---------------------------------------------------------------------------------
John Dies at the EndDon Coscarelli — 2012 — 7/10
---------------------------------------------------------------------------------
Les suites de plus en plus paresseuses de Phantasm laissaient penser que Don Coscarelli était sérieusement en panne d'inspiration. Bubba Ho Tep en 2002 et John Dies at the End aujourd'hui, sans oublier un épisode des Masters of Horror de bonne facture, sont venus prouver le contraire.
John Dies at the End est un film imparfait mais emballant à de nombreux égards. Il constitue une séduisante proposition de cinéma fantastique, loin du formatage dont souffrent quantité de films de genre. C'est d'ailleurs regrettable qu'il n'ait pas trouvé le chemin des salles obscures en France. C'est un film fou, à la narration sinueuse, qui va suivre les pensées erratiques de son héros et dont l'intrigue mélange drogue qui confère des capacités télékinésiques (appelée sauce soja!), invasion extraterrestre et voyage dans le temps. Il développe un univers qui se situe quelque part entre Le Festin nu et Buffy contre les vampires. Le film démarre sur une intrigue, embraye sur une autre avant de se terminer sur une troisième. Sans oublier le récit-fil rouge du narrateur qui raconte ses expériences à un journaliste. On est donc loin du simplisme dans lequel se complaisent bien des films d'horreur pour ados décérébrés.
Le film baigne dans une ambiance décalée, à l'humour omniprésent. Il présente de belles trouvailles scénaristiques, comme la manière dont la vie du héros va être sauvée par une espèce de transfert mental, et d'autres complètement folles: un protagoniste meurt puis revient à la vie de manière totalement inexpliquée, un hot dog sert de moyen de communication, un méchant se compose uniquement de pièces de charcuterie, un gourou new age mène la lutte contre les aliens, un médium rasta se fait appeler Bob Marley, le héros se fait attaquer par une moustache...et le tout se termine par une rencontre avec une entité monstrueuse à la Lovecraft et une civilisation qui a élevé les mutations génétiques au rang d’art.
Cela n'empêche pas le film de posséder de pures séquences de genre traitées le plus sérieusement possible, notamment l'extermination d'un extra-terrestre à l'essence. Le côté teenage movie s’avère fort agréable et le cocktail lycée/chasseurs de monstres n'est pas sans faire penser aux aventures de la tueuse de Sunnydale. On pourra néanmoins regretter que le réalisateur n'ait pas eu les moyens de ses ambitions, les limites de son budget se ressentant clairement vers la fin du métrage. Dommage également que l'intrigue principale soit finalement la moins intéressante parmi les trois amorcées. L'une d'elles concernait quand même une possible fin du monde! L'interprétation des acteurs principaux est très second degré mais sans tomber dans la caricature. L'humour des situations ne se fait jamais au détriment des personnages.
Au final, malgré ses défauts, l'ensemble s'avère suffisamment généreux, fou et bien rythmé pour remporter l'adhésion.