéma. Cela avait pourtant bien débuté en prenant parti-pris pour un personnage peu fréquentable (tout le contraire du rôle de Tom Hanks dans
Philadelphia), une idée audacieuse à saluer, mais encore une fois ce film a trop le cul entre deux chaises pour transformer complètement l'essai, en plus de gentiment ennuyer par une intrigue qui ne se renouvelle guère à mi-parcours.
Bref, un sujet social intéressant et justement interprété, mais qui ne m'a jamais emporté ni ému, voire ennuyé.
Note : 6/10