Fight Club, de David Fincher (1999) L'histoire : La première règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club. La deuxième règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club...Je pourrais proposer une analyse de
Fight Club, mais j'aurais l'impression de paraphraser mon mémoire de DEA (qui portait sur les quatre premiers romans de Chuck Palahniuk, à la structure semblable :
Fight Club donc, mais aussi
Survivant,
Monstres invisibles et
Choke). Il me semble toutefois plus intéressant (du moins pour moi) de revenir sur mon rapport avec cette œuvre... Le 11 novembre 1999 (oui, je me souviens de la date), j'ai pris la claque
artistique de ma vie. Une fois le film terminé, impossible de lever mon cul du siège, j'avais l'impression d'avoir été mis K.O. Parce que le film que je venais de découvrir, j'avais le sentiment qu'il n'avait été réalisé
que pour moi.
Fight Club est le film emblématique de ma post-adolescence, vu environ trente-cinq fois entre 1999 et 2006 (année où j'ai commencé à travailler à temps plein). Un film
fin de siècle, en phase totale avec son époque, et générationnel, qu'il est de bon goût de dénigrer aujourd'hui, en pointant du doigt sa critique de la société de consommation (alors que le cœur du film reste, à mon sens, l'histoire d'un passage à l'âge adulte) et parce qu'on assume difficilement le fait d'être un peu (beaucoup ?) devenu comme le personnage principal (un consommateur, anesthésié par son travail).
Fight Club, c'est aussi une tuerie technique, assez clipesque, avec une B.O. de fou furieux (pourquoi les Dust Brothers n'ont-ils jamais récidivé ? ) et des acteurs à leur sommet (Brad Pitt dans un rôle iconique, Edward Norton avant ses mauvais choix, Helena Bonham Carter avant Burton). Difficile de comprendre comment un tel projet, à ce niveau de production, a pu voir le jour au sein d'un grand studio américain. Imaginez une sortie deux ans plus tard : un film à 60 patates avec des terroristes qui font exploser des immeubles ? Impensable. Mais
Fight Club parle moins de rébellion que d'angoisse existentielle dans une société où l'homme oublie qui il est à force de s'entendre dire qui il doit être. Et surtout,
Fight Club parle d'amour comme une putain de bouée de sauvetage (la dernière scène en fait le film le plus optimiste de son auteur). Et
Fight Club est drôle putain, avec des dialogues qui claquent. Même si je lui préfère aujourd'hui son cousin
The Social Network (les deux films sont proches), cette révision que j'ai quelque peu redoutée m'a finalement collé un sourire aux lèvres dès le générique du début (qui déchire lui aussi). Un putain de chef-d'œuvre, un film unique, comme un cadeau. Un uppercut cinématographique, tout simplement.
Note : 10/10