Interstellar |
Réalisé par Christopher Nolan Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine SF - USA 2014 - 2h49 |
7.75/10 |
Spoilers inside
SynopsisLe film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire.
CritiqueUn pitch plutôt ambitieux avec un postulat de départ "comment sauver l'humanité" avec une simple mission spatiale. Et comme dans "Armageddon", un astronaute retraité se fait débaucher pour cette fameuse mission de l'impossible.
Le premier tiers du film nous plante le décor avec une planète Terre qui se meurt (on ne sait pas pourquoi). Bruce Willis est donc remplacé par Matthew McConaughey (Cooper) qui campe un personnage atypique, qui est un père de famille "original", un peu rebelle qui tente d'apprendre à ses enfants à de ne pas être forcément dans la norme ou obéir aux lois de la société mais plutôt suivre leurs instincts et leurs rêves.
Cooper ne lis pas des contes pour endormir ses moutards mais fait plutôt dans la physique quantique ou les maths.
Le voici "rappelé" par la NASA pour sauver la planète de son destin pour cette mission de la dernière chance qu'il accepte bien entendu. Nolan nous décortique longuement les pseudo-théories scientifiques autour du but de la mission et des alternatives en cas d'échec. Voilà Cooper reparti dans l'espace du jour au lendemain et l'avenir de l'Humanité est entre ses mains.
Interstellar contient un coté gênant pour cette mission qui est a priori réglée au cordeau puisque préparée depuis des années par la NASA mais qu'on confie aux mains d'un ex-pilote sans que lui soit aucune préparé alors que cette mission est capitale.
Avant le grand départ, Nolan a pris soin de nous présenter la famille de Cooper en long en large et en travers, de façon bien pesante, à la fois pour créer de l'empathie envers cette famille américaine moyenne mais aussi car ces moments anodins au premier abord auront des répercutions pour que Nolan boucle sa boucle.
Viens ensuite la partie mission en elle-même qui est la plus réussie, reprenant des séquences classiques du genre sans effet bling-bling technologique, ce qui est très honorable. Ainsi les effets spéciaux se fondent bien aux images réelles pour un rendu visuel convainquant. Il n'y a que le robot bloc "TARS" qui concentre toute l'originalité et les capacités technologiques unique au film.
Les séquences spatiales sont loin de Gravity, un fort sentiment immersif avec une belle utilisation sonore qui permet de ressentir les vibrations ou les chocs sur la carcasse de la navette mais Nolan sait aussi jouer sur la terreur silencieuse du vaisseau dans le vide intersidéral.
Des images au ralenti somptueuses comme si nous étions dans "Sunshine" regardant par le hublot les anneaux de Saturne.
On navigue ainsi de planète en planète offrant des paysages variés plus ou moins hostiles (un petit coté Star Trek) qui permet un changement d'atmosphère radical et efficace.
Ce voyage galactique est rarement ennuyeux, plutôt vertigineux, ce qui permet de ne pas voir passer les minutes (grand contraste avec la partie introductive plus gnan-gnan).
Le dénouement sera surement le moment le plus polémique d'Interstellar et qui va engendrer beaucoup de remarques et de questions de part son coté étrange non conventionnel que pas mal de monde aura du mal à comprendre. Nolan boucle sa boucle avec un brin de magie. Pour ma part, je ne suis pas convaincue, c'est pourquoi le film mérité certainement plusieurs visions pour décortiquer tout ça.
Une fin en quelque sorte philosophique qui tranche avec le ton global du métrage plutôt sobre ; cette fin tarabiscotée et surnaturelle fait d'Interstellar un objet filmique non identifié.
Matthew McConaughey fait plaisir et se fait plaisir dans ce rôle, mettant en avant son charisme, son bagout, son humour qui rend crédible en tous points cet ex-pilote qui doit tout quitter même ses enfants pour sauver les futures générations sans rien attendre en retour. Cette belle interprétation tranche avec le reste du casting qui parait bien fade, même de la part d'acteurs confirmés (Jessica Chastain, Michael Caine, Matt Damon, Casey Affleck...). Jessica Chastain est ici ridicule jamais crédible, botoxée à mort, ça fait mal au coeur.
Anne Hathaway a rarement été aussi mauvaise et inutile, aux expressions figées ou fausses.
Enfin, Nolan se coltine des multiples acteurs de seconde zone qui tachent bien : Wes Bentley, Topher Grace, William Devane.
Globalement, Cooper aurait été tout seul en charge de cette mission n'aurait rien changé en ce qui concerne les enjeux d'Interstellar car les personnages secondaires sont très accessoires et dispensables pour la plupart, car McConaughey porte le film sur ses épaules.
Mises à part les nombreuses invraisemblances du script, le gros défaut d'Interstellar réside dans son montage avec de très nombreux "jump Cuts" désagréables qui donnent une impression étrange et une mauvaise gestion des ellipses. Nolan s'amuse avec les lois de la physique et du temps en insérant des paradoxes temporels, ces petites piqûres de rappel des lois basiques permettent de se poser une question essentiel, c'est de revenir en arrière dans le temps pour effacer ses erreurs et corriger le passé.
Une image volontairement granuleuse ou salie qui permet de mieux faire passer les effets numériques et donner un air d'authenticité. Une imprégnation visuelle façon "2001, l’Odyssée de l’espace" , un "Gravity" plus punchy mais aussi un univers proche de Spielberg pour le coté famille très central.
Interstellar est riche en voyages, le destin de la Terre à travers celui de Cooper est intéressant à suivre grâce aux variations d'ambiances et de situations mais cette épopée "classique" prend fin de façon inattendue avec une étrange fin qui oscille entre guimauve et philosophie et gâche un peu l'ensemble permet surtout à Nolan de se dédouaner d'avoir réalisé un simple film pop-corn.