Incendies de Denis Villeneuve
(2010)
J'avais sincèrement peur de la revision pour ce film. Non pas par peur que les qualités s'évaporent d'un seul coup, mais il est évident qu'un métrage qui doit beaucoup à l'effet de surprise puisse forcément être moins puissant une fois que l'on connaît les aboutissements de son récit. Heureusement, dans le cas d'Incendies, il n'en est rien. Force est de constater que non seulement le film de Denis Villeneuve conserve l'aura qu'il avait à sa sortie cinéma, mais en plus que l'émotion est d'autant plus puissante une fois que l'on sait où les chemins de l'intrigue nous emmène. Encore mieux : là où je trouvais auparavant que le film n'était véritablement intéressant qu'au bout de vingt minutes, je suis assez stupéfait de constater ici que le film dans sa totalité est passé comme une lettre à la poste. Une excellente revision donc qui confirme deux choses à mes yeux : la première étant que Villeneuve est certainement quelqu'un sur lequel on pourra compter pour nous sortir dans les années à venir quelques films mémorables, la seconde étant que, pour le moment, ce Incendies est, et de très loin, son meilleur opus sorti à ce jour, à tout les niveaux. Partant d'un postulat assez simple (deux enfants doivent retracer le passé de leur mère pour y découvrir ses secrets), Incendies se révèle être rapidement une quête incroyable sur le passé d'une famille et ce que celui-ci peut constituer en tant qu'identité propre.
''On est a peut-être fini avec le passé, mais le passé n'en a pas fini avec nous'' disait le Magnolia de Paul Thomas Anderson, un adage qui serait totalement approprié à ce film qui constate que, derrière les apparences, se cache toujours des souffrances liées au dur chemin de la vie. Avec deux storylines à la fois différentes et complémentaires qui doit beaucoup à la performance étonnante de Lubna Azabal, Incendies est un voyage éprouvant sur la quête de la famille reconstituée et en paix, une quête qui ne trouvera sa finalité qu'après la mort et qui, pourtant, sonnera comme la plus belle conclusion possible. Si je reste aussi vague, c'est parce que Incendies est de ce genre de film sur lequel il vaut mieux en savoir le moins possible, mais nul doute qu'un tel récit laisse indifférent qui que ce soit. Denis Villeneuve, avec sa mise en scène subtile, qui laisse davantage parler le cadre plutôt que le mouvement, signe ici son plus beau travail, et j'espère de tout cœur qu'il livrera rapidement un film aussi puissant, histoire de prouver que derrière le toute-à-tout expérimental se cache un excellent réalisateur.
8,5/10