[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Jed_Trigado]

L'exception qui confirme la règle.

[Mark Chopper]

Note que je n'ai pas vu le Burton, mais je doute qu'il se soit dévergondé pour l'occasion...

[Jed_Trigado]

Je l'ai vu quand il est passé à la télé il y a quelques semaines, il y a une scène de cul bien marrante, malheureusement toute habillée mais bon Burton se lâche sur les décolletés donc ça compense.

[Mark Chopper]

Ce film, ça a l'air d'être la fête du slip du cabotinage, j'ose pas.

[Jed_Trigado]

C'est le moins pire Burton depuis Sleepy Hollow pourtant, il y a des passages qui m'ont fait rire pour de vrai.

[Jimmy Two Times]

Pas d'accord avec toi. Je trouve les persos principaux assez bien sentis, surtout Mads et son frangin (comment ne pas y faire référence, il pète la classe) et au contraire je trouve que la réal, sans être mauvaise, est handicapée par une photo peu inspirée. Comme quoi... Je l'ai sûrement un peu surnoté (avec du recul, je suis plus à 7/7.5), mais je ne renie pas ce divertissement que je reverrai sûrement avec grand plaisir.

[Dunandan]

Ce que je reproche surtout au film, c'est la manque de caractérisation des personnages. T'as les bad-ass d'un côté, les misérables de l'autre, Eric Cantona, et puis c'est tout...

[Jimmy Two Times]

Comme dans beaucoup de films du genre j'ai envie de dire, même s'il y en a un paquet qui dépasse ce cadre simpliste.

[Dunandan]

Et puis si on parlait aussi de la simplicité de l'intrigue ?

M'enfin voilà, ce n'est pas un film pour moi. Et les acteurs qui tirent une gueule de 3km non plus. Je les ai senties passer les 1h20.

[osorojo]

Ouais t'es dur et puis je suis pas d'accord quand tu évoques le manque de fond, le manque de thématiques, "la simplicité de l'intrigue" ... On s'en fout un peu, et c'est assez agréable de voir un film qui assume sa violence sans la parer des habituelles excuses qui font bien à notre époque. La en même pas 1h30 c'est plié, ça défouraille sec et ça papote pas trop. De quoi tout de même se rassasier en ces temps où pour faire parler la poudre il faut généralement se fader une thèse sur 15 pages en préambule.

Après, je suis d'accord avec toi pour les personnages, il manque un petit quelque chose qui favoriserait un peu plus notre empathie à leur égard. Mais en l'état, entre la scène du début où ça dégomme du moutard, la vengeance immédiate qui stoppe toute orientation R&R (a mon avis c'est un peu erroné de caractériser le film en tant que tel) et le côté finalement peu revanchard des deux frangins, tout ça fait de The Salvation une proposition plus qu'honnête.

[Dunandan]

Oui, ma formulation est un peu maladroite, mais ça résume grosso modo le déroulement du film (edit : j'ai précisé ce que je voulais dire). En fait je n'ai rien contre les propositions épurées (je pense l'avoir montré ailleurs, bon ok surtout les films asiatiques ^^), mais sans rien d'autre pour m'accrocher à ces personnages que leur charisme (relatif) et leur capacité à dessouder leur prochain, c'est chaud.

[Jimmy Two Times]

Ouais, Dun fait péter le 6. Au moins, il n'y a pas Jesus qui vient sauver le monde dans celui là

[Dunandan]

Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée (2014)

Depuis le début des années 2010, Matthew Mcconaughey signe performance après performance, et ce film ne fait pas l'exception. Incarnant un rôle difficile, celui d'un mec misogyne, raciste, et homophobe, apprenant par la suite qu'il a le HIV, conséquence logique d'une vie aux moeurs dévolues (sexe non protégé, drogue, alcool), il parvient à rendre son personnage juste (et sa transformation physique, le faisant apparaître maigre comme un clou, est étonnante), à défaut d'émouvoir. La faute à un script que je trouve peu maîtrisé, malgré ses bonnes intentions. Pourtant, son combat anti-conformiste contre le consortium pharmaceutique états-unien approuvant certains médicaments et pas d'autres pour une histoire de fric, qui se développe, pour le contrecarrer, en petit trafic, qui est avant une pure question de survie (pour lui et ses compagnons de fortune), s'avère intéressant, voire poignant. Mais force est de constater que jamais un équilibre n'est totalement trouvé entre l'évolution des personnages (à coup d'ellipses maladroites qui la coupent en plein élan), et le caractère informatif d'un tel sujet (portant sur les préjugés de la maladie, les médicaments véritablement curatifs, les enjeux commerciaux, etc.), ruinant ainsi en partie l'implication du spectateur. Par ailleurs, le traitement devient bien longuet et redondant sur la fin, en enchaînant trafic sur trafic, et altercation sur altercation avec l'hôpital autour de problèmes légaux.

Par une gestion du temps laborieuse (l'histoire est étalée sur sept années, du diagnostic à la mort du personnage), on ne comprend donc jamais vraiment très bien à quel point cet être détestable s'humanise par la suite (une piste, développée en filigrane sans être suffisamment mise en avant : sa volonté de survivre), et surtout comment il peut devenir l'ami d'un transsexuel (par la maladie et une injustice communes ? ce n'est pas très clair non plus), très bien incarné par Jared Leto, qui offre ici la seconde meilleure perf' du film. En ratant le coche sur le plan de la gestion du rythme et l'approfondissement des personnages et de leurs relations, on retiendra surtout le jeu éblouissant d'un trio d'acteurs (avec Jennifer Garner) qui livrent parmi leurs meilleures performances de leur carrière. Dommage, car en comblant ces deux lacunes, on tenait peut-être un grand film sur ce thème si peu traité au cinéma. Cela avait pourtant bien débuté en prenant parti-pris pour un personnage peu fréquentable (tout le contraire du rôle de Tom Hanks dans Philadelphia), une idée audacieuse à saluer, mais encore une fois ce film a trop le cul entre deux chaises pour transformer complètement l'essai, en plus de gentiment ennuyer par une intrigue qui ne se renouvelle guère à mi-parcours.

Bref, un sujet social intéressant et justement interprété, mais qui ne m'a jamais emporté ni ému, voire ennuyé.

Note : 6/10

[Dunandan]

Blue Ruin, Jeremy Saulnier (2014)

Un film sorti de nulle part qui fait bien plaisir. Blue Ruin est un revenge movie qui assume de bout en bout sa frontalité, son premier degré, et son réalisme, ce qui en fait un film sacrément efficace à défaut d'être original. En effet, malgré un petit air de déjà vu, ce serait dommage de passer à côté, tant on peut sentir combien cette bobine a été bichonnée par son auteur (qui porte les casquettes de scénariste, réalisateur, et photographe), où rien n'est laissé au hasard dans ses plus petits détails. On suit ainsi un Mr tout le monde qui ressemble gravement au personnage principal des Chiens de paille, dont l'introduction est déjà une réussite en soi. Il faut en effet quelques temps avant de connaître les enjeux qui brillent par leur simplicité : avant toute chose, on nous plonge dans la tête de ce mec, un misérable marginal et asocial, pour qui ce qui importe seulement, c'est la protection de sa famille, et le trauma qui l'occupe. Et c'est cette motivation à la transparence cristalline qui va nous emporter tout du long.

L'une des grandes forces du film, c'est donc la minutie avec laquelle le film progresse, où chaque réaction des personnages paraît juste (que ce soit du côté des proches - son pote qui tâte le terrain avant de l'aider, ou sa soeur qui enrage pour le danger qu'il incarne pour ses filles - ou des adversaires - qui font tout pour s'en sortir), le tout doté d'une ambiance sensorielle minimaliste, étouffante sans être psychologisante ou ennuyeuse, et parsemé de séquences violentes et sèches qui ne nous épargnent rien sans pourtant verser dans l'exagération. Le film est pensé à tel point, à l'image de ce pauvre bonhomme planifiant tout à l'avance, que ce dernier, devant se charger d'une tâche bien imposante pour ses petites épaules et enfin avoir la paix, ne devient pas un as de la gâchette du jour au lendemain. Maladresses, coups ratés et reçus, longues attentes, ce plan bien préparé a ses faiblesses. Rien n'est gratuit dans le déroulement du film, porté par un interprète qui réussit à trouver le ton juste entre pathétisme et détermination, où on nous injecte à petites doses des raisons de le prendre en sympathie en dépit de sa mission vengeresse et de la froideur rationnelle de son personnage (ce n'est pas un salopard à la base, et on ne cesse de nous le rappeler subtilement), et se terminant de la façon la plus logique et cohérente qu'il soit par rapport à la trajectoire rectiligne qu'il emprunte sans bouger d'un iota.

Bref, un plaisir simple de retrouver une bobine bien troussée, sans bout de gras, et surtout marquée par un réalisme et une immersion palpables qui imposent le respect. Classique mais efficace.

Note : 7.5/10

[Jimmy Two Times]

C'est très subjectif mais je trouve ce Blue Ruin tellement supérieur à Cold in July.