Blanche-Neige et le Chasseur, Rupert Sanders (2012)
Les nouveaux (bons) films dans le genre de la Fantasy ne se bousculent pas au portillon, et ce, malgré le revival de ces dernières années amorcées par la fameuse trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, donc j'étais curieux de voir ce que donnait cette revisite du conte si connu de Blanche Neige. Et mon appréciation est assez mitigée.
On retiendra surtout le taff visuel qui fourmille d'idées piochées à droite et à gauche, et le ton qui utilise une histoire balisée pour nous faire passer de la Dark Fantasy à la Light Fantasy en passant par l'Heroic Fantasy, qui évoquent les légendes arthuriennes, le bestiaire de Miyazaki et du Seigneur des anneaux, et surtout le mythe de Jeanne D'arc pour caractériser le personnage d'élue au coeur pur de Blanche neige. Certes, face à un tel déluge de références, l'ensemble ne s'agence pas toujours très bien, mais n'empêche, ces différentes atmosphères qui se côtoient flattent bien la rétine.
Je serai par contre un peu moins indulgent en ce qui concerne le script, et surtout l'écriture des personnages. Cependant, de belles intentions animent le film, d'attribuer en quelque sorte le beau rôle à la reine maléfique, incarnée avec brio par Charlize Theron. Son personnage est vraiment le plus intéressant du lot. Sorte de Nemesis qui, déçue par les hommes qui sont attirés uniquement par sa beauté physique, et ainsi obsédée par sa jeunesse éternelle qui lui offre un tel pouvoir sur les autres, détruit alors tout sur son passage. Ce qui est l'occasion d'expérimentations graphiques autour de ses apparitions à la limite du vampirisme, et de créer un environnement rongé par sa présence maléfique (à ce titre, la forêt des ténèbres est un cadre fabuleux, sombre et inquiétant, l'un des meilleurs que j'ai pu voir dans le genre, avec un passage plus enchanteur qui trouve peu son égal au cinéma en termes de richesse et de détails visuels).
Malheureusement, on ne peut en dire autant du reste du casting. Pour commencer, Blanche neige est interprétée par une endive. Katherine Stewart, avec son regard bovin, ne fait vraiment pas le poids face au charisme de la reine (son miroir doit être aveugle pour lui préférer son air de droguée). Ses deux sidekick (le prince et le chasseur) ne proposent pas bien plus d'épaisseur (faut dire qu'en termes de motivations, on est proche du zéro), et forment un soit-disant trio amoureux qui ne fonctionne pas. Un peu plus convaincu par le frère de la reine, et surtout le groupe de nains, qui dégagent des personnalités troublées nettement plus intéressantes. D'autre part, il y a de sacrés raccourcis au nom de cette histoire d'élue divine (l'évasion de la prison est une véritable promenade de santé, et les gens se rallient à sa cause en un rien de temps via un discours ridicule surgi de nulle part), sans oublier une mauvaise gestion de l'espace (la forêt semble immense au début, bien plus petite à la fin lors du raid guerrier contre le château).
Ainsi, si on ne peut que féliciter l'enveloppe graphique malgré un certain manque d'innovation (y compris dans les styles de mises en scène, parfois pompés sur les modèles précités) qui donne envie de partir à l'aventure, cela se fait au détriment au reste, et ça manque de moelle à se mettre sous la dent. Difficile en effet avec de tels personnages transparents et un script aussi indigent de créer une fibre dramatique convaincante autour du destin de cette Blanche Neige trop vite élevée au rang de messie (on préférera la méchante qui pète bien la classe, dotée en outre d'une profondeur plus accrocheuse). Ce qui laisse au final un petit goût de déception, car on pouvait espérer mieux avec un tel matériau visuel qui envoie du rêve, et une tonalité parfois surprenante de noirceur. Malgré tous mes griefs, ça demeure pour moi l'un des meilleurs essais du genre de ces dernières années avec Maléfique et les films de P. Jackson.
On retiendra surtout le taff visuel qui fourmille d'idées piochées à droite et à gauche, et le ton qui utilise une histoire balisée pour nous faire passer de la Dark Fantasy à la Light Fantasy en passant par l'Heroic Fantasy, qui évoquent les légendes arthuriennes, le bestiaire de Miyazaki et du Seigneur des anneaux, et surtout le mythe de Jeanne D'arc pour caractériser le personnage d'élue au coeur pur de Blanche neige. Certes, face à un tel déluge de références, l'ensemble ne s'agence pas toujours très bien, mais n'empêche, ces différentes atmosphères qui se côtoient flattent bien la rétine.
Je serai par contre un peu moins indulgent en ce qui concerne le script, et surtout l'écriture des personnages. Cependant, de belles intentions animent le film, d'attribuer en quelque sorte le beau rôle à la reine maléfique, incarnée avec brio par Charlize Theron. Son personnage est vraiment le plus intéressant du lot. Sorte de Nemesis qui, déçue par les hommes qui sont attirés uniquement par sa beauté physique, et ainsi obsédée par sa jeunesse éternelle qui lui offre un tel pouvoir sur les autres, détruit alors tout sur son passage. Ce qui est l'occasion d'expérimentations graphiques autour de ses apparitions à la limite du vampirisme, et de créer un environnement rongé par sa présence maléfique (à ce titre, la forêt des ténèbres est un cadre fabuleux, sombre et inquiétant, l'un des meilleurs que j'ai pu voir dans le genre, avec un passage plus enchanteur qui trouve peu son égal au cinéma en termes de richesse et de détails visuels).
Malheureusement, on ne peut en dire autant du reste du casting. Pour commencer, Blanche neige est interprétée par une endive. Katherine Stewart, avec son regard bovin, ne fait vraiment pas le poids face au charisme de la reine (son miroir doit être aveugle pour lui préférer son air de droguée). Ses deux sidekick (le prince et le chasseur) ne proposent pas bien plus d'épaisseur (faut dire qu'en termes de motivations, on est proche du zéro), et forment un soit-disant trio amoureux qui ne fonctionne pas. Un peu plus convaincu par le frère de la reine, et surtout le groupe de nains, qui dégagent des personnalités troublées nettement plus intéressantes. D'autre part, il y a de sacrés raccourcis au nom de cette histoire d'élue divine (l'évasion de la prison est une véritable promenade de santé, et les gens se rallient à sa cause en un rien de temps via un discours ridicule surgi de nulle part), sans oublier une mauvaise gestion de l'espace (la forêt semble immense au début, bien plus petite à la fin lors du raid guerrier contre le château).
Ainsi, si on ne peut que féliciter l'enveloppe graphique malgré un certain manque d'innovation (y compris dans les styles de mises en scène, parfois pompés sur les modèles précités) qui donne envie de partir à l'aventure, cela se fait au détriment au reste, et ça manque de moelle à se mettre sous la dent. Difficile en effet avec de tels personnages transparents et un script aussi indigent de créer une fibre dramatique convaincante autour du destin de cette Blanche Neige trop vite élevée au rang de messie (on préférera la méchante qui pète bien la classe, dotée en outre d'une profondeur plus accrocheuse). Ce qui laisse au final un petit goût de déception, car on pouvait espérer mieux avec un tel matériau visuel qui envoie du rêve, et une tonalité parfois surprenante de noirceur. Malgré tous mes griefs, ça demeure pour moi l'un des meilleurs essais du genre de ces dernières années avec Maléfique et les films de P. Jackson.
Note : 6.5/10