A bout portant Don Siegel - 1964
Découverte
La vision de ce film fut une nouvelle expérience pour moi puisqu'il a été très rare jusqu'à présent dans ma vie de mater un vieux film américain qui ne soit pas un western. Le progrès technologique aura au moins eu le mérite de faciliter cela.
Étiqueté comme un film noir et réputé comme assez poussé dans le genre (d'abord prévu pour la TV, le film fut jugé trop violent pour le petit écran et sorti finalement en salles), The Killers m'a surpris. N'étant pas spécialiste, je ne peux pas juger de sa réputation, toutefois je fus étonné du degré de violence lors de la séquence d'introduction située dans l'institution pour aveugles. Je n'imaginais pas qu'en 1964, aux US, on pouvait oser montrer cela. Comme quoi les clichés ont la vie dure. Malheureusement cette belle surprise ne restera qu'une promesse, le film devenant plus relativement convenu par la suite.
L'histoire est somme toute classique, ce qui n'est pas le cas de sa narration enchâssée, que j'imagine novatrice pour l'époque. C'est un atout indéniable du film même si parfois cela alourdi le rythme et fait perdre un peu d'intérêt.
Personnellement les deux véritables réserves que j'émets humblement sont John Cassavetes, trop souvent dans le sur-jeu et peu charismatique, campant le personnage principal pour lequel je n'ai développé aucune empathie, ce qui limite le niveau d'intérêt général. L'autre déception est de ne pas voir plus souvent de scènes avec le perso joué par Lee Marvin, un tueur à gages futé qui s'interroge sur la fin de sa vie (rappelant l'une des thématiques majeures du western). Ce perso pète la classe et va droit au but. Le réalisateur le magnifie encore plus lors de la très belle scène finale, enfin !! La production a également fait attention à ne pas faire de l'ombre à ce vrai bad guy, en castant Reagan (l'ex-président US) comme bad guy principal, ce qui est assez risible tellement il est en mousse. Angie Dickinson en femme fatale, ne l'est certainement pas suffisamment, et surjoue également un peu, mais sa beauté et son charme fonctionnent à plein pour outrepasser ces petites lacunes.
Côté mise en scène, c'est du solide, avec parfois des cadres qui sortent du lot et qui accrochent de suite la rétine de par leur caractère stylisé. On passera avec indulgence sur quelques effets datés, lors des séquences de course automobile, conséquence d'une production initialement destinée pour la télévision. En revanche, les faux décors naturels assez visible apportent une touche de charme vintage au film.
Au final, tout cela n'apporte certainement pas de contribution suffisamment "noir", il n'y a pas d'atmosphère oppressante ni de tension véritable tout au long du film, mais qu'importe, comme je l'ai dit, je ne suis pas spécialiste du genre, et donc cela ne m'a pas gêné. J'en doute toutefois pour un habitué du genre.
7/10
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.