---------------------------------------------------------------------------------
Qui l'a vue mourir?
Chi l'ha Vista Morire?
Aldo Lado — 1972 — 7/10
---------------------------------------------------------------------------------
Difficile de ne pas penser à Ne vous retournez pas à la vision de Qui l'a vue mourir. Comme le film de Nicolas Roeg, celui d'Aldo Lado suit un couple meurtri par la perte de sa fillette dans une Venise décrépie et lugubre noyée dans la brume, où rôde un mystérieux assassin. Mais si Roeg se servait de ce canevas pour bâtir une oeuvre avant tout atmosphérique, Qui l'a vue mourir respecte un schéma policier plus classique où le héros tente de mettre à jour l'identité du coupable à travers une enquête parmi les notables de la ville. C'est un George Lazenby amaigri et moustachu qui tient la vedette, trois ans seulement après avoir été James Bond. Il livre une prestation solide dans le rôle de père de famille qui va risquer sa vie dans sa quête de vérité. Il est accompagné par la séduisante Anita Strindberg ( Ton Vice est une chambre close..) qui est malheureusement reléguée au second plan et cantonnée à jouer les victimes potentielles lors d'une séquence à suspense d'une rare efficacité. L'intrigue met un peu de temps à démarrer, entre les tentatives avortées du tueur pour assassiner la fillette et l'introduction de la maîtresse du héros, personnage inutile dont on n'entendra plus jamais parler par la suite (ça donne droit à un plan boobs, donc je ne vais pas trop me plaindre... ). Le deuil des parents est vite évacué, mais donne lieu à une magnifique séquence où le couple fait l'amour, le réalisateur cadrant avec insistance le visage en pleurs de Strindberg. Une fois l'enquête commencée, difficile de décrocher. L'intrigue ne manque pas de suspects potentiels, et le coupable se révélera être celui qu'on soupçonne le moins. Les meurtres ne sont ni très nombreux ni très graphiques, mais la superbe musique à base de choeurs d'enfants d'Ennio Morricone rend glaçante chacune des apparitions du tueur. La mise en scène nous fait croire en début de métrage à un assassin doté de pouvoirs surnaturels puisqu'apparemment invisible aux yeux de ceux qui l'entourent, mais cette piste n'est jamais exploitée, ce qui avec le recul rend improbables certaines séquences du début. On retrouve également la dénonciation des moeurs des notables locaux, comme dans Je suis vivant du même auteur. Dans l'ensemble, Qui l'a vue mourir constitue donc un giallo de bonne facture où l'apport d'Ennio Morricone est encore une fois considérable.