[oso] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 10 Oct 2014, 11:08

Merci Rock, ce fut une belle découverte pour ma part ! :)

Pour le DVD, effectivement, il n'y a pas l'air d'y avoir eu beaucoup d'édition. Pourtant le film le mérite :|
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Lord Jim - 6,5/10

Messagepar osorojo » Sam 11 Oct 2014, 19:10

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LORD JIM

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Richard Brooks (1965) | 6.5/10
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Il est des découvertes qui ne se passent pas tout à fait comme prévu, dont on ressort un peu déçu parce que tout était sur la table pour un gueuleton endiablé, et pourtant lorsque la ponctuation caféinée sonne la fin du repas, les papilles ne sont pas complètement rassasiées. Le plat de résistance a manqué d’un peu d’assaisonnement pour remporter complètement l’adhésion.

Lord Jim m’a fait cet effet, celui d’un bon film presque impossible à remettre en question mais beaucoup trop sage, pas assez poreux pour m’emporter jusqu’à la fin sans que je soupire un petit peu. Une petite pointe d’agacement parce que le film est d’abord beaucoup trop long pour ce qu’il raconte : 2h30 pour dérouler un propos qui manque cruellement de retenue finit par épuiser sur le long terme. Mais surtout pour tous ces discours démonstratifs et langoureux destinés à donner de l’épaisseur à sieur Jim, cœur pur touché par le complexe de l’héroïsme, qui sont tellement écrits qu’on finit par décrocher de leur sens profond, ce dernier trouvant pourtant enfin sa portée en fin de bobine, lorsque Brooks trouve enfin la métaphore efficace pour faire la lumière sur la frontière ténue qui se joue entre la lâcheté et l’héroïsme. Une phrase dont le fort impact suffisait à caractériser les tourments du Lord, mais qui s’impose bien trop tard, après des heures de plaidoirie qui ôterait presque à Lord Jim son caractère épique de récit rédempteur à la belle densité.

Parce que si l’on ôte au film de Richard Brooke tout son gras humaniste un peu laborieux, il reste un sacré récit d’aventure. Une fresque ambitieuse qui se finit en pleine jungle pour des affrontements techniquement maîtrisés qui forcent le respect. D’autant plus qu’ils sont menés tambour battant par un Peter O’Toole complètement investi dans son rôle de Leader sur le retour, en quête de rédemption. Son duel épique avec Eli Wallach, croustillant en salopard de la pire espèce, mais marqué du seau des hommes sacrément burnés, arrive à point nommé pour sortir le film des sables mouvants de la thèse littéraire dans lesquels il s’était un peu embourbé.

On se prend alors à imaginer pareil film sans cette carte convenue qui lui fait enchaîner les balises évidentes du portrait qu’il brasse. De cette introduction sous voix-off dépeignant un jeune homme aux rêves d’aventure plein la tête qui se casse les dents face à sa couardise légitime avant de courber définitivement l’échine, sans jamais se laisser la chance de relever la tête un jour. Le portrait est trop exagéré, et jamais réellement surprenant dans son déroulement. Alors quand l’espoir d’un bonheur potentiel irradie enfin l’écran, sous les traits de la jolie Daliah Lavi, on se prend à sourire devant le côté trop providentiel de la jeune femme. Tombée du ciel, comme un cadeau divin, dont le prénom reste inconnu, et éprise de ce jeune capitaine au regard noir dès le premier regard qu’elle lui porte : c’est un peu court, en tout cas trop soudain pour sembler crédible. Ce sentiment de se faire un peu balader se prolonge jusqu’à cette fin pourtant très belle, mais tellement théâtrale, qu’elle fait l’effet d’un ultime pied de nez dans la facilité d’écriture, pour laisser dans l’esprit d’un spectateur, quelque peu désabusé par tant de bons sentiments, une compassion soudaine née du romantisme de la situation.

Lord Jim est un joli film d’aventure, qui ravira les plus romantiques et portera en pleine mer les moussaillons en devenir qui sauront se contenter d’un discours sage et sans grand risque. Le fond qu’y déploie Richard Brooks est certes inattaquable parce que universel, mais semblera trop lisse aux esprits retors qui aiment les fables un peu plus rugueuses. Ceux là apprécieront le voyage pour sa technique et ses belles ambiances, mais ne pourront s’empêcher de trouver l’ensemble un peu trop convenu.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Val » Sam 11 Oct 2014, 21:58

Déçu que tu n'es pas accroché. Pour ma part, je n'ai pas du tout eu le même ressenti que toi, peut-être suis-je plus naïf, je ne sais pas. :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar caducia » Sam 11 Oct 2014, 21:59

Pas accroché non plus, le début est excellent. Trop de terracotta et de plans en studios.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 11 Oct 2014, 22:41

Val a écrit:Déçu que tu n'es pas accroché. Pour ma part, je n'ai pas du tout eu le même ressenti que toi, peut-être suis-je plus naïf, je ne sais pas. :mrgreen:


Je ne pense pas que la naïveté rentre en ligne de compte ^^ C'est simplement que tu as réussi à t'impliquer dans le film, que le personnage joué par O'Toole t'a plus parlé qu'à moi :) Perso, j'y ai vu un caractère bien trop caricatural, écrit de façon bien trop linéaire, pour que j'y trouve mon compte, mais c'est tout, je comprends qu'on apprécie ce genre de bobine qui privilégie l'aventure avant tout, quitte à faire de ses personnages des tempéraments un peu convenus. Mais déjà, à la base, je suis pas un gros fan d'épopée de ce genre, donc bon ^^ Ca n'empêche pas que je suis bien content d'avoir pu découvrir ce film, qui me faisait de l'oeil depuis un moment :super:
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Godzilla (2014) - 3/10

Messagepar osorojo » Sam 11 Oct 2014, 22:56

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GODZILLA

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Gareth Edwards (2014) | 3/10
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Des personnages sans consistance, une trame linéaire aussi passionnante qu’un journal de 13H et un sens du rythme emprunté aux pires défilés du 14 juillet, Godzilla conforte la mauvaise santé du blockbuster moderne. Entre tentatives maladroites pour essayer de dépasser le statut de simple divertissement de son bébé et éléments que l’on sent imposés par des studios désireux de rentabiliser l’oseille investi, Gareth Edwards se plante dans les grandes largeurs et livre un film aussi insipide que son Monsters était, lui, bourré de belles propositions.

Mais seulement, dans Monsters, l’homme ne gérait que 2 personnages, qu’il prenait le temps de construire. Ici, il les enchaine, les fait exister deux secondes pour les buter de façon radicale (certainement pour faire genre dans mon blockbuster c’est coupe gorge assuré gros, ta mère y passe aussi, sans scrupule); pire il transforme son protagoniste en un voyageur en treillis qui fait un petit reportage sur les moyens de transports actuels. Entre le petit passage en bateau pour s’infiltrer en zone sinistrée, le petit tour en métro où il sauve du mini japonais que ses parents sont pas foutus de surveiller, la récréation aérienne qui se conclut par un petit saut en parachute (et le plus joli plan du film au passage) et enfin un petit court d’armement en train histoire de boucler la boucle, on confondrait presque l’échappé de Kickass pour un Nicolas Hulot reconverti en journaliste pour le ministère du transport. Le gadjo essaye bien de sauver les apparences en jouant les pros de la bombinette, en livrant le petit trauma qui va bien et en apportant sur la table la carte de la famille unie qui se retrouve au ralenti en fin de bobine, mais ça ne fait qu’amplifier son statut d’huître armée qui n’a jamais rien à dire. Le pauvre Aaron Taylor-Johnson fait ce qu’il peut pour sauver les meubles, mais son personnage n’ayant vraiment rien pour lui sur le papier, c’est peine perdue.

En bref, Godzilla ne vaut que pour le design assez réussi de sa bébette bien montée (la coquine !). Par contre, il ne faut pas trop s’attarder sur les deux ptérodactyles qu’il dégomme, qui eux, sont un joli foutage de tronche en mode kaiju 2.0, auquel il ne manque que l’ombre portée et le reflet aqua de circonstance[1]. C'est donc un peu court, car passés ces affrontements entre les montagnes nucléaires, qui sont avortés avant même d’avoir pu tenir les promesses qu’ils avaient semées pendant une bonne heure et demie, il n’y a vraiment rien à se mettre sous la dent pour combattre l’ennui qui pointe le bout de son nez dès la première heure et ne prend la peine de s’égarer qu'au moment où le rideau final vient jouer son rôle libérateur.

Un calvaire sans âme qui réussit à tirer le plus mauvais d’acteurs que l’on a pourtant connus très bons, c’est dire l’ampleur du désastre. Et par charité, je passe sur toutes les absurdités tournées pour faire avancer l’histoire (non parce que la mère qui fout son gamin adoré dans un bus genre barre toi voir le monstre avant d’aller s’enterrer dans une rame de métro, c’est quand même priceless). De ce ratage presque total subsiste la belle habileté qu’a Edwards à générer des ambiances pittoresques, qui rappelle l’homme qui avait réalisé ce final si poétique dans son premier film. Mais c’est tellement noyé par un ennui lourd que lorsque les placements de caméra se font ambitieux et réussis, il n’y a plus d’œil motivé pour les relever. Et c’est éteint, pour ma part, que je me suis contenté de les admirer, en me disant que tout cela était désespérément vain et définitivement dépourvu d'âme. Un sacré gâchis.

[1] . Déformation professionnelle, je m’en excuse platement.
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Bandits à Milan - 7,5/10

Messagepar osorojo » Dim 12 Oct 2014, 14:51

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BANDITS A MILAN

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Carlo Lizzani (1968) | 7.5/10
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Pendant une première demi-heure qui prend la forme d’un faux documentaire télévisée, Carlo Lizzani pose, de façon un peu mathématique, le contexte de son film : l’illustration sur grand écran d’un fait divers criminel ayant marqué les esprits par le sang qu’il a fait couler dans les rues de Milan. La cavale de 4 truands déterminés conduits dans les ruelles malfamées de la violence intéressée, par un chef dont l’égo n’avait d’égal que le débit de son verbe fleuri.

Si cette forme très informative est d’une efficacité redoutable, elle laisse aussi craindre un déroulement un peu linéaire et trop informatif pour captiver l’attention sur la distance. Carlo Lizzani en est conscient et change de tonalité dès que les différents enjeux sont posés. Le fait divers est raconté dans sa globalité une première fois, le groupe de criminel est introduit, la force policière qui s’organise pour les coffrer également, il peut alors poser sa caméra au cœur de l’organisation criminelle dont il est question pour expliquer plus précisément comment tout s’est déroulé. Il laisse pour l’occasion le champ libre à un Gian Maria Volonté délicieux pour dérouler son personnage, avec tout le charisme qu’on lui connait, afin de tromper le trublion Tomas Milian, qui pour l’occasion, se coiffe du béret d’un commissaire inflexible, désireux de ramener la paix dans les rues de sa ville.

Il va sans dire qu’une fois la caméra fixée sur les trois malfrats, le film décolle et ne remet pied à terre qu’en fin de parcours. Le voyage est stimulant, marqué par des punchlines qui font sourire et une caméra qui parvient à saisir l’essentiel de l’action sans en faire trop. De ce style documentaire ayant marqué le début du film, et de cette envie d’illustrer l’insécurité typique d’une époque qui a inspiré toute une partie du néo-polar à l’italienne — dont Bandits à Milan est l’un des précurseurs — découle une prise de vue réaliste qui se contente de suivre l’action en choisissant le point de vue qui en offrira la plus grande lisibilité. En témoigne cette course poursuite finale, fluide et ambitieuse, qui sans s’embarquer dans une réalisation marquante à la French Connection, retranscrit l’horreur de cette traque meurtrière avec une froideur clinique qui donne des frissons.

L’intelligence de Carlo Lizzani est aussi de laisser sa caméra s’échapper de son sujet à plusieurs reprises pour introduire patiemment des éléments disparates qui semblent hors de contexte lorsqu’ils apparaissent à l’écran, mais prennent leur importance lorsque le climax se déroule. Un choix narratif efficace qui donne une importance particulière aux dommages collatéraux occasionnés par la fuite des féroces cambrioleurs.

En guise de conclusion, pour s’éviter le piège de la généralisation et apporter à son film une nuance nécessaire, Carlo Lizzani laisse faire tout le talent de Gian Maria Volonté : ce dernier apporte le point final par un monologue assourdissant, débité avec un flow que lui jalouserait le plus intrépide des rappeurs, ne laissant aucun doute quant à sa mégalomanie maladive. Quelle magistrale démonstration d’acteur !
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Carnage (1981) - 6/10

Messagepar osorojo » Dim 12 Oct 2014, 19:18

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THE BURNING
CARNAGE


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Tony Maylam (1981) | 6/10
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Du slasher pur-jus exploitant jusqu’à épuisement la trame imposée par le vendredi 13 de Sean S. Cunningham, maître étalon de l’exercice. Pour sa version du slasher sous le soleil d’été, Tony Maylam ne s’embarrasse pas à jouer la carte de l’originalité et reprend son modèle point par point en comptant sur Savini et sa maîtrise du sang à l’ancienne pour rendre son bébé encore plus gore.

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A ce niveau, c’est très réussi, chaque petite leçon de découpe est faite avec doigté, lorsque les corps se font malmener, c’est avec violence et acharnement. Les lames bien affutées des cisailles de ce fantôme en quête de chair fraiche, plongent dans les entrailles comme tu touilles ton café après un bon gueuleton, à la petite cuillère, sans effort et avec délice. Cette recherche de percussion par l’image, lorsque le tueur passe à l’action, s’associe à un efficace sens du cadre : Carnage est réussi dans la forme, et rappelle qu’il était une époque où l’on embrassait son sujet à bras le corps pour rassasier un public de connaisseurs.

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Cela fait-il pour autant du film de Maylam une référence du genre ? Loin s’en faut, ce dernier peinant à captiver la faute à son sens du rythme un peu laborieux. Il faut attendre 3 bons quarts d’heure pour que le jardinier entre en action et même après cela, les scènes qui meublent entre les meurtres s’étirent beaucoup trop. Et comme ici, seule la carte du slasher premier degré est mise sur la table, il ne faut pas compter sur une quelconque épaisseur de personnage où une originalité niveau script pour combler les espaces vides. Non pas que ce soit un mauvais choix, au contraire même, c’est toujours agréable d’assister à une proposition qui n’essaye pas de trahir le genre qu’elle s’approprie par un jeu de petit malin, mais un petit quart d’heure de coupe aurait été judicieux pour insuffler à toute la seconde partie un rythme encore plus frénétique.

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Quoiqu’il en soit, vue la cour peu fournie en réussites dans laquelle il boxe, Carnage s’avère être tout de même une séance amusante qui devrait combler les affamés en manque d’exécutions sommaires. Bien gaulé, et bénéficiant du savoir faire d’un des maîtres du maquillage dégoulinant à l’ancienne, Il possède une belle force de proposition dans les ambiances qu’il dépeint, mais il ne faudra pas en attendre davantage. A noter aussi qu’on retrouve au banc de montage un certain Jack Sholder qui entamait tranquillement son chemin vers le métier de réalisateur et signera par la suite la petite pépite Hidden : comme quoi Carnage, même s’il est un peu court, aura eu un réel intérêt, pour nous spectateurs !
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Lun 13 Oct 2014, 09:28

Tu l'as vu comment ce Bandit à Milan? Je le cherche quasiment depuis que le monde est monde... :bluespit:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Femme dans un enfer d'huile - 7/10

Messagepar osorojo » Lun 13 Oct 2014, 15:55

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FEMME DANS UN ENFER D'HUILE

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Hideo Gosha (1992) | 7/10
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Toutes des sales vilaines ! Tel est le cri du cœur que Gosha hurle avec Femme dans un enfer d’huile, une dissection méthodique des interactions sociales entre hommes et femmes dans un japon traditionaliste, qui s’émoussent lorsque la passion se mêle aux rigides impératifs imposés par une société restrictive.

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De la bouche même de l’une d’entre elles, « les femmes sont des créatures du diable », indignes de confiance, dévorées par un feu intérieur qui s’exprime fougueusement lorsqu’il fusionne jusqu’à devenir incontrôlable. Plus que l’amour véritable, ce qui intéresse Gosha, ce sont les pulsions charnelles qui émoustillent ses personnages, et notamment cette nourrice bien sous tout rapport qui se rend compte des sentiments qu’elle nourrit pour un jeune homme qu’elle a vu devenir homme. Dès lors, la passion prend le dessus, au point de la travestir en l’incarnation de ce qu’elle condamnait vivement en début de film : une harpie manipulatrice qui perd conscience de ses propres valeurs.

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Ces pulsions féroces, Gosha les met en exergue par l’intermédiaire d’une caméra qui s’approche des corps au maximum, jusqu’à en capturer les moindres frissons. Mains hésitantes, visages pétris de désir, bustes pris d’assaut par cette chaleur moite qui envahit chaque parcelle de l’écran, tout conduit à ce final insaisissable où les deux protagonistes perdent tout contrôle de leurs sens. L’huile, qui a conditionné jusque là nombre de leurs gestes, les rend finalement vains : les corps ont beau s’agiter pour se dépêtrer d’un sol visqueux, ils restent immobiles. Ce libre arbitre qu’hommes et femmes, devenus inaptes à supporter les règles de leur communauté, se targuent de posséder, celui qui les conduit à imaginer possible leur fuite d’une société qui condamne leurs passions les plus profondes, n’est qu’une illusion destinée à leur faire supporter les barreaux imposés par leur condition.

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Gosha l’énonce avec limpidité : seuls ceux qui possèdent le pouvoir lié à leur rang social sont aptes à tordre le coup aux règles qu’ils imposent eux-mêmes. La fille unique d’un riche patron peut se permettre toutes les incartades, l’emprise qu’elle possède sur ses voisins lui permettant d’exercer sur eux une pression achetant leur silence. Pour les autres, et notamment pour ce jeune homme intègre et passionné qui incarne pour Gosha la voix de la rébellion, seule âme qui ne consent pas à courber l’échine, chaque pas entrepris vers une liberté espérée le rapproche d’une faucheuse toujours plus menaçante.

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Une densité de fond à saluer qui fait de Femme dans un enfer d’huile une œuvre très intéressante, même si elle est toutefois desservie par un rythme lancinant et une voix de la rébellion décidément trop naïve. Gosha fait durer chaque séquence, et prend un peu trop son temps pour développer le personnage féminin qui remet en cause l’équilibre de son histoire. Résultat, le message passe, mais s’émousse au fur et à mesure que les minutes se font longues.

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Néanmoins, plus que la réalité de la situation, c’est sa puissance métaphorique qui fait sens chez Gosha. Dans Femme dans un enfer d’huile, elle est très forte, et portée par une photographie tellement expressive qu’en fin de bobine, seule subsiste sa fougue expressive, celle qui ne souffre d’aucune barrière morale. Un uppercut étouffé par les gants de l’ennui, qui parvient à véhiculer la puissance du bras l’ayant assené sans toutefois aboutir au KO victorieux.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 13 Oct 2014, 16:07

Très belle critique :super:. Dommage que l'ennui a pris légèrement le dessus, pour ma part c'est mon préféré de sa période féministe :).
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 13 Oct 2014, 16:09

Je le trouve pas spécialement féministe celui là pourtant :mrgreen: L'image qu'il dépeint des deux femmes de son film est pas très glorieuse tout de même :eheh:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 13 Oct 2014, 16:23

Non, effectivement, c'est ça qui est bon aussi :mrgreen:.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 13 Oct 2014, 18:00

Vil coyote :eheh:
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Dement - 7/10

Messagepar osorojo » Mar 14 Oct 2014, 11:53

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ALONE IN THE DARK
DÉMENT


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Jack Sholder (1992) | 7/10
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Dans la vague de slashers bas du front ayant succédés à Halloween et vendredi 13, quelques essais sortent du lot, parmi lesquels Alone in the Dark, premier film de Sholder — auquel on devra la petite pépite The Hidden quelques années plus tard— qui se hisse hors de la masse en proposant une version très singulière du film de sérial killer déjanté au possible.

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C’est au moyen d’un humour noir intelligent, car pas envahissant, que l’auteur délivre sa sanglante comédie horrifique. Ses personnages sont tellement décalés qu’ils ne peuvent être considérés qu’au dixième degré : de ce directeur d’asile sous weed aussi perché que ses patients, à ces quatre allumés du bocal qui prennent un malin plaisir à décharner de l’humain, en passant par cette gamine de 10 ans dont la caboche est ornée du sens pratique d’une scientifique expérimentée, on a vite compris que l’ambiance était à la décontraction. A tel point que lorsque le surréalisme de la situation pète tous les high score, que la ville sombre dans une ambiance chaotique suite à une simple coupure de courant par exemple, le rire se substitue instantanément à la frustration qu’aurait pu engendrer l’incohérence de la situation.

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Sholder n’a d’autre ambition dans Alone in the Dark que de rendre hommage, avec une version qui lui est personnelle, aux films de genre qui l’inspirent. Entre slasher malin, survival burné et film de siège malicieux, sa proposition sait être stimulante. Il s’entoure, pour l’occasion, de vieilles ganaches charismatiques un peu sur le retour (Jack Palance et Donald Pleasence dans un slasher, fallait le faire !), offrant au film, sinon une performance marquante, une vraie présence qui donne aux salopards de la pire espèce qu’ils incarnent plus d’épaisseur qu’à l’accoutumée. En outre, lorsqu’il faut sortir du plan qui tâche, Sholder ne fait pas le timide, et parvient à tirer joliment parti des contraintes budgétaires qui l’ont amené à revoir ses ambitions à la baisse —localisation du tournage en province notamment —.

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Il génère alors des ambiances réussies, qui marquent la rétine et les sens. On garde en mémoire cette prise de catch hors ring qui sonne le gong pour le pauvre petite taulier d’un asile rendu vulnérable par une simple panne de courant, ou la petite scène entre la jolie babysitteur et son copain, qui apporte le petit bonus boobs de circonstance (et attendu, cela va de soi !) avant de passer aux choses sérieuses. Avec toutes ces belles qualités, Alone in the Dark aurait pu être la petite pépite oubliée qu’on espère toujours découvrir. Mais son rythme en dent de scie, sa première partie laborieuse et quelques choix d’écriture un peu cavaliers que le second degré ne peut totalement rattraper, dont ce semi twist final sorti de nulle part qui fait l’effet d’une farce de petit malin trop opportuniste, l’empêche de prétendre à ce statut.

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Néanmoins, ces bémols mis à part, Alone in the Dark est un film à découvrir : en évitant de prendre trop au sérieux le genre qu’il embrasse, Sholder livre un petit slasher décomplexé sans prétention, qui flirte habilement entre les genres pour filer la banane à tous les habitués de cinoche horrifique un peu fauché.
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