[Velvet] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

White bird - 7/10

Messagepar Velvet » Dim 05 Oct 2014, 11:26

White Bird de Gregg Araki (2014) - 7/10


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Après la petite bouffée d’air frais qu’était Kaboom, Gregg Araki revient avec toujours comme point d’orgue, la croissance de l’adolescence. White Bird détient le même processus narratif qu’avait l’un de ses précédents films Mysterious skin : une adolescente (Kat) doit se construire un présent et un futur après le drame qu’elle vient de subir (l’évaporation de sa mère dans la nature) et Araki porte son regard sur la construction de cette jeune fille à travers cette tragédie pour finir son récit par les réponses aux questions laissées en suspens comme pour permettre aux personnages de se libérer d’un poids et pouvoir avancer dans la vie. Malgré ce regard bienveillant qu’on connait à Araki, White Bird est sans doute trop propre pour un réalisateur qui parait trop sage dans ses intentions, avec ce récit trop scolaire dans ses thématiques alors que le matériel de base de Laura Kasischke lui aurait permis plus de possibilité.

A l’image de ce personnage de Kat Connors, une jeune fille en fleur qui semble tout droit sortie de n’importe quel teen movie du cinéma indépendant américain, interprétée par la très jolie mais trop lisse Shailene Woodley. On est loin de la frivolité et du psychédélisme d’une Rose McGowan (Doom Generation) ou Jane Temple (Kaboom) ou d’une fracture émotive d’un Joseph Gordon-Levitt (Mysterious Skin). L’enquête policière qui entoure la disparition n’intéresse pas réellement Gregg Araki. White Bird avance à pas feutrés, avec sa lenteur dont ne nous avait pas habitué le réalisateur, une douceur formelle légère. Mais il faut bien le souligner, il est par moment difficile de reconnaitre le réalisateur de Doom Generation, sa folie alarmante presque disparue. Cette fois, au contraire d’un Mysterious Skin et malgré une finesse de trait notable, la narration n’est pas aussi bien imbriquée, aux troubles trop effleurés, le développement de son personnage principal semble trop factice et parfois dénué d’intérêt mis à part le fait qu’en tant qu’adolescente, elle découvre sa propre capacité à charmer les hommes à travers la sexualité.

Gregg semble s’être rangé, mais une part de son génie semble intacte charmant par son ambiance vaporeuse, cette perdition latente et attachante, son sens de la musicalité hors du commun, et ces fulgurances captivantes. White Bird s’avère intrigant et presque majestueux dans sa description d’une middle class old school un peu paumée de la fin des années 80, où la famille se disloque par ses rêves brisés par la routine et le manque d’allant d’une vie qui se ressemble jour après jour. Araki n’y apporte pas forcément un regard neuf à travers ce portrait un brin désabusé mais y insère son style, une évanescence qui touche même si l’émotion n’est pas forcément au rendez d’une œuvre un peu trop crépusculaire. Beaucoup de couleur chatoyante, un univers de porcelaine, d’une beauté naïve. Un père qui baisse les yeux à chaque fois que sa femme lui parle, une épouse en tant qu’housewife qui n’a qu’un seule horizon, celle de dépoussiérer l’intérieur de sa maison tout en laissant dans la « cave », l’amertume qui la consume. Pour cela, le réalisateur fait appel à une Eva Green parfaite en tant que miroir de la désintégration du rêve américain.
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Gone Girl - 9/10

Messagepar Velvet » Mer 08 Oct 2014, 10:28

Gone Girl de David Fincher (2014) - 9/10


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L’œuvre de David Fincher ressemble trait pour trait à son couple : familière et ordinaire aux premiers abords mais regorge d’une passion féroce et d’une complexité débordante. Un sourire glaçant, de façade qui cache de nombreuses émotions divergentes, le visage d’une Amérique hypocrite et malléable. David Fincher n’en est pas à son premier coup d’essai dans l’adaptation du monde littéraire (Millenium, Fight Club) et comme à chaque fois, le réalisateur américain arrive à transmettre de plein fouet ses propres obsessions, sa classe visuelle qui s’approche d’un certain classicisme, un vrai regard d’auteur omniscient pour y installer des thématiques universelles mais ancrées dans notre société moderne. Après Millenium, David Fincher s’engage dans un deuxième film de commande de suite qui pourrait paraitre anecdotique mais qui ne l’est pas du tout.

C’est là toute la sève de Gone Girl, ses quelques pulsions sanguinolentes et sexuelles, son piquant acerbe qui érige son film dans une candeur et une folie douce jouissive à travers un couple en explosion. David Fincher s’intéressa à l’intérieur du foyer tout comme à son contexte extérieur. A l'instar de Eyes Wide Shut, la pensée du couple, l’esprit de l’autre, notre place dans un duo et nos responsabilités sont au cœur de Gone Girl où la seule chose qui compte : c’est l’opinion publique. Qui sommes-nous dans le microcosme de la pensée collective, comment manipuler son image à bon escient et avoir le contrôle de notre propre existence. Un film qui mettra en lumière le talent immense de Rosamund Pike, actrice malheureusement trop rare. Gone Girl, c’est premièrement la vague histoire d’un homme un peu pataud et beau parleur qui le matin de son anniversaire de mariage, après avoir joué aux jeux de société avec sa sœur dans le bar dont ils sont propriétaires, voit sa femme disparaitre.

Une enquête policière commencera et les zones d’ombres ne risqueront pas de s’estomper. Avec le sens du rythme qu’on lui connait, David Fincher place comme sur un échiquier les bases de son polar méticuleux dans un montage parallèle entre passé et présent pour comprendre l’origine de ce couple, sa déliquescence, ses secrets inavouables et essayer d’éluder une intrigue qui n’a pas fini de surprendre où policiers et journalistes se battront pour trouver la solution sur la disparation d’une femme dont le corps n’a toujours pas été retrouvé. Le couple sera alors épier sur la voie publique où faux semblants et travail sur l’apparence deviendra un jeu de poker menteur où se jouera le dessin de la femme et de l'homme dans la conscience collective. Un peu comme dans un couple : le principal est de transmettre l’image que la personne veut que l’on soit quitte à ne plus être soi-même.

Malice symbolisée par l’interview donnée par Nick Dunne comme purgatoire imaginaire pour confesser ses fautes mensongères. Comme depuis The Social Network, Fincher s’entoure du fabuleux travail sonore de Trent Reznor et Atticus Ross. A travers le récit de Gillian Flynn, le réalisateur ne réalise pas un simple polar aux multiples fenêtres, mais offre ici un récit envoutant aux nombreuses pistes de lectures sur les intentions et les manipulations de ses propres protagonistes, notamment durant une deuxième partie de récit, où un jeu du chat et de la souris va devenir un jeux de massacre où sans rentrer un délire schizophrène, le fantôme de Fight Club hantera l’esprit de Gone Girl : la destruction d’un univers pour l’auto construction d’un soi-même en parallèle avec la société de consommation et d’apparence. Un vertige mélancolique et ricaneur sur une quête d’identité passionnante, notamment dans une dernière partie à l’humour noir presque outrancier, faisant fi du sacrifice de ses velléités pour l’autre.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 08 Oct 2014, 16:00

J'ai hâte! Normalement, j'y vais ce soir, mais entre Madame qui est crevée et ma fille malade... La nounou est commandée, reste plus qu'à mettre discretos 3/4 guronsan dans le verre de ma douce et ça devrait le faire!
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Tribe (The) - 8/10

Messagepar Velvet » Jeu 09 Oct 2014, 15:21

The Tribe de Myroslav Slaboshpytskiy (2014) - 8/10


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Myroslav Slaboshpytskiy nous plonge dans un silence tendancieux qui asphyxie la moindre parcelle de sensations sonores qui se trouvent sur son passage. Seuls des cris de douleurs, des claquements de tables stridents, des frottements de peaux, des bruits de pas, des explosions de bouteilles viendront casser le rythme d’un silence sauvage aux couleurs froides et enneigées. Sordide comme peut l’être une œuvre de Michael Haneke, The Tribe, qui d’ailleurs porte bien son nom, est une odyssée malaisante sans parole mais non sans émotion dans un pensionnat pour jeunes sourds et muets, lieu clos presque déserté par les adultes où tout ce petit monde d’adolescents en ébullition fera sa loi créant dès lors ses propres règlements et ses directives à la hiérarchie bien centrée. The Tribe a des allures de western dans la construction de son récit avec cette histoire vue et revue : un nouvel élève arrive, il se mêle au groupe en prouvant sa force et sa bravoure, puis tombe amoureux de la protégée du chef. S’ensuit un affrontement final pour l’amour de la dulcinée. Qui laissera des taches de sang indélébiles cette fois ci.

Dans cette volonté farouche et artistique de ne pas mettre de sous-titre pour la compréhension du langage des signes, The Tribe devient une œuvre hermétique, presque claustrophobe, mais dont la poésie sait rejaillir avec talent par petites touches comme durant ses scènes de sexe ponctuée d'une certaine tendresse. The Tribe marche non pas par la puissance des mots mais par la fulgurance des émotions. Pourtant, c’est impressionnant de voir que malgré cette sécheresse dans la terminaison des mots qui lient les protagonistes, le film se révèle très vite compréhensible, où au fur et à mesure des minutes, l’immersion empathique devient totale, les gestes prennent sens devant nos yeux, l’expression de tout un tas de sentiments deviennent gracieux comme une danse à l’image de la belle Yana Novikova. La partition des acteurs reposent surtout sur leurs corps et leurs gesticulations.

Se trouve là, l’une des seules limites du film dans son orchestration, car à trop vouloir jouer sur le côté monolithique de sa réalisation tout en plan fixe et sur l’aspect sensoriel des mouvements des personnages articulés à la seconde près (comme pouvait le faire un Jacques Tati), The Tribe en devient un peu trop bien chorégraphié et trop lisible (mais jamais prévisible) dans ses intentions à l’image de cette première scène de bagarre qui semble trop précise et trop méticuleuse pour faire naître une aspérité naturelle. La réalisation, quant à elle, tout en plan séquence immobile ou jalonné de sublimes travellings, laisse place à une certaine imagination, dévoile une mini société qui agit comme une meute, où chacun à sa place, son rang, ses droits et ses devoirs.

Une société hiérarchisée qui comprend un chef puis des sous chefs à la tête d’un réseau de prostitutions où deux jeunes filles vont faire le tapin pour de vieux routiers pour espérer quitter le pays et se payer un passeport pour l’Italie. Comme l’était The Great Ecstasy de Robert Carmichael, The Tribe se dessine un peu comme le chant du cygne d’une certaine part de notre humanité, une jeunesse isolée qui marche par instinct dans une routine malaisante mais aussi terrible, où la condition des relations humaines primitives finira inévitablement dans une violence sourde et soudaine.
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Echelle de Jacob (L') - 8/10

Messagepar Velvet » Dim 12 Oct 2014, 15:30

L'échelle de Jacob de Adrian Lyne (1991) - 8/10


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Alors qu’il était considéré comme un simple « faiseur », Adrian Lyne trouve à travers L’échelle de Jacob son réel purgatoire cinématographique aux déviances fantastiques. Avec cette œuvre mentale, une sorte mélange des genres narratifs, le réalisateur prend un malin plaisir à triturer un univers paranoïaque et angoissant qui voit la peur s’installer dans l’esprit d’un homme hagard (Jacob Singer, interprété par l’excellent et imposant Tim Robbins) créant ainsi tout un univers flirtant vers la métaphore biblique et la dénonciation conspirationniste du système militaire américain. Avec sa mise en scène carrée mais onirique, le récit nous décrit les divers errements psychologiques d’un ancien soldat blessé lors de la guerre du Vietnam, devenu un petit postier et souffrant d’hallucinations démoniaques aux allures désarticulées et troubles. Avec son esthétique angoissante jamais cheap et très marquée 80/90’s (Angel Heart d’Alan Parker par exemple), Adrian Lyne plonge son film dans une atmosphère dérangée par des visions cauchemardesques dans une ville urbaine et sombre où suinte le mal à chaque coin de rue. Les visions démoniaques se font de plus en plus insistantes (dans le métro, dans une soirée, dans une voiture) et Jacob Singer semble souffrir de troubles de la perception l’enfonçant dans une frontière très étroite entre folie et raison jusqu’au moment où il se rendra compte qu’il n’est pas le seul à subir ce genre de traumatismes à l’image de ses anciens camarades de bataillons retrouvés. La quête de vérité deviendra sa raison de vivre. De plus, Adrian Lyne sait parfaitement coordonner ses effets de style en donnant une réelle froideur à ses incursions horrifiques donnant une réelle crédibilité à cette atmosphère anxiogène naissante (séquence de l’hôpital) mais sait également pondérer son script en se rapprochant des problèmes de son personnage à l’image de la peine causée par la mort de l’un de ses fils. Divagant dans un véritable tiraillement moral, le destin de Jacob Singer se rapproche d’un drame existentiel, de sa condition humain destituée par une guerre qui lui a laissée des séquelles irréparables malgré une élévation spirituelle possible. Rondement mené et efficace comme un pur divertissement d’angoisse, L’échelle de Jacob se révèlera particulièrement fin et malin dans la lecture de ses nombreuses interprétations où s’entremêleront habillement les notions d’enfer/paradis et vie/mort.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Dim 12 Oct 2014, 15:37

J'en ai un souvenir lointain mais plutôt bon de cette échelle de Jacob. Je me souviens m'être fait cueillir poar un script qui m'avait pris au dépourvu ^^

Sinon, The Tribe me rend curieux ^^ Si j'ai l'occase de le voir, je me laisserai tenter je pense :super:
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À bout de souffle - 7/10

Messagepar Velvet » Ven 17 Oct 2014, 14:24

A bout de souffle de Jean Luc Godard (1960) - 7/10


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A bout de souffle est pour beaucoup le chef d’œuvre de la nouvelle vague, symbolisant cet élan cinématographique qui casse les codes d’un certain pan de la narration. A bout de souffle a quelque chose, c’est indéniable, il a son propre langage, d’ailleurs Patricia et Michel ne se comprennent pas aisément, « les français vous dites toujours ça », lui dit-elle souvent. C’est aussi une jeunesse qui ne demande qu’à s’absoudre, une envie pressante de mouvements roulant à toute berzingue sur les routes de campagne, un je m’en foutisme libérateur mais meurtrier et fatal, un montage hasardeux, cette façon de coller les images de manière approximative tout en s’insérant parfaitement dans son petit récit qui grandit ses personnages, cette volonté de jouer avec les mots comme un enfant qui matraque son jouet jusqu’à le casser. Une finesse dans le trait qui fait mouche, un duo à l’alchimie physique éblouissante. Comment résister aux regards de la charmante Jean Seberg ? Comment ? C’est Paris avec ses coins de rue, ses lumières, ses avenues, ses rencontres, ses amours. Pourtant, jamais le film ne parait outrancier, au contraire, ça lui donne un cachet intimiste, une dualité visuelle qui intrigue avec ces longs plans séquences et ces images surcoupées par des faux raccords, avec un découpage de l’image et du son juvénile à la fois grotesque mais euphorisant. Mais A bout de souffle, ce n’est pas qu’une question de mise en scène, pas juste un noir et blanc idéalement accordé, il ne s’agit pas que du simple Godard et son inventivité, c’est plus que ça, l’équation se résout avec un mariage à trois. Avec un Belmondo qui monte sur ses grands chevaux, vole mais ne demande rien, se croit riche et amoureux alors qu’il n’a rien à offrir sauf sa fougue, son chapeau sur la caboche, son regard pimpant, son assurance rigolarde qui cabotine un peu, beaucoup, passionnément à la folie avec sa gouaille fumiste et ses répliques piquantes. Une Jean Seberg sublime avec sa coupe de cheveux ultra courte, ses yeux à se damner, sa taille de guêpe et son accent feutré qui cache son jeu entre amour volatile et désintérêt chancelant : « Je vous regarde jusqu’à ce que vous ne me regardiez plus ». A bout de souffle respire, on ne sait pas vraiment ce qu’il raconte ou ce qu’il est, où il va. Un polar, une histoire d’amour, une rencontre impossible. Deux personnes hors du temps, qui semble ne pas se rendre compte de ce qu’ils font, se pensant invincibles. Ils s’aiment puis ne s’aiment plus. Difficile à dire. Sauf que Godard s’enferme dans ses propres libertés, avec ce petit côté ricaneur, pas méprisant mais joyeusement amusé et hautain qui fait tituber le film tout en sachant retomber à chaque fois sur ses pattes.
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Ninja Turtles - 3/10

Messagepar Velvet » Ven 17 Oct 2014, 15:04

Ninja Turtles de Jonathan Liebesman (2014) - 3/10


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Il est loin le temps où les gosses de ma génération chantaient comme émerveillés devant la télé, le générique des Tortues Ninja Les Chevaliers D'Ecaille : « Cowabunga le cri des Ninjas, quatre tortues d’enfer dans la ville, chevaliers d’écaille et de vinyle, ce sont des guerriers fantastiques, ils sortent les Nunchack c’est la panique, pour venger Splinter ils sortent les katanas, ils sont les meilleurs et font la loi, mais quand il s’agit de s’amuser, finie la terreur on est là pour rigoler ». Quel générique, hein, que de bons souvenirs. Je me fais vieux, même moi. Ce temps est résolu, nous voici dans l’ère moderne avec cette production signée Michael Bay dotée d’une caractérisation des personnages inexistante et d’un récit insignifiant. On retrouve Splinter contre Shredder. Paradoxalement, le film dans ses grandes largesses, s’intéresse plus à Megan Fox qu’à nos quatre compères animaliers. Pourquoi pas, on comprend Liebesman au vu du minois dans la jeune actrice. Ce n’est qu’au bout de 25/30 minutes que le film mettra réellement en scène ses tortus ninjas. De toute manière, la déception n’est aucunement là, on savait d’avance à quoi s’attendre avec la version 2014. Ninja Turtles est un banal film pour enfant, une version prémâchée du blockbuster habituel avec ses gros effets visuels hideux servant de cache misère à une réalisation pachydermique au découpage amateur, des tortues à l’esthétique grossière, plus repoussante qu’autre chose, un humour potache qui marche une fois sur quatre. Mais le film a le mérite d’être court, ne tombant pas dans le cliché de la sous intrigue s’insérant dans la sous intrigue, et balance une marchandise grassouillette mais divertissante. Un film fast Food.
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Sin City : j'ai tué pour elle - 2/10

Messagepar Velvet » Dim 19 Oct 2014, 11:23

Sin City: j'ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez (2014) - 2/10


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Il aura fallu attendre 9 ans pour voir naitre la suite de Sin City, laps de temps bien longuet pour conserver une attente digne de ce nom. Son aura s’est sans doute évacuée, devenant un véritable acte manqué. Le nouvel opus arrive comme un cheveu sur la soupe et ce n’est qu’un doux euphémisme. Mais pouvions nous espérer mieux au vu d’un film catastrophique comme The Spirit (Miller) ou Machete Kills (Rodriguez). Sin City a pris un coup de vieux, malgré ses quelques changements de casting (Eva Green, Joseph Gordon Levitt), la ville est malade et a perdu tout son charme fiévreux. Rodriguez ne semble plus s’intéresser à ce qu’il film, se complaisant dans une mise en scène et un montage faits à l’arrache. Un coté cheap/old school assumé mais pas inspiré. Frank Miller nous ressort la même recette, toute fois composée avec des ingrédients périmés, pour réaliser un film avec des intrigues à tiroirs qui finiront par se croiser sans qu’on s’y attache réellement. Avec comme point d’orgue, cette dernière vignette sur la vengeance du personnage de Jessica Alba tombant dans l’indifférence la plus totale. Des gueules cassées, des prostituées, des femmes fatales, des mafieux au pouvoir et corrompus, des amoureux troubles. On est en terrain connu. Le seul corps foudroyant d’Eva Green, à la nudité sublimée, ne permettra pas à Sin City de retrouver une sève venimeuse face à ce qui ressemble à une parodie de film noir avec son atmosphère cartoonesque. Le souci provient premièrement de ce visuel, si dynamique auparavant avec cet aspect rétro qui faisait la fougue et l’originalité de sa stylisation à la fois glauque et démentielle, une élégance qui n’existe plus, un petit humour grinçant profitable. Sin City a un côté daté, ringard, une classe d’antan éclipsée, avec des insertions visuelles grossières, dès les premiers instants où l’on suit ce bon Marv sur les routes intrépides menant à Sin City, ville de tous les malheurs, de tous les mystères mais qui n’enchante plus, qui ne fait plus frissonner. Le nihilisme, la folie du premier volet, sa violence criante de couleur dans un cadre noir et blanc feutré a disparu. De ce fait, ce qui choque au vu de ce film c’est sa lenteur, son apathie narrative lourdingue pour un long métrage d’une durée de 1h40. Le charme de Sin City s’est évaporé dû au manque de surprise : ses personnages qui se lancent dans ses monologues en voix off faits de diatribes sinistres sur le désenchantement de cette ville crasseuse de Sin City, ses fulgurances sanglantes visuelles qui tachent notamment avec la « douce » Miho, on sent le travail bâclé surtout dans ce récit anecdotique jamais passionnant. On sent à plein nez la suite faite de force, avec un manque d’impact, un défaut d’intérêt. Mickey Rourke est le symbole de ce film : il avait une certaine allure esthétique et thématique durant le premier film mais là, il ennuie malgré la force de ses coups de poings.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Dim 19 Oct 2014, 22:57

T'es gentil avec le Godard :mrgreen:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Lun 20 Oct 2014, 06:15

C'est le contrecoup des Tortues ninja: tu surnotes du Godard! :mrgreen:
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Last days of Summer - 4/10

Messagepar Velvet » Lun 20 Oct 2014, 13:35

Last Days of Summer de Jason Reitman (2014) - 4/10


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Avec Last Days of Summer, Jason Reitman change de registre, s’éloigne de ses comédies cyniques, et s’essaye au mélodrame. Malheureusement, n’est pas Clint Eastwood qui veut. Ce long métrage souffre d’un académisme alourdissant tous les pores d’une œuvre trop convenue pour s’embellir avec le temps. Pas que la mise en scène soit mauvaise, au contraire, Last Days of summer arbore un visuel assez tenu et cotonneux, avec son atmosphère presque douce et aérienne mais le récit parait bien maigre, jouant la carte d’une bonté factice essayant tant bien que mal d’insérer une empathie peu fortuite. Un homme s’étant évadé de prison, va alors séquestrer une jeune femme et son fils chez eux. Mais l’homme va se montrer compatissant avec ses otages et une intimité familiale va voir le jour, comme pour combler un manque. Dès le début, on connait déjà l’histoire. Cette histoire de deux personnes, qui ne veulent qu’une chose : revoir l’amour ressurgir dans leur cœur.

Ça part plutôt bien, Reitman étant dans la retenue, ne pose pas de regard moralisateur sur ses protagonistes (au début). Sa mise en scène aime scruter les mouvements des corps, un langage corporel traduisant une certaine mélancolie donnant vie à quelques belles séquences (faire une tarte, danse). Pourtant, il n’arrive pas à mettre de la vie dans sa narration, ni de second souffle avec une histoire d’amour, un trio affectif qui va en ligne droite, trop précipité, une accumulation de passages obligés (la sempiternelle scène de baseball) sur des thématiques déjà vues et revues par ce cinéma américain: la solitude, la rédemption, une deuxième chance à travers le couple, la relation père/fils de substitution. On connait déjà tout ça. Malgré la finesse des interprétations de ce trio d'acteurs, le problème d’écriture qui effleure mal son sujet, déclenche ses intentions bien trop rapidement sans immiscer une once de doute ou d’ambiguïté (notamment dans le regard du personnage de Kate Winslet), fait qu’il est difficile d’y voir quelque chose d’émotionnelle, de viscéralement émouvant dans cette relation naissante entre une femme brisée par la vie et un homme, pas un mauvais bougre, qui voit en elle une opportunité pour regouter aux joies de l’amour. Reitman porte un regard terre à terre et peu enclin à l'intime. Ca s’emboite comme papa dans maman. L’affaire est faite.

Mais cet amour, cette vision du couple parait bien matérielle, routinière, trop casanière dans son avancée : il a des grosses mains et des muscles saillants, elle a de belles hanches. Homme fort, femme fragile. Jason Reitman loupe le coche dans la construction d’un récit qui manque de passion et de part d’ombre. Les fantômes de Clint Eastwood (Sur la route de Madison, Un monde parfait) est bien lourd à porter pour les frêles épaules du réalisateur américain. Prenant Un monde parfait comme exemple flagrant de la différence de traitement avec ce Last Days of Summer. Eastwood parlait de cette deuxième chance sans arrondir les angles en ne cachant pas cette violence humaine véritable. Reitman quand à lui, parait plus restreint dans sa vision des choses, bienpensant dans son jugement, s’évertuant à obliger le spectateur à rentrer en empathie avec ses personnages, les montrer sous un bon jour, enjoliver le contexte (flash-back navrant), ne se questionne pas sur l’ambivalence des sentiments, comme pour nous montrer qu’ils ont droit de gouter au bonheur, ils sont des gens biens malgré les apparences. Ce à quoi, Last Days of Summer se voit alors plonger dans une mélasse d’intentions moralisatrices qui estompent le peu de beauté du film.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 20 Oct 2014, 13:46

Bah, ce n'est pas un regard moralisateur à la fin. M'enfin, je ne l'ai pas ressenti comme ça. Mais plutôt que jusqu'au bout, les apparences sont contre eux (ce qui est l'un des points qui se démarquent des films de Clint, dans la façon dont ça se déroule et ça se dénoue dans la relation entre les personnages). Pas de bol quoi : la fatalité, etc. (mais sans tomber dans le fatalisme).

Edit : malgré tout, malgré nos désaccords, je trouve ton texte très intéressant ^^.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Lun 20 Oct 2014, 13:55

J'aurai adoré y avoir du fatalisme mais j'y ai vu une bonne conscience pas enrichissante, Reitman parait géné par son sujet, par exemple:
Le flashback qui nous montre le meurtre: tout est fait pour qu'on soit en empathie avec lui, pour le déculpabiliser, que ce n'est pas de sa faute, c'est involontaire. Et puis selon Reitman, hein, c'était une grosse connasse infidèle, pas bien grave. Comme si Reitman voulait justifier la réhabilition du personnage.

dunandan a écrit:Edit : malgré tout, malgré nos désaccords, je trouve ton texte très intéressant ^^.


Merci. :wink:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 20 Oct 2014, 14:03

Ouais j'avoue que t'as raison sur ce point. Mais bon, comme tu le dis : n'est pas Clint qui veut, dont je trouve bien sûr les films supérieurs. Malgré tout, on a envie d'aimer ces personnages qui n'ont pas eu de bol, non :mrgreen: ?

Oui, ça fait du bien de voir des critiques "négatives" bien argumentées, et qui ne descendent pas un film "gratuitement" :wink: (bien que ça peut être drôle parfois ^^).
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