Battle Royale, de Kinji Fukasaku (2000)
L'histoire : Quarante-deux lycéens sont envoyés contre leur gré sur une île déserte. Un de leurs professeurs leur apprend qu'ils doivent s'entretuer et que seul l'ultime survivant aura le droit de retourner chez lui...
Jusqu'au bout, Kinji Fukasaku aura conservé sa rage et son énergie... On les sent dès l'introduction, rythmée par le requiem de Verdi. Battle Royale est à la fois un film qui ne pouvait naître qu'au pays du Soleil-Levant et le symbole d'une époque révolue. Pensez-donc : un film répudié par les autorités dans son propre pays et qui devient culte à l'international, voilà qui paraît impensable aujourd'hui vu l'état actuel de la production, totalement javellisée ou presque. On se retrouve donc avec un survival jouissif, aux enjeux exposés au cours d'une première demi-heure parfaite (Kitano qui bute des gosses, la vidéo avec la présentatrice en mode kawaii : c'est du génie) et qui multiplie les mises à morts variées et sanglantes. Les amateurs de bisseries bien barges en auront pour leur argent, d'autant plus qu'ici on s'épargne le cabotinage ou les acteurs à la ramasse : aux côtés d'un Beat Takeshi impérial, on découvre un casting de jeunes premiers parfaitement dirigés (et dont certains cartonnent encore aujourd'hui : Tatsuya Fujiwara, Kô Shibasaki et Chiaki Kuriyama). Et le fond n'est pas en reste, avec un Fukasaku qui appuie là où ça fait mal : la perte de repères des lycéens, la démission parentale, le suicide... Sérieusement, quel cinéaste de soixante-dix balais à part lui aurait pu livrer un pamphlet aussi jouissif ? Avec de vrais moments de grâce, comme la mort de Mitsuko... Du cinéma énervé, comme seuls Takashi Miike et Sion Sono semblent capables de faire aujourd'hui, mais certainement pas à ce niveau (un jour peut-être). En résumé : un film qui a été tourné avec les couilles et le cœur et une date essentielle pour le cinéma japonais.
Note : 9/10