---------------------------------------------------------------------------------
Les Gardiens de la galaxieGuardians of the Galaxy
James Gunn — 2014 — 7.5/10
---------------------------------------------------------------------------------
Un blockbuster fun et généreux.
Une bonne partie de la réussite du film tient dans ses personnages. Une bande de marginaux qui n'ont a priori rien pour s'entendre mais qui au fil des épreuves vont apprendre à coexister et collaborer pour finir par s'apprécier et former une famille. Une gageure puisque sur ces cinq personnages, deux d'entre eux sont réalisés en images de synthèse. Le premier, un raton-laveur mutant issu d'expériences génétiques. Le second, un arbre vivant qui répète les trois mêmes mots encore et encore avec juste quelques infimes variations dans leur intonation. Le choix des acteurs s'est révélé fort judicieux: Chris Pratt, qui s'est sculpté un corps d'athlète pour l'occasion, restitue bien le caractère moitié fripouille moitié leader héroïque de son personnage; Zoe Saldana, qui est en train de devenir Mme Science-fiction après ses prestations dans Avatar et Star Trek, campe une femme forte et dangereuse; Bradley Cooper apporte beaucoup d'humour et rend son Rocket extrêmement attachant.
Lee Pace incarne un méchant impressionnant, à la fois par son look et par la manière dont il est filmé comme un être quasi-invulnérable. C'est sans doute un des meilleurs méchants que nous ait proposé la Marvel, très loin du fadasse Loki d'Avengers. Ça fait plaisir de retrouver Michael Rooker, un des habitués de la troupe de James Gunn, dans un rôle avant tout comique. Mais l'élimination d'un groupe d'ennemis suite à son crash sur Nova Prime lui donne un aspect bien badass. La menace qui planait sur la tête du héros devient beaucoup plus tangible à ce moment-là, puisqu’on comprend quel adversaire redoutable il peut être. Dommage, en revanche, d'avoir réduit John C. Reilly à de la quasi-figuration.
Ces personnages s'inscrivent dans un scénario très bien construit. Certes, il n'innove en rien sur les schémas classiques du film d'aventures/science-fiction, mais les indices disséminés tout au long du film s'avèrent payants à la fin. On peut citer comme exemples la révélation de l'origine du pseudonyme de Star Lord ou le paquet que la mère offre au jeune garçon (lorsqu'il l'ouvre à la fin, on comprend immédiatement son importance pour le héros). Le scénario réserve des passages comiques et dramatiques qui font mouche. Le sacrifice de Chris Pratt pour sauver Saldana ou le regard de Rocket vers Groot au moment du crash en font quelque chose de plus qu'une simple succession de scènes d'action sans âme.
L'évolution des personnages et de leurs interactions est amenée de manière crédible. Chaque étape amène à la suivante de manière logique, l'intrigue étant bien structurée, avec un ensemble d'éléments qui viennent s'accumuler (la vengeance Dak contre le méchant par exemple) pour former un tout à la fois dense et cohérent.
Le scénario fait un bon usage de la construction en trois actes. Les enjeux sont bien restitués, avec une menace qui n'a rien d'abstraite. Les actions du méchant et les conséquences de l'utilisation de l'artefact sur Nova Prime sont présentées de telle manière que le suspense fonctionne bien lors du final.
Niveau réalisation, les scènes de baston sont bien gérées. Par contre, les scènes dans les vaisseaux spatiaux, que ce soit la bataille finale ou la poursuite dans la planète minière, sont parfois bordéliques. On a toujours plus ou moins l'impression d'assister au même final dans les Marvel (voire dans tous les blockbusters actuels). Celui-ci rappelle furieusement celui de Captain America 2, avec l'assaut sur la base ennemie constitué de multiples actions parallèles.
Esthétiquement, les effets spéciaux (personnages, vaisseaux, planètes) et le production design sont de qualité. Certains décors sont un peu trop chargés à mon goût (Knowwhere par exemple) mais la planète du début ou Nova Prime sont de véritables réussites graphiques.
James Gunn fait une bonne utilisation de tubes musicaux des années 70 et 80. Voir des vaisseaux spatiaux se déplacer sur du Bowie ou du Jackson 5 a quelque chose d'extrêmement grisant.
C'est agréable d'avoir une production Marvel qui peut se regarder de manière indépendante. Bien sûr, il y a des références à Thanos, aux pierres d'infinité, mais le tout reste compréhensible si l’on n’a pas vu les autres films de la firme. On n'a pas non plus l'impression d'assister à une bande-annonce géante pour leurs prochains métrages.
La fin fait du teasing pour un probable deuxième épisode et donne envie de découvrir la suite des aventures de cette petite troupe. Quand Chris Pratt prononce "a little bit of both", c'est difficile de réprimer un sourire tant l'adhésion envers ces personnages est forte.
Quant au caméo de la séquence post-générique, si le design du personnage laisse à désirer, son apparition inattendue est assez marrante.
Après une année 2013 décevante, Les Gardiens de la Galaxie confirme, après Captain America 2, que 2014 est un excellent crû Marvel.